
*Plus de trois ans après les élections du 28 novembre 2011, plus d’un an après les concertations nationales mais surtout, à moins de deux ans de délais impératifs de la tenue des scrutins législatifs et présidentiel, Kabila n’a pas droit à l’erreur. Sauf changement de dernière minute, dans un discours comme celui attendu pour ce lundi 8 décembre 2014, il doit tout faire, pour convaincre. De son bilan à mi-parcours, il tirera certainement des postures devant lui permettre de se projeter dans le futur, en traçant des perspectives adaptées à la situation et à la dimension du pays au cœur de l’Afrique. Mieux que quiconque, Kabila toujours et encore lui détient la clé de voûte, pour décrisper la situation politique rd. congolaise, dissiper les malentendus et déblayer le terrain pour une issue pacifique en termes d’organisation des élections apaisées à l’horizon 2016. L’avenir du pays en dépend étroitement.
C’est aussi lui, le Chef de l’Etat qui devrait se servir de ses multiples casquettes, pour tenir un discours qui rassure et rassemble les congolais autour d’un grand idéal. Allusion faite, bien entendu, à l’idée de couper la poire en deux, voire en trois. Entre la Majorité, l’Opposition et la Société Civile, il y a lieu qu’il se mette, lui, au-dessus de la mêlée. Même si l’on sait, par ailleurs, que non seulement il exerce une influence décisive sur la Majorité mais, il en trace des lignes boulevardières qui ont démontré, jusqu’ici, leurs preuves face à l’adversité. Mais, de toute évidence, Kabila, s’il veut, il peut bien remettre les clepsydres à l’heure sur toutes les questions politiques devenues, curieusement, comme des nœuds gordiens dans la marche transcendantale de la nation vers la maîtrise de son destin.
Pas de sujets tabous
Normalement, des sujets tels que le long procès d’intention sur la révision de la constitution, la trame cachée, semble-t-il, derrière le recensement avec la création de l’ONIP, les assurances sur la tenue des élections libres, transparentes et démocratiques, l’affaire d’une éventuelle candidature non déclarée à sa propre succession, la réaffirmation du principe sacro-saint de l’alternance démocratique aux affaires, le respect de la Constitution, y compris les articles dits verrouillés, la consécration des libertés fondamentales ne devraient plus soulever de vagues, si depuis plusieurs mois, il s’y était prononcé. Qu’à cela ne tienne, il n’est jamais trop tard, pour mieux faire, dit-on. Le temps qui a coulé sous le pont aura peut-être servi à faire avancer la roue de l’histoire autrement. Sans doute que le recul pris hier, serait déterminant aujourd’hui, pour la suite des événements. L’important, c’est la fin. Et non, le début. C’est d’ailleurs pourquoi, il a été si souvent dit que c’est la fin qui justifie les moyens et non l’inverse. Ici, Kabila est devant l’obligation morale d’apprécier, lui-même, ses performances, avant de rechercher des voies susceptibles de l’aider à faire face aux défis. Sûrement, l’exercice n’est pas aisé. Ni l’idée de gérer ses propres ambitions aussi. Ce qui compte, après tout, c’est le sort de son pays, la RD. Congo désormais debout, comme il l’avait dit et répété, du haut de la tribune des Nations Unies, à New York.
Vers le dialogue constructif
Pour franchir le moindre pas sur le chemin de la réconciliation nationale, de l’alliage des forces politiques et sociales dans un projet commun de développement et, même, la mobilisation tous azimuts des populations congolaises dans la lutte contre les agressions à répétition ainsi que les violences aussi bien sexuelles que physiques auxquelles elles sont, malheureusement, exposées, le pari à gagner est tout dans un dialogue constructif. Il lui serait indiqué de lancer un appel en ce sens. Et, pourquoi pas, d’inviter la classe politique à une table de négociations. Certes, les concertations ont eu lieu. La ribambelle de résolutions reste d’actualité. Mais, dans cette nouvelle démarche, le but visé serait d’arrondir les angles, en impliquant les autres. C’est-à-dire, tous ceux qui n’y avaient pas pris part.
Volte-face de Kamerhe ?
Il n’est pas exclu que les uns et les autres fassent volte-face, si le dialogue leur était proposé. C’est légitime. Mais, l’idée, elle-même, vaut toute une puissance qui libère. Puisqu’elle s’inscrirait dans l’optique des avis partagés par la majorité silencieuse des congolais. Qui ne redoute pas de rebonds de violences en marge de prochaines élections ? Qui ne craint pas pour sa propre sécurité ? Qui est celui qui peut lever son petit doigt, pour dire qu’il a besoin de l’apocalypse, s’il faut qu’il accède au pouvoir ? Ils ne sont pas nombreux, en tout cas. D’aucuns considèrent le ‘’non au dialogue’’ de Kamerhe comme une stratégie personnelle pour se ‘’vitaliser’’. En l’absence de Bemba, détenu à Scheveningen, à la Haye, aux Pays, mais aussi, en celle de Tshisekedi Etienne, le Sphinx de Limete et leader de l’Udps, en convalescence à Bruxelles, l’Opposition politique semble être à la recherche d’un homme de grande trempe, de grand gabarit, de grande étoffe. Kamerhe croit l’heure venue, pour se mesurer à l’épreuve. D’où, des élans maintes fois pris sur ses colistiers, lorsqu’il s’agit d’afficher les positions de l’Opposition. Depuis le cas Ewanga, il y a d’ailleurs pris du poids. Doit-on penser que ceci pourrait constituer son fonds de commerce, au cas où le pouvoir tendait la main à l’Opposition ? Tout est possible.
Opposition hétéroclite
Faut-il ainsi dire que toute l’Opposition radicale, républicaine ou modérée serait à sa traîne ? Pas si sûr. L’Opposition garde son caractère hétéroclite. A tout prendre, l’adhésion au schéma du dialogue est une option, à la fois, individuelle ou, à tout le moins, de chaque parti ou famille politique. Il y en a combien dans la Majorité et dans l’Opposition ? Il y a combien de partis indépendants ou du centre ? Les a-t-on consultés sur cette question de dialogue ? Rien, rien … et, alors, rien. Si lundi prochain, Kabila lance l’appel au dialogue, il aura, néanmoins, accompli sa part. Et, pour le reste, la balle sera dans le camp des acteurs politiques.
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