Matthieu Ngudjolo, ancien chef du Front des Nationalistes et Intégrationnistes ou FNI ayant opéré entre 2002 et 2003 en Ituri, a été enfin acquitté définitivement en appel par la Cour Pénale Internationale. C’est ce qui ressort de la décision prise à l’issue de l’audience intervenue le vendredi 27 février 2015 à la Haye. A la sortie de la salle d’audiences, le Congolais a été immédiatement appréhendé par des éléments de la Police sur ordre du gouvernement hollandais pour être expulsé le soir vers Kinshasa.

Cependant et contre toute attente, ses avocats se sont battus jusqu’à obtenir d’un juge local la suspension de cette expulsion en attendant un autre procès. Ces avocats, dont particulièrement Me Flip Schuller, ont fait comprendre aux autorités hollandaises que leur client courrait des risques certains quant à sa sécurité dans son pays d’origine, du fait que lors de son long procès devant la Cour Pénale Internationale, Matthieu Ngudjolo avait porté des accusations graves à l’endroit des autorités centrales de la RDC.

En effet, tout au long de ce procès, Matthieu Ngudjolo avait tout d’abord convaincu la Cour que lors de ces massacres perpétrés contre des populations civiles dans la localité de Bogoro en Ituri, en sa qualité d’infirmier, il était en train d’aider des femmes à accoucher dans un centre médical situé très loin des lieux de ces crimes.
En outre, lui et ses avocats avaient justifié leur ligne de défense en deux points, notamment le fait que les attaques perpétrées le 24 février 2003 contre des habitants de la localité de Bogoro avaient été planifiées par les autorités du gouvernement central de la RDC, comme en témoigne une lettre datée du mois de novembre 2002 et adressée par un haut responsable des services de sécurité de l’époque au chef d’Etat-Major des FARDC pour l’instruire de renforcer les effectifs en vue d’attaquer les sites ciblés, dont entre autres la localité de Bogoro où avaient été massacrés près de 2.000 personnes, tous âges et sexes confondus.

Kinshasa responsable des massacres de Bogoro ?

A l’époque, ont indiqué le chef milicien Matthieu Ngudjolo et ses avocats, «soucieuses, certainement de garantir l’intégrité du territoire national congolais», les autorités supérieures de la RDC avaient auparavant créé une instance appelée l’Etat-Major Opérationnel Intégré ou EMOI qui réunissait les FARDC et les miliciens de l’Ituri, sous l’autorité du chef suprême des armées. De ce fait, avaient-ils soutenu, leur client ne pouvait être ni l’auteur intellectuel, ni matériel des crimes lui reprochés.
On rappelle qu’en 2012, l’ex-chef de milice FNI avait été acquitté par la Cour Pénale Internationale au bénéfice de la faiblesse des preuves telles que présentées par la partie civile et le procureur près cette cour. L’accusation avait alors interjeté appel et l’affaire avait été de nouveau instruite. Malheureusement, l’accusation n’avait pas ramené des éléments additionnels suffisants pour retourner la situation en sa faveur. Bien au contraire, l’inculpé était parvenu à fournir d’autres preuves de son innocence, en l’occurrence la lettre du haut responsable des services de sécurité adressée au chef d’Etat-Major des FARDC pour renforcer les effectifs en prévision des attaques contre certains sites ciblés dont particulièrement la localité de Bogoro.

Précédent fâcheux pour les acquittés

Pour la petite histoire, quatre autres compatriotes qui avaient été déférés à la Haye comme témoins à charge et à décharge avaient été expulsés vers la RDC alors qu’ils avaient au préalable introduit des demandes d’asile politique, avaient été appréhendés à la descente de leur avion et conduits manu militari à la prison militaire de Ndolo. On rapporte que tout au long de leur procès à la Haye, ils avaient mis en cause certaines autorités centrales du pays dans des massacres perpétrés en Ituri pendant la guerre civile opposant les Lendu et les Hema. Voilà l’autre élément que Me Flip Schuller, avocat de Matthieu Ngudjolo, doit avoir soulevé devant le juge local de la Haye, qui a fini par suspendre l’expulsion de Mathieu Ngudjolo vers Kinshasa. A ce jour, trois Congolais sont encore détenus à la prison de la Cour Pénale Internationale, notamment Jean-Pierre Bemba, Germain Katanga et Thomas Lubanga.
F.M.



Le direct


LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top