Seule l’histoire dira si l’instruction - car c’en est une - donnée aux populations africaines de s’inspirer de l’exemple burkinabé pour en finir avec leurs "Blaise Compaoré" figurait dans le texte originel de son discours ou s’il s’agit d’une improvisation dans l’envolée oratoire observée lors de la cérémonie d’ouverture du XVème Sommet de l’Oif à Dakar le samedi 29 novembre 2014. 

Car, après le sommet de Kinshasa où il s’est montré insolent à l’égard du chef d’Etat hôte, le président français a crevé cette fois-ci les limites de la bienséance en mettant à mal Macky Sall, d’autant plus qu’il a atteint dans leur dignité les invités de son homologue sénégalais.
Ce n’est pas l’Oif qui invite les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres. C’est le Chef de l’Etat hôte. En plus, la "préférence" portée à Michaël Jean au poste de Secrétaire général de l’institution francophone, au grand dam des Africains, est de nature à refroidir les relations Afrique-France. Le XVI° sommet prévu à Madagascar pourrait même en faire les frais. On ne voit pas des têtes couronnées africaines y participer si François Hollande s’y présentait. A moins de recourir encore à la sagesse d’Abdou Diouf...
Avec 13 % dans le sondage - baisse de popularité jamais enregistrée dans l’histoire de la Vème République pour un chef d’Etat français - F. Hollande peut se réjouir d’avoir accru son audience auprès de certaines forces politiques et sociales d’Afrique, en même temps qu’il dresse contre lui d’autres forces politiques et sociales, mécontentes de sa façon d’aborder les questions sensibles du continent noir.
On le savait cassant (même pour ses proches du Parti socialiste), mais sa "sortie" de Dakar s’est révélée une bavure. Une grosse bavure. Simplement parce que la tradition veut qu’à l’occasion d’un sommet comme celui-là, il soit prévu deux rencontres. La publique pour arrondir les angles, la privée, pour les aiguiser.
Or, à Dakar hier, comme à Kinshasa avant-hier, François Hollande s’est présenté en "préfet de discipline". Résultat : plusieurs chefs d’Etat - même parmi ceux qui lui sont proches - ont quitté le Sénégal précipitamment. Bon nombre n’ont pris part ni à la désignation du nouveau Secrétaire général de l’Oif, ni à la cérémonie de clôture du sommet.
Même s’il ne l’a pas manifesté ouvertement, Macky Sall n’a certainement pas apprécié cette prestation. Tournant quasiment en dérision Blaise Compaoré, François Hollande a sûrement choqué son homologue sénégalais, tout comme Alassane Ouattara qui sera parmi les premiers à repartir à Abidjan. " Les Africains n’ont pas de leçons à recevoir", a-t-il déclaré.
Autre fait significatif : Macky Sall a dû se déplacer seul avec François Hollande au cimetière des tirailleurs sénégalais massacrés à Dakar en 1944 alors que, de retour de France après la 2ème Guerre mondiale, ces soldats réclamaient leurs droits. Au nombre de ces tirailleurs, relèvent les historiens, des Africains originaires de plusieurs pays subsahariens.
Autre fait tout aussi significatif : la réaction d’Alpha Condé, président guinéen pourtant proche de Hollande. Dans une interview à Rfi lundi 1er décembre 2014, il n’a voulu commenté ni le cas Blaise Compaoré, ni la révision constitutionnelle, ni la position de Denis Sassou Nguesso après l’élimination du candidat Henri Lopez. Même Alain Juppé, interviewé le mardi 2 décembre, a déploré la "formulation" utilisée.

ET SI KINSHASA, BRAZZA, LUANDA, KIGALI, KAMPALA BRULAIENT INSTANTANEMENT ?
Quelle mouche a alors piqué le chef de l’Etat français pour en arriver à pareil gâchis ? Serait-ce le retour sur la scène politique d’un certain Nicolas Sarkozy, porté la veille du sommet de Dakar à la présidence de l’Ump et, de ce fait, candidat potentiel à la présidentielle 2017, prêt à lui rappeler son "Moi, Président..." ?
Ce qui est au moins prévisible, c’est qu’ayant peu de chances de s’offrir un second mandat (d’ailleurs bon nombre de membres de son parti préfèrent ne pas le voir rempiler), il découvre dans l’Afrique le seul continent où il peut "investir" pour sa survie politique.
Il entend se créer, lui aussi, son "réseau" avec personnalités politiques dont il sera le parrain. Et réputée terre de tous les opportunismes (donc de tous les opportunistes), la RDC s’y prête. On le voit avec les "félicitations" envoyées à Hollande-Le-Téméraire. On espère, à Kinshasa, que si jamais ça barde, l’Elysée fera exactement ce qu’il fait au Mali et en RCA.
Seulement voilà : on ne voit raisonnablement pas comment l’Elysée s’en sortirait en cas d’un mouvement spontané brûlant à la fois Kinshasa, Brazzaville, Luanda, Kigali et Kampala, sous l’effet du fameux "printemps africain" parti d’Ouagadougou.
Il faut plutôt admettre qu’au final, c’est la carte de la région inflammable des Grands-Lacs qui serait redessinée, avec comme première victime la RDC, pays sur lequel continue de peser (lisez exercer) le fameux droit de préemption, reconnu en France à Berlin en 1885.

CE N’EST PAS UNE "PROPHETIE", MAIS...
Croisons alors les doigts pour (nous) éviter ce sort. Car le sort qui guette l’Oif est, désormais, celui d’un désamour qui ne pourrait que plaire aux Américains (ils en rêvent depuis l’aube des indépendances africaines) et les Chinois (qui accroissent des conquêtes).
En clair, sous François Hollande, la France - qui perd déjà de gros investissements en terre africaine - risque d’en perdre davantage d’autant plus qu’ils ne se laisseront pas marcher sur les pieds, les chefs d’Etat et de gouvernement dont les populations sont visées directement ou indirectement par ASD (Appel à Soulèvement de Dakar).
Ce n’est pas une "prophétie", mais on assistera de moins en moins, d’ici à 2017, à des visites de chefs d’Etat africains à Paris. L’un des signaux forts, on le vivra à l’occasion du sommet sur le Climat prévu en 2015 dans la capitale française.
François Hollande risque de compter sur les doigts de la main des collègues africains qui feront ce déplacement. A moins d’avoir la sagesse de réactiver, sur ces entrefaites, les bons offices d’un certain Abdou Diouf, pas du tout content non plus d’avoir vu sa fête de retraite gâchée par un ex-collègue, entré dans l’Histoire comme ordonnateur des soulèvements populaires.
La bavure de Dakar - il faut bien l’admettre - est celle de trop ! OMER NSONGO DIE LEMA





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