Les jours passent et se ressemblent, à force de chasser le naturel et de rassurer que le sphinx de Limete se porte bien, les rumeurs les plus folles ne cessent de revenir au galop pour contredire les déclarations officielles du directoire de l’UDPS.


Tshisekedi se porte bien, la question de sa succession n’est pas à l’ordre du jour

Tel est le mot d’ordre imposé par le pré-carré du lider maximo pour rassurer ses partisans et l’opinion qui attendent toujours l’avènement de l’impérium promis par celui qui a lancé un wanted de lui ramener Joseph Kabila vivant et ligoté. C’est ce que son nouveau directeur de cabinet, Abbé Théodore Tshilumba, dont le public vient de découvrir sa nouvelle fonction après le limogeage par la voie de la presse d’Albert Moleka, a affirmé le lundi 17 juin au cours d’un entretien avec la Radio Okapi de la MONUSCO. De son côté, le secrétaire général du même parti, Bruno Mavungu, a repris le même refrain et confirmé que « L’UDPS se porte très bien et son président va aussi bien »., en précisant que « le président se trouve chez lui [à Limete]».

S’agissant de la succession à la tête de son parti en cas d’empêchement avéré, Bruno Mavungu a indiqué qu’il n’y a pas vacance à la présidence de son parti et « qu’on ne prépare pas la succession aujourd’hui, parce que ce n’est pas un point à l’ordre du jour… Etienne Tshisekedi est bel et bien là. Il est le président de l’UDPS ». Il précise en même temps que les statuts de son parti ne sont pas muets à ce sujet. « Nous savons qu’il peut arriver que quelqu’un soit indisponible. Le statut prévoit que le président de la convention démocratique, le président de la commission permanente de la commission électorale et le secrétaire général dirigent de la manière collégiale la transition jusqu’aux élections ». Une manière tout de même peu convaincante pour calmer les troupes. De retour à Bruxelles, Félix Tshisekedi a renchéri dans le même sens au cours d’un point presse tenu le 14 juillet en martelant qu’ »Étienne Tshisekedi reste notre meilleur atout pour reconquérir le pouvoir«

Cependant, à observer les remue-ménages et l’agitation qui caractérisent l’entourage d’ Etienne Tshisekedi, plusieurs indices concordants semblent amener DESC à penser que la guerre à la succession de « Ya Tshitsi » est bel est bien ouverte. DESC encourage qu’un débat en ce sens soit lancé par les instances du parti, n’en déplaise aux tenants de la philosophie bantoue pour qui la question de la succession relève du tabou.
Félix Tshisekedi déjà en ordre de bataille ?

La ressemblance entre Félix (à gauche) et son père à droite (en 1990) est frappante.

Le retour précipité à Kinshasa le 8 avril 2014 du secrétaire national de l’UDPS chargé des relations extérieures et résidant en Belgique à Kinshasa, annulant subitement certains rendez-vous pris à Bruxelles, en est un indice. Un retour dont certaines sources introduites au QG des « Combattants » de l’UDPS ont expliqué être motivé par la détérioration de l’état de santé d’Etienne Tshisekedi. Afin de faire d’une pierre deux coups, Félix a profité de cette occasion pour se lancer, aux côtés de Bruno Mavungu, dans les actions de la redynamisation du parti, après avoir mis en place un cabinet devant appuyer son ambition et ses actions politiques. Et l’homme a été sur tous les fronts politico-médiatiques qui exigeaient la présence de l’UDPS dans la capitale, à Kinshasa, lors des meetings populaires ou des rencontres politiques nationales ou diplomatiques. Une mise en bain initiatique à ses futures fonctions ? Il faut cependant regretter le fait que celui qui a été un des députés le mieux élus de la RDC, malgré la forfaiture électorale décriée par tous, n’a pas jusque là trouvé opportun d’aller rencontrer son électorat, qui l’a fait « ‘wonorable’ mulopwe-député » à Mbuji Maji pour lui expliquer les raisons de son boycott du parlement, malgré le fatwa du papa.

Bien que possédant plusieurs atouts sociopolitiques et psychologiques pour prétendre valablement à la succession de son père (Lire notre analyse les 14 personnalités congolaises à tenir à l’œil en 2014 : http://desc-wondo.org/dossier-special-les-personnalites-congolaises-a-te...), ses détracteurs trouvent en lui des défauts qui feront qu’il ne serait pas le successeur idéal du papa, malgré que « Mama Marthe » veille au grain, telle une poule auprès de ses poussins – quoi de plus normal et humain ! – pour propulser son fils chéri au sommet du parti, pourquoi pas de l’Etat.

L’une des critiques les plus virulentes à l’encontre de Félix est que l’UDPS ne peut pas combattre un pouvoir dynastique des Kabila pour en imposer un autre des Tshisekedi. Ce serait détruire tout son idéal politique de basé sur l’instauration d’un Etat de droit fondé sur les valeurs de compétence et non filiales. On reproche également à Félix son côté oisif et le fait que contrairement à son père, il a quelque peu négligé sa formation universitaire. Ce qui ne donnerait pas l’image d’un président voulu au Congo, après l’épisode de Kasa-Vubu, Mobutu et des Kabila, tous non universitaires, disent-ils. D’autres cadres de l’UDPS, non moins influents, pensent que Félix a toutes ses chances : « C’est un garçon qui a fait ses preuves dans le parti. Il en a gravi les échelons les uns après les autres, Nul ne peut l’empêcher d’avoir des ambitions parce qu’il s’appelle Tshisekedi. » temporise le bâtonnier Jean-Joseph Mukendi.
Valentin Mubake, le faucon et gardien de la doctrine: tshisekedisme radjical

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idèle parmi les fidèles, Mubake, originaire du Sud-Kivu, occupe la fonction de conseiller politique d’Etienne Tshisekedi. Il se considère comme le digne successeur de l’idéologie politique radicale du ‘lider maximo‘, à l’instar de Ratzinger Benoît XVI vis-à-vis de Jean-Paul II. Cependant, depuis la guerre intestine qui a miné l’UDPS en 2010, Mubake entré en disgrâce depuis un temps, reste cependant actif et discret autour du président. Ce faucon du parti, dur parmi les durs, aurait influencé Tshisekedi à ne pas s’aligner dans la course présidentielle de 2006. Apprécié par la vieille garde en voie d’extinction au sein de l’UDPS, l’homme ne représente pas vraiment ce qu’il prétend être en termes de mobilisation au sein de l’UDPS. La preuve est qu’en 2011, il a été battu, à la régulière, et à plate couture, aux législatives dans une province où les jeunes électeurs ont connu plus la guerre que la lutte politique de Tshisekedi. Il aurait subi un vote sanction pour s’être permis d’aller y affronter et insulter Vital Kamerhe, selon les dires des analystes locaux. Les partisans de l’UDPS allèguent de leur côté que : « Valentin Mubake a été victime du phénomène du chaos électoral de 2011 et de la non crédibilité de ces élections. Par ailleurs, il n’a jamais effectivement fait campagne, ayant été réquisitionné par Etienne Tshisekedi pour l’accompagner dans tout son périple pro-électoral, tant au Congo qu’à l’extérieur du pays. »

DESC donne peu de chance à Mubake de réaliser un rêve qu’il chérirait dans son for intérieur. Ce serait d’ailleurs une erreur politique stratégique de laisser ce parti être conduit par un ressortissant de l’Est alors que sa base électorale se compte majoritairement au centre et à l’ouest. A la question de la succession à la tête du parti, Mubake s’est limité à déclarer prudemment que « tout se fera conformément aux statuts du parti« .
Albert Moleka, hors jeu mais disponible pour son président et le parti

Albert Moleka

article_photo_hollandeCe technocrate doué d’une intelligence vive, posé et travailleur, fils d’un baron du Mobutisme, Albert Moleka évolue dans l’UDPS, à contre courant de sa famille, par conviction et par grande admiration de la lutte politique menée par Etienne Tshisekedi pour l’instauration de la démocratie et d’un véritable Etat de droit en RDC. Celui qui a impressionné les interlocuteurs étrangers et diplomates occidentaux dans les conciliabules post-électorales de novembre 2011 pour amener ‘Ya Tshitshi’ à ne pas envoyer ses troupes envahir la capitale semble entré en disgrâce du « président », du moins de son entourage depuis sa visite au département d’Etat américain à Washington. On lui reproche d’avoir critiqué son chef et milité en solo pour lui succéder à la tête de l’UDPS. Un coup d’épée dans le dos qui lui a valu son limogeage appris par la voix de la presse. Depuis, même s’il déclare demeurer membre actif du parti, loyal envers son président et attaché aux idéaux que ce dernier défend. Ce qu’a confirmé Félix à Bruxelles, l’homme est devenu persona non grata à la résidence du « président » à Limete.

Son nom a été également cité, par certains tabloïds kinois, comme candidat ministre du gouvernement de la cohésion, qui n’arrivera certainement jamais. S’il présente des atouts indéniables, DESC estime que le costume du président d’un parti qui a commencé son combat contre Mobutu, ressortissant de l’Equateur, risque d’être trop grand pour lui et le disqualifie d’oofice. En outre, Albert Moleka a plus l’étoffe d’un technocrate que celui d’un tribun politicien devant recourir à la démagogie et au populisme. Il est comme Matata, Minaku ou Kengo, des technocrates intellos impopulaires. En outre, sociopolitiquement et stratégiquement, ce serait un mauvais casting car l ‘UDPS a une très large base ethno régionale qui ne se reconnaitrait pas en Moleka.
Dr. Willy Vangu, puissant et discret argentier et homme des lobbies de l’UDPS

Vangu willyOriginaire du Bas-Congo, une province hostile à Kabila, Willy Mboyo-Di-Tamba Vangu (MD, MMed, MSc, PhD) est une sommité en Nuclear Medicine and Molecular Imaging. Il est professeur de médecine nucléaire à la fameuse University of the Witwatersrand, Johannesburg, South Africa. L’université, surnommée « Wits » (prononcé vits), est la plus importante et prestigieuse université d’Afrique du Sud. Willy Vangu est compté parmi les deux plus grands spécialistes de la radioactivité moléculaire de l’Afrique australe.

Officiellement, il dirige la fédération de l’UDPS en Afrique australe mais en réalité c’est le véritable homme de l’ombre d’Etienne Tshisekedi. Il dispose d’un carnet d’adresses impressionnant, notamment dans le milieu des affaires sud-africain. C’est en actionnant ses contacts que la campagne électorale de Tshisekedi a connu un dénouement financier et logistique heureux, notamment en mettant à disposition de son président un avion. Fin lobbyiste et homme de confiance ainsi que des missions secrètes et délicates de Tshisekedi, c’est Willy Vangu qui a permis également à Tshisekedi de s’offrir son dernier voyage hors du Congo, à Pretoria où il a été invité à un colloque stratégique portant sur le « rôle des armées africaines à l’ère de la démocratie » en février 2013.

Willy Vangu est le filsdu feu major Vangu, pilote militaire de l’ANC (Armée nationale congolaise) devenue par la suite FAZ (Forces armées zaïroises) sous Mobutu qui fit partie de la première promotion des pilotes militaires formés en Belgique. De cette promotion, on peut citer : Lothain Kikunda, devenu plus tard le tout-puissant chef d’état-major de la Force aérienne zaïroise (FAZA), Alphonse Kinsama, Louis Baruti, Bakatamba, Lengha Lengha, devenu plus tard général au sein des FAZ, Nzinga, Mbaki, Eugène Yoka, Victor Momami, Michel Kamapny, Ils ont débuté leur formation à Ndolo en 1962 et l’ont poursuivie à l’académie de l’air belge à Gossoncourt. Le commandant (pilote) Vangu est tombé au front pour défendre la patrie dans un crash d’avion durant la 2 ème guerre du Shaba (Katanga). Certains témoignages considèrent qu’il s’agissait d’un acte de sabotage et attribueraient sa mort à Mobutu et à ses généraux de l’époque.

Willy Vangu entretient de bonnes relations aussi bien avec Valentin Mubake que Rémy Massamba, deux figures de proue de l’UDPS qui pourraient peser de leur poids pour l’imposer à la tête du parti. Massamba fait partie des députés exclus du parti pour avoir siégé au parlement. Pour succéder effectivement à Tshisekedi, il doit se faire davantage connaitre auprès de la base partisane et des combattants debout de l’UDPS sur le terrain et leur expliquer pourquoi il présente un profil idéal au poste du président national de ce parti.
Last but not least, Prof. Claude Kiringa, responsable de l’UDPS au Canada

claude-kiringaAssociate Professor / Professeur Agrégé à la Faculty of Engineering of the University of Ottawa au Canada, Claude Kiringa Iluju est un fin stratège discret et une matière grise de l’UDPS. Il est très écouté et apprécié par Tshisekedi. Congolais de la diaspora, il a été élu député de l’UDPS de la circonscription de Kutu dans la Province du Bandundu en 2011. Par loyauté au mot d’ordre de son président, l’homme a refusé de siéger au sein d’un parlement issu des élections ayant imposé « un régime d’imposture qui gouverne le pays contre la volonté de la majorité de la population. », clamait-il. Depuis, Claude Kiringa a repris le chemin du Canada pour se consacrer à son activité académique. Très respecté par sa fédération et du fait d’avoir été brillamment confronté à la réalité de terrain où il été élu haut la main, le professeur Kiringa pourrait bien jouer un rôle de premier plan dans l’UDPS d’après Tshisekedi s’il parvient à rallier à sa cause les intellectuels et les opposants à la politique de la succession filiale qui se profilerait au sein de l’UDPS, ou à constituer un ticket avec Willy Vangu, Mubake, Moleka ou encore Samy Badibanga pour élargir et imposer leur influence au sein du parti.
Samy Badibanga, le real politicien de l’UDPS

Samy-BadibangaSamy Badibanga Ntita est député national, président du groupe parlementaire UDPS au sein de l4assemblée nationale. Opportuniste de la dernière heure, Badibanga est l’un des députés les mieux élus de la capitale. Réaliste, l’homme a préféré violer la fatwa du chef car convaincu que la politique de la chaise vide ne paie pas. Chassé de la résidence de Tshisekedi en 2012, Samy n’en démord pas. Il continue pourtant à entretenir discrètement des liens étroits avec son président national. Celui qui a François Soudan de Jeune Afrique dans sa poche, qui a ouvert les écrans de France 24 à Ya Tshitshi et qui a permis à ce dernier d’effectuer un périple diplomatique préélectoral offensif dans l’Union Européenne, acquise à l’époque à Joseph Kabila, brisant en même temps l’isolement diplomatique de son chef, grâce à son réseau de contacts, reste indispensable dans le cadre d’une stratégie globale d’accession au pouvoir de l’UDPS. Son action diplomatique en février 2014 à Bruxelles, où il a donné une conférence le jeudi 20 février au parlement européen, lui a permis de mener un plaidoyer de diplomatie parlementaire éclatant en faveur de son parti, malgré que certains cadres du parti le considèrent comme exclu et le jugent complaisant au régime de Kabila du fait de son côté modéré.

Pour DESC, son appartenance à l’ethnie Luba et son manque effectif de base populaire, car ayant plutôt bénéficié de la notoriété du parti que de son aura personnel, le met dans une position de ballotage défavorable face à Félix. Cela fait de lui plus un outsider qu’un véritable prétendant à la présidence du parti. Il peut cependant être un dénominateur commun entre les différents prétendants précités. Son ouverture à toutes les tendances du parti, fait de lui un allié stratégique incontournable vu le poids de son carnet d’adresses international dans un pays où la communauté internationale a toujours fabriqué des roitelets.

Pour conclure, DESC pense qu’afin d’éviter de voir l’UDPS être rangé dans les vestiges politiques de la RDC, à l’instar du MLC de Lumumba, ABAKO de Kasa-Vubu, du MPR de Mobutu ou de l’UFERI de Jean Nguz, éclipsés du paysage politique congolais au lendemain de la disparition de leurs chefs respectifs, les instances supérieures de l’UDPS et les prétendants à la succession du lider maximo doivent initier des concertations et un dialogue en vue préparer sereinement et objectivement l’après Tshitshi, qui non seulement est inéluctable mais approche à grands pas. Ils doivent tirer des leçons de la crise qui a déchiré ce parti dans un passé récent lorsque leur président national était malade durant une longue période. Une crise de leadership qui a amené le chef, après sa convalescence, à déclarer que « L’UDPS est en morceaux ». (visionnez cette vidéo à partir de 1 minute 10 : http://www.youtube.com/watch?v=z-563M59CiM) C’est ce qui risque d’arriver certainement à ce parti, qui incarne encore l’espoir du changement, si rien n’est fait dans l’unité pour privilégier l’intérêt général du parti, voire national du Congo.

Il est temps pour les cadres de ce parti et l’entourage familial de Tshisekedi de mettre de côté leurs égos et leurs ambitions personnelles pour réfléchir à froid et sans passion sur le profil idéal de la personne qui sera appelée à assumer le lourd héritage politique du père du processus démocratique de la RDC. La tâche ne sera sans doute pas facile.

Mais cet oiseau rare une fois choisi, devra travailler main dans la main avec tous les cadres du parti, sans exclusion, en commençant par réconcilier ce parti avec lui même. Tant les querelles intestines dans ce parti lui ont été contreproductives et causé beaucoup d’amertume auprès de ceux qui ont été contraints à débarquer du bateau. Il devra ensuite s’atteler à moderniser et actualiser le management interne et la communication du parti pour amorcer l’ouverture de ce parti, qui n’est pas le seul à détenir le monopole de la lutte en faveur de la démocratie et de l’Etat de droit en RDC. Enfin, il doit travailler pour redorer l’image du parti (jugée extrémiste et allergique à la culture démocratique du dialogue et de la tolérance) à l’extérieur du pays. Tels sont les premiers défis et épreuves démocratiques auxquels sera confronté le successeur d’Etienne Tshisekedi à la tête du seul parti de la RDC à être véritablement implanté politiquement dans tout Congo. C’est à ce seul et unique condition que l’on peut limiter les dégâts (inévitables) de la disparition effective du lider maximo de la scène politique congolaise.

Ainsi, DESC se met à la disposition des instances supérieures de l’UDPS pour offrir son expertise externe et neutre ainsi que sa facilitation afin de permettre au parti d’envisager une bonne amorce de l’après Etienne Tshisekedi.

Par Jean-Jacques Wondo

(Desc-Wondo 23/06/14)
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