La Majorité tient à faire passer la réforme des lois électorales pendant la Session extraparlementaire qui commence cette semaine des fêtes. L’Opposition, dans la voie du boycott, promet de recourir à la rue,  le moment opportun. Jusqu’où les acteurs politiques sont-ils prêts à amener le pays ? La menace de recourir  à la rue fait, pourtant,  rire du côté de la Majorité. Alors que l’on  redoute, en même temps,  des éventuels écueils sur le chemin de la paix, si jamais  l’Opposition, voulant se défendre à sa manière jusqu’au bout, réussissait  à  jeter des millions de gens dans la rue.

Le 27 décembre prochain, les Députés et Sénateurs sont convoqués en session extraordinaire dont les grandes orientations des points à inscrire à l’ordre du jour ont, d’une certaine manière, été annoncées par le Président de la République,  lors de son discours annuel sur l’état de la Nation. Joseph Kabila  demandait, le 15 décembre dernier,  aux parlementaires de doter la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) de  lois électorales essentielles en d’accélérer avec  la programmation du processus électoral. Dans l’entre-temps, les opposants ont prévenu qu’ils boycotteraient toutes les plénières de l’organe délibératif relatives à l’examen des lois électorales. Voici qui promet de l’électricité en l’air. Pour qui suit régulièrement les travaux de l’Assemblée nationale ou du Sénat, ce n’est qu’un secret de polichinelle. Les projets de lois seront examinés et adoptés dans le sens voulu par la Majorité. Très dernièrement, en effet,  la loi sur la reddition des comptes 2012 est passée en l’absence de l’Opposition parlementaire. Certains analystes tablent sur un énième revers de l’Opposition. C’est prévisible. La majorité s’étant renforcée numériquement avec la venue des cadres du Mouvement de Libération du Congo (MLC) au Gouvernement dit de cohésion nationale, de l’Opposition Républicaine etc.

Mais, d’autres observateurs voient, cependant,  venir une crise institutionnelle. Une crise, dit-on, qui s’installerait,  si les deux Chambres du Parlement, vidées des opposants, imposaient au pays le seul point de vue de la Majorité. Il se posera  encore une fois de plus, la question de la légitimité. Le Sénat, par exemple, évolue sans mandat  depuis plusieurs années, souligne un analyste politique.  Acculée, l’Opposition n’aura d’autre issue que de recourir à la rue. Les Forces politiques et Sociales ont publié  une déclaration pleine de mises en garde. Le jeudi 18 décembre, l’UNC de Vital Kamerhe et le RCD/KML accusaient le Président Kabila de vouloir glisser le calendrier électoral en conditionnant l’organisation de toutes les élections par de nouvelles lois électorales. Ces opposants rejetaient, par la même occasion, le recensement administratif de la population comme préalable aux élections de 2016. En temps opportun, promettaient-ils, le peuple qui, jusqu’ici, regarde  patiemment,  prendra ses responsabilités. Kamerhe et les siens envisagent   sérieusement de mobiliser la population  dans la perspective  de  la résistance, évoquant ainsi  les dispositions de l’article 64 de la Constitution.  Au passage, l’Opposition parlementaire renouvelle son exigence sur  la publication,  par la CENI,  d’un calendrier électoral global. La menace de recourir  à la rue fait, pourtant,  rire du côté de la Majorité. Mais, dans l’entre-temps, l’on redoute toute éventuelle surprise, si jamais   l’Opposition réussissait à  jeter des millions de gens dans la rue. En réponse, l’Opposition dénonce l’absence totale d’un cadre démocratique. Comme pour l’attester, les opposants, dans leur déclaration, rappellent que le débat démocratique ne peut s’exercer dans un pays où les marches pacifiques, les sit-in sont aspergés des bombes lacrymogènes ; les médias privés sont fermés et les opérateurs politiques jetés en prison.

Rapport des forces

La confrontation annoncée entre la Majorité et l’Opposition, en marge de la session extraordinaire du 27 décembre, risque de faire  des victimes. L’une des Institutions qui pourrait en payer le prix serait, dans une certaine mesure, la CENI. Tout est fonction du rapport des forces. Les opposants espèrent qu’en restant en dehors de l’hémicycle, avec le soutien de la population dans la rue, ils pourraient au minimum obtenir la convocation d’un dialogue. Alors sera posé le problème de la reconfiguration de la CENI. D’ailleurs, c’est l’une des recommandations des Concertations nationales.  Les opposants misent également sur un appui de la communauté internationale. C’est comme si l’appel  à la maturité lancé par  Joseph Kabila  aux  acteurs politiques congolais était encore loin d’être entendu. Décidément, l’histoire d’un dialogue des sourds est et reste d’actualité.
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