Victimes de plusieurs atrocités de la part des différents groupes armés qui insécurisent l’Est de la RDC, précisément au Nord-Kivu, les fils et filles de Beni s’organisent pour mettre un terme aux tueries massives en série. Pour ce faire, ils se sont retrouvés durant 4 jours dans un dialogue social autour du thème : « Le leadership cohésif en ville et territoire de Beni ». Après d’intenses travaux, ils ont fait des recommandations auprès du Gouvernement congolais, parmi lesquelles, le renforcement  des systèmes de surveillance au sein des FARDC en vue de démasquer les infiltrés et les traitres qui menacent  l’ordre public en ville et à  l’arrière pays. Ci-dessous, la déclaration finale.

Déclaration finale du dialogue social de Beni-Décembre 2014

Au terme de quatre jours de dialogue social sur le « leadership cohésif en ville et en territoire de Beni », organisé par la Société civile du Nord-Kivu et facilité par l’Initiative pour Leadership Cohésif, nous, fils et filles de la province, grands notables de Beni-Lubero, leaders d’opinions et/ou représentants d’institutions de l’Etat, mus par l’ambition commune de contribuer à la cessation immédiate des séries de massacres qui endeuillent et prennent en étau la population civile de cette contrée, rendons publique la présente déclaration finale :

De façon unanime, constatons les points suivants :
L’ennemi a manifestement un caractère hybride : il s’agit sans conteste des résidus d’ADF-NALU présents dans la province depuis plus de deux décennies, mais également, des enfants égarés des communautés locales, qu’ils ont réussi à rassembler autour d’eux. Les relations que cet ennemi a su tisser localement sont à la fois d’ordre milicien et socio-économique, à travers un réseau de renseignements et de transactions transfrontalières mafieuses ;
L’ennemi a souvent réussi à gagner à sa cause criminelle-incluant des pratiques jihadistes  certains acteurs politiques, opérateurs économiques mafieux et autorités coutumières, en vue d’asseoir son emprise sur les lieux, les esprits et les activités socio-économiques de la région, tout cela avec une certaine complicité des pays voisins ;
La succession et la juxtaposition d’antagonismes régionaux et de multiples rébellions armées (ou d’occupations d’armées étrangères) au cours des deux dernières décennies (PLC, APR, UPDF, AFDL, RCD-G, RCD-N, RCD-K-ML, RCD-P, MLC, FLC, CNDP, M23, et diverses factions Mai- Mai) ont quant à elles favorisé l’émergence et la consolidation de certains groupes armées étrangers dont l’ADF-NALU et de leurs alliés circonstanciels au fil des perceptions d’intérêts communs ;
Les fréquents conflits d’intérêts surgis entre membres du leadership local, nourris et entretenus par l’absence de cadres de dialogue perçus comme impartiaux et crédibles par toutes les parties, ont favorisé les accusations et suspicions mutuelles entre leaders, au grand bonheur de l’ennemi ;
Fragilisé par l’armée régulière à la suite des opérations Sukola I, l’ennemi a opté par un passage d’une stratégie d’offensive classique à la guérilla puis au terrorisme, afin de semer plus de confusion et de tirer parti de la grande dispersion des populations rurales pour frapper à loisir les villageois sans défense. Du côté de l’armée nationale et de la MONUSCO, l’adaptation à ce nouveau mode opératoire s’est avérée malaisée, ce qui a été mis à profit par l’ennemi pour imprimer la terreur et la division au sein d’une population dont la communion d’efforts avec les FARDC avait fortement affaibli l’un des groupes armés les résilients de la planète. Ce contexte a, en outre, altéré la confiance entre population, FARDC et MONUSCO. Là encore, c’est l’ennemi qui a en tiré les bénéfices.
Dans ce contexte, et au vu des éléments susmentionnés, nous nous engageons à :
Etre vigilant face à la menace commune, en vue de démasquer les stratagèmes de l’ennemi ;
Eviter d’être nous-mêmes source de conflits, et se désolidariser formellement de toute forme d’appui tacite ou actif au jeu de l’ennemi-tant dans ses prolongements miliciens que socio-économiques,
Impliquer les grands notables ( acteurs politiques, Chefs coutumiers, société civile, leaders religieux, de la jeunesse et des femmes) présents à ces assises ainsi que ceux qui adhèrent à l’esprit de cette déclaration finale à s’investir personnellement et collectivement dans une dynamique cohésive en faveur d’une sortie de l’étau de terreur, de méfiance et de confusion extrêmes dans laquelle la contrée est plongée depuis au moins vingt ans.
Encourager les faiseurs d’opinion et grands notables à une communication responsable pour éviter l’intoxication, la désinformation et la propagation des rumeurs. Dans le même sens, redynamiser et dépolitiser le pouvoir coutumier,
Mettre sur pied un Comité de suivi des engagements, recommandations et résolutions prises à ces assises, et vulgariser le produit de ce dialogue social auprès de la population, des organes délibérants, des exécutifs provinciaux et nationaux, ainsi qu’auprès de la Communauté internationale, des élus et des instances représentatives, et plus largement, de l’ensemble de la population (Composition : 4 membres de la société civile, 2 Députés, 1 Sénateur, 2  membres de l’Exécutif, 2 Chefs coutumiers, 3 représentants des confessions religieuses, 2 experts du Starec, 1 représentant de l’ICCN),
 Mettre à contribution ce cadre en le chargeant  d’organiser une rencontre entre les leaders de partis politiques de Beni-Lubero.
III. Nous recommandons

Au Gouvernement congolais de :
Renforcer  les systèmes de surveillance au sein des FARDC en vue de démasquer les infiltrés et les traitres menaçant l’ordre public en ville et en territoire de Beni.
Suspendre formellement et momentanément pendant les opérations, les migrations massives vers les zones opérationnelles et renforcer les contrôles aux frontières ;
Réévaluer le processus DDR et dégager les lacunes et conséquences catastrophiques qui en ont résulté ;
Mettre en place un programme d’encadrement de la jeunesse pour l’épargner de toute éventuelle sollicitation et/ ou manipulation par les forces négatives ;
Apporter une assistance rapide aux déplacés et sinistrés des divers massacres commis dans la ville et dans le territoire de Beni ;
Mettre en place un système d’alerte rapide adapté au mode opérationnel de l’ennemi ;
Respecter la procédure pénale en matière d’arrestation de personnes suspectées de collaboration avec l’ennemi ;
Accélérer l’instruction des dossiers des personnes suspectées de collaboration avec l’ennemi et déjà arrêtées en les déférant devant leurs juges naturels ;
Réexaminer la mesure de fermeture des radios locales à Beni et le cas échéant, la lever ;
Poursuivre de manière permanente le travail d’identification de l’ennemi en associant la notabilité et la population locale ;
A la Communauté internationale :
De mener une enquête internationale sur les  massacres commis récemment dans la ville et dans le Territoire de Beni ;

 A tous les partenaires  du cadre de dialogue social (Gouvernement central et Provincial, communauté internationale) :
D’accompagner le Comité de Suivi mis en place au terme de ces assises dans la mise en œuvre des engagements et recommandations pris.

Ainsi fait à Beni, le 20 décembre 2014

Les participants au Dialogue Social (liste en annexe)



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