Ils en appellent à l’implication de Joseph Kabila pour obtenir la libération de ce bâtonnier, leader de la Scode
Dans un communiqué de presse rendu public mercredi 22 avril 2015 et signé par le bâtonnier Jacques Shesha, les avocats du barreau de Lubumbashi se disent extrêmement préoccupés par l’injustice qui frappe le bâtonnier Jean-Claude Muyambo, arrêté depuis presque 100 jours et jeté à la prison centrale de Makala.
Ils menacent d’aller en grève si leur collègue n’est pas libéré dans les jours qui suivent. » Sous la direction de Madame le bâtonnier et du Conseil de l’ordre, une décision décrétant la grève des avocats sur l’ensemble de la province du Katanga sera prise et observée par tous les avocats jusqu’à la libération du bâtonnier Jean Claude Muyambo Kyassa.
La justice ne peut pas mépriser les avocats de la sorte. Elle constitue une garantie pour tous dans un Etat de droit « , préviennent-ils.
Ils en appellent à l’implication de Joseph Kabila pour instruire le ministre de la Justice de donner des injonctions au procureur général de la République en vue de remettre le bâtonnier Muyambo en liberté dans l’intérêt du bon fonctionnement de la Justice.
» Je suis dépêché et mandaté par Madame le bâtonnier du barreau de Lubumbashi aux fins d’assurer au bâtonnier Muyambo la solidarité de tout le barreau de Lubumbashi dans l’épreuve qu’il traverse, et qui constitue un cas avéré d’arrestation arbitraire « , peut-on lire dans ce document qui porte la signature du bâtonnier Jacques Shesha.
Pour ce dernier, les faits reprochés au bâtonnier Muyambo relèvent de l’exercice de la profession d’avocat. Le parquet n’a observé la circulaire du PGR sur l’instruction à charge d’un avocat. Sur ce, » les avocats du barreau de Lubumbashi restent préoccupés par cette injustice qui frappe l’un de leur et exigent sa mise en liberté dans les jours qui suivent « .
Rappel des faits
Le bâtonnier JC Muyambo, président national du parti politique Scode, a quitté la Majorité présidentielle (MP) pour adhérer à l’Opposition politique en signe de protestation contre la tentative de modification de la Constitution pour donner un troisième mandat à Joseph Kabila après 2016. Il a également milité comme défenseur des droits de l’homme pendant plusieurs années au Katanga.
Après son départ de la Majorité présidentielle, il a fait l’objet de plusieurs menaces, intimidations et règlements de compte de la part de son ancienne famille politique.
L’avion qui l’amenait en 2014 à Mbuji-Mayi pour présider un meeting populaire a été empêché d’y atterrir et contraint de retourner à Lubumbashi pour des raisons qu’il ignore jusqu’à ce jour.
Au mois de janvier 2015, il a participé aux réunions, activités et manifestations publiques organisées par l’Opposition et les organisations de la société civile à Kinshasa pour empêcher le parlement d’adopter le projet de loi électorale subordonnant l’organisation des élections législatives et présidentielle de 2016 au recensement de la population.
Le 20 janvier 2015, il a été enlevé de sa résidence de Ngaliema vers 4h00′ du matin, conduit à l’Anr où il a été informé qu’il allait passer en procès en flagrance pour sa participation aux manifestations de janvier 2015. De là, il a été amené au Parquet général de la République avant d’être déféré au Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe.
Il a été auditionné brièvement sur une vieille plainte de Lubumbashi que le plaignant avait déjà retirée depuis le 25 juin 2014 par lettre dont copies réservées aux autorités gouvernementales, administratives et judiciaires. Le parquet l’a placé en détention à la prison centrale de Makala alors qu’il n’existait ni commission rogatoire venue du parquet de Lubumbashi, ni une deuxième plainte à sa charge.
Le 5 février, il a demandé une liberté, même provisoire, en offrant le versement d’une caution. Mais elle lui a été refusée sans raison valable. Le Tribunal de paix de Kinshasa/Gombe a confirmé sa détention pour 30 jours. Pourtant, il avait aussi produit la lettre de retrait de plainte du soi-disant plaignant.
Le 13 février, alors que le Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Gombe devait examiner son appel contre son refus de sa liberté provisoire, le ministre de la Justice est intervenu le matin sur les antennes de RFI en affirmant, sans réserves, que les faits lui reprochés étaient fondés, et qu’il avait empoché l’argent de son client.
Comme il fallait s’y attendre, à son tour, le tribunal a refusé de lui accorder la liberté provisoire, bien qu’il ait réuni toutes les conditions exigées par la loi.
En réalité, le bâtonnier Jean-Claude Muyambo est arrêté à cause de son opposition à la modification de la Constitution et de la loi électorale.
Par LM