« Avec ce que je vois tous les jours, je crois que ce serait inhumain de dire "bon, j'arrête" ». Depuis 1999 et la création d’un hôpital à Panzi en République Démocratique du Congo (Sud-Kivu), le docteur Denis Mukwege soigne les femmes et les enfants victimes de viols dans son pays.
Dans un ouvrage sobrement intitulé « Panzi », à paraitre le 12 juin prochain aux éditions du Moment, ce gynécologue et le docteur Guy-Bernard Cadière, racontent leur quotidien. Ce lundi 9 juin, Denis Mukwege s’est confié sur la situation des femmes en RDC au micro d’Europe 1.
« Quand je vois le viol d'un bébé de 18 mois, je me dis que même les animaux ne font pas ça. Il y a quelque chose qui dépasse l'entendement », déplore d’abord le gynécologue congolais. « J'ai aujourd'hui l'impression que le viol fait beaucoup plus de dégâts que les armes conventionnelles », ajoute-t-il.
« Le viol devient alors une sorte de drogue »
« Lorsque la famille est détruite à la suite d'un viol collectif, pour reconstruire cette famille, ça prend énormément de temps avec des résultats aléatoires », explique ensuite le docteur Mukwege, récompensé par le prix de l'ONU pour les droits humains. Celui qui exerce son métier depuis plus de trente ans a également expliqué que « des groupes armés créent des espaces pour eux et ne rendent de compte à personne ».
Et de préciser que ces groupes font appel à des enfants « à qui ils donnent des kalachnikovs et leur disent de devenir des hommes. Le viol devient alors une sorte de drogue pour eux ». Très à l’écoute et admiratif des femmes qu’il soigne, le gynécologue a enfin salué « le courage et la force » des victimes « qui ont une capacité à reprendre la vie, qu’[il a] parfois du mal à [s]’expliquer ».
Kinshasa, 9/06/2014 (elle.fr / MCN, via mediacongo.net)
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