Au-delà des embrassades de façade, la guerre des tranchées fait rage à travers toutes les familles politiques tant de l’opposition que du pouvoir en place. Des dossiers sont examinés à la loupe, des réunions se tiennent sans désemparer et des rencontres s’organisent dans des lieux secrets, c’est-à-dire l’endroit habituel qui varie selon les couleurs ou les circonstances entre ceux qui le jour font semblant de s’entre déchirer pour besoin de la consommation extérieure. 

Toutes ces manœuvres se poursuivent nuit et jour pour parer au plus pressé et réagir à temps et comme il faut au cas où surviendrait un événement inattendu. Selon l’adage qui dit que la politique a horreur du vide et de la surprise.

Tous les camps politiques peaufinent leurs stratégies les yeux rivés sur la CENI, les bailleurs des fonds, les puissances occidentales, asiatiques et les Etats de la Sous-Région des Grands Lacs. On assiste à un ballet diplomatique discret soit par le biais des émissaires officiels, soit par le truchement des hommes d’affaires ayant pignon sur rue.

Trois hypothèses en vue

Tout ce remue-ménage s’effectue en tenant compte de trois hypothèses. La première concerne l’éventualité d’une prolongation du mandat de l’actuel chef de l’Etat à l’issue de ce dialogue inclusif que tout le monde attend de pied ferme. Essentiellement pour la mise en place d’un gouvernement de large union nationale en exécution de l’une des principales résolutions pertinentes des concertations nationales. Dans la ville haute, les débats tournent autour de la remise en cause de l’architecture de l’actuelle Commission Electorale Nationale Indépendante et de la loi électorale pour ne plus revivre les tripatouillages de novembre 2011. En clair et en français facile, de nombreux acteurs politiques, toutes tendances confondues et particulièrement ceux se proclamant de l’opposition ne jurent que par ce fameux gouvernement de large union nationale qui leur donnerait l’occasion tant rêvée de préparer les élections au même pied que leurs compatriotes aujourd’hui aux affaires. Cet argumentaire doit avoir plu aux tenants du pouvoir actuel qui ne rêvent que de voir leur mandat se prolonger de deux à trois ans encore.

Il y a ensuite ce programme de lancement du recensement général qui ne peut se réaliser que dans un délai de trois à quatre ans. Les principaux responsables de cet organe ont déjà été nommés et il ne reste que la mise en place de différentes structures ainsi que la nomination de leurs animateurs au niveau de chaque circonscription administrative.

Il n’est pas exclu que l’on revive des alliances contre nature, car l’histoire politique de ce pays, pourtant béni des dieux, regorge des cas de ce genre et la physionomie du Congo n’en a pas souffert aux dires d’un observateur attitré de la scène sociopolitique. Le réalisme politique ne veut surtout pas se départir de l’un des principes chers au penseur Nicolas Machiavelli : ôtes-toi de là pour que je m’y mette.

L’hypothèse d’une révision constitutionnelle dans ses articles dits intangibles n’est pas à écarter, malgré le soulèvement populaire survenu au Burkina Faso et qui a vu l’un des puissants chefs d’Etat prendre le chemin de l’exil alors qu’il jurait sur les tombes de ses ancêtres que l’Afrique a besoin d’hommes forts. Les débatteurs dans la ville haute examinent à la loupe cette éventualité et peaufinent des voies de sortie. Il en est de même pour l’éventualité du respect du délai constitutionnel. Ces trois hypothèses sont minutieusement analysées dans les salons politiques, toutes tendances confondues, pour ne pas être pris au dépourvu, au rythme de la realpolitik car la fin justifie les moyens mis en jeu.

L’histoire politique de ce pays renseigne l’existence de nombreux rounds des négociations pour assouvir les ambitions de la classe politique. De la table Ronde Politique de Bruxelles jusqu’à Sun City, le commun des mortels a vécu des alliances contre nature pour le contrôle du pouvoir politique à Kinshasa et dans les différentes provinces du pays. Au prix d’un fleuve de sang des innocents car les enjeux sont énormes et intéressent autant les puissances occidentales, asiatiques que les Etats voisins du fait que l’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo, comme le disait il y a plus de soixante le penseur négro-africain Franz Fanon. Une vérité implacable : c’est que le chef en Afrique ne désigne pas son dauphin au risque de le sacrifier avant terme.




F.M.
Kinshasa, 28/11/2014 (Le Phare)









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