Dénommé « Transaqua », le projet de soutirage des eaux du Bassin du fleuve Congo en vue de « sauver » le lac Tchad, a fait l’objet d’une grande réunion, du 4 au 5 avril 2014 dans les villes de Bologne et Rimini, en Italie, des bailleurs de fonds. 




Ceux-ci se sont mis d’accord sur la mobilisation des capitaux, sur une période de cinq ans (2013-2017) destinés à financer la phase d’exécution des travaux, dont le chronogramme reste suspendu à la réponse de la RDC. Interrogé à ce sujet au niveau de l’Assemblée nationale, à travers une question orale débattue le 16 avril 2014, le ministre de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme, a soutenu que le gouvernement congolais n’avait pas été invité à cette rencontre. A l’en croire, le dossier ne pourrait être discuté que si les initiateurs du projet « Transaqua » saisissaient officiellement la partie congolaise.

Le dossier est-il pour autant clos ? Il convient de répondre par la négative. Car, du côté des pays riverains du Lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad) et même de celui de certains Etats désertiques ou semi-désertiques (Mauritanie, Libye, Soudan, Algérie), on manifeste beaucoup d’intérêt pour le sauvetage de cette réserve d’eau. Au stade où se trouve le projet « Transaqua », ses sociétaires et bailleurs semblent avoir atteint le point de non retour. L’option de captage des eaux du fleuve Congo pour alimenter le lac Tchad, semble avoir déjà été levée, sans l’avis de la propriétaire, la République Démocratique du Congo. Il est question de construire un gigantesque canal devant relier la rivière Ubangui, un de ses affluents, au fleuve Chari.

A considérer la détermination des Etats riverains du lac Tchad et de leurs bailleurs, il n’est pas exclu qu’une guerre, ayant pour unique enjeu l’eau douce, soit déclenchée contre Kinshasa. Ainsi, pendant que les députés congolais dorment, croyant avoir calmé la tempête après l’audition du ministre de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme, la guerre de l’eau couve. Ainsi, les minerais de la Province Orientale et du Kivu ne seraient plus les seuls facteurs d’instabilité et d’insécurité pour le peuple congolais. Il faut désormais compter « l’or bleu » – comme on se plait à appeler dans les cercles des initiés – comme un « casus belli » entre la RDC et les peuples d’Afrique qui pensent devoir leur survie à la renaissance du lac Tchad.



Ne pas prétexter l’ignorance

C’est ici et maintenant que les députés nationaux devraient rester en état d’alerte permanent, pour faire face au rouleau compresseur des Etats riverains du lac Tchad et les financiers du projet « Transqua ». Le débat sur cette affaire mérite d’être relancé, en vue de permettre à la République de ne pas hypothéquer l’avenir du fleuve Congo au profit du lac Tchad et de défendre fermement et valablement ses intérêts. Cette vigilance permanente s’impose d’autant que des compatriotes chargés de la défense des intérêts de la patrie ont déjà commis certaines maladresses dans la gestion de ce dossier. En effet, pendant que le ministre de l’Environnement affirme que le gouvernement n’est pas associé à ce qui se mijote autour des eaux du Bassin du fleuve Congo, la RDC se trouve paradoxalement signataire de l’acte fondateur de la Conférence Internationale du Bassin du fleuve Congo-Oubangui-Sangha (CICOS), une structure ayant son siège à Kinshasa et qui est en partenariat avec le projet « Transaqua ». Par ailleurs, notre pays participe, depuis 2005, en qualité d’observateur, à la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), laquelle mène un lobbying fort en faveur de la jonction entre l’Oubangui et le fleuve Chari, en vue d’approvisionner le lac Tchad en eau. Kinshasa s’est presque auto-fragilisé en adhérant à des organisations dont l’objectif est de dépouiller le fleuve Congo d’une bonne quantité de ses eaux.

On rappelle aussi qu’en 1987, feu le Maréchal Mobutu avait implicitement donné son feu vert au projet « Transaqua ». Par ailleurs, une idée fortement répandue autour des années 2000, au terme d’un forum organisé aux Usa, voulait faire passer les eaux douces du Bassin du fleuve Congo pour un « bien universel » et par conséquent exclues de toute transaction commerciale. Selon cette logique, les Congolais devaient laisser aux peuples qui en manquent la jouissance gratuite de leurs eaux douces. A la limite, la RDC pouvait bénéficier des compensations en termes d’infrastructures sociales à caractère humanitaire (écoles, hôpitaux, routes de desserte agricole, bornes fontaines).

Et pourtant en juin 1992, lors de la conférence de Rio (Brésil) sur l’environnement ou « Sommet de la Terre », les participants avaient reconnu la souveraineté des Etats sur leurs ressources naturelles, dont les eaux douces, qu’ils étaient appelés à gérer de manière responsable.



Le barrage d’Inga en danger



Hormis ses méfaits sur l’environnement, l’agriculture, la pêche et l’élevage, le projet « Aqua », s’il était agréé par la RDC ou matérialisé de force par ses initiateurs, mettrait terriblement en danger le barrage d’Inga. A en croire des spécialistes, le Bassin du fleuve Congo enregistrerait, chaque année, des pertes sèches de l’ordre de 100 milliards de m3, soit un débit de 3.200 m3 par seconde. Au regard des étiages drastiques qui se signalent ces dernières années sur le site d’Inga, perturbant terriblement la desserte en énergie électrique en saison sèche, sur une période d’environ 4 mois (mai-septembre). Au lieu d’étiage, on risque de parler, à l’avenir de panne sèche en eau à Inga. Dans ce cas, la RDC pourrait mettre une croix sur Inga I, Inga II, Inga III et Grand Inga. Le rêve de desservir l’ensemble du Congo et plusieurs pays africains en électricité, s’envolerait sans appel et, avec lui, des milliards de dollars potentiels pour le peuple congolais. Les Congolais ne devraient pas oublier qu’ils ont le devoir de protéger le Bassin du fleuve Congo et la forêt équatoriale contre les avancées du désert du Sahara, déjà présent au Soudan dans sa partie Nord. Bref, la patrie devrait se préparer à la guerre de l’eau, aux plans politique, diplomatique, monétaire et militaire.

Kimp

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