*Dans une interview datée d’hier, dans la matinée, Willy Wenga, Avocat de son état, donne ses impressions par rapport aux nouvelles charges du Directeur de Cabinet, en ce temps où, aux côtés du Chef, il doit être d’une grande contribution pour le dialogue en perspective. En effet, le Président Kabila a procédé dernièrement à la nomination de nouveaux membres de son Cabinet politique. Aux yeux des analystes et observateurs, ces changements intervenus témoignent de la détermination du Chef de l’Etat à s’entourer des hommes loyaux et efficaces à l’approche des joutes électorales. D’où, le dialogue pour lequel, il a initié les consultations, au Palais de la Nation, depuis plus d’une semaine, devrait déboucher sur un consensus en vue des élections apaisées, fondées sur un calendrier électoral accepté par tous. Ce remue-ménage a vu hisser au poste de Directeur de Cabinet, Maître Néhémie Mwilanya Wilondja, ancien Conseiller au Collège Juridique du Chef de l’Etat, Professeur d’Université et Avocat de renom. Pour en savoir un peu plus sur le nouveau Directeur de Cabinet du Président de la République, La Prospérité a joint Maître Willy Wenga Ilombe, figure très connue dans la défense des droits des faibles, un des acteurs et analystes de la vie judiciaire, qui connaît, comme le fond de sa poche, Néhémie Mwilanya dont il dresse, ici, le portrait : politique, technocrate, scientifique etc. Sur la finalité du dialogue, il estime que l’essentiel, c’est la décrispation du processus électoral pour sauver la République. L’affaire d’un gouvernement de transition après le dialogue biaiserait, selon lui, les choses. Toutefois, si la mise en œuvre des résolutions du dialogue l’exigeait, le Chef de l’Etat appréciera.
La Pros. : Maître Willy Wenga pouvez-vous nous donner votre lecture du dialogue tant recherché par le Chef de l’Etat, au regard de l’intense activité politique qu’il a déployée la semaine dernière, sachant qu’il a reçu, tour à tour, les chefs des confessions religieuses, les chefs des partis et regroupements politiques, les chefs coutumiers, voire des mouvements politico-religieux ?
Me Willy Wenga : Je suis très heureux que vous ayez pensé à moi pour que j’apporte aussi ma contribution en termes de réflexion sur ce qui se passe au sommet de l’Etat.
Avant toute chose, permettez-moi de saluer, ici, la nomination du Professeur Néhémie Mwilanya Wilondja au poste de Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat. Une nomination qui n’est rien d’autre qu’une extrême marque de confiance et une récompense pour des loyaux services rendus au Collège Juridique pendant plus de dix ans.
Par cette nomination, je salue la grandeur du Chef de l’Etat qui sait apprécier en temps utile et récompenser la fidélité et la loyauté de ses collaborateurs.
La Pros. : Maître Willy Wenga, vous voulez dire par-là que la nomination de Maître Néhémie Mwilanya a été un choix judicieux, intervenu à point nommé ?
Maître Willy Wenga : Observateur averti de la vie politique et judicaire de notre pays, et partant, analyste des faits sociaux et politiques, je ne peux qu’affirmer que le choix porté par le Chef de l’Etat sur le Professeur Mwilanya est plus que judicieux en ce sens qu’il est un acteur politique, judiciaire et scientifique de haute facture qui a gravi tous les échelons essentiels de formation jusqu’à sa tâche d’aujourd’hui.
Pour rappel, je vous informe que Maître Mwilanya est un professionnel, un plaideur aguerri. Il est avocat au Barreau de la Gombe, depuis des lustres. En principe, il devrait déjà prêter serment comme Avocat près la Cour de cassation. Il est propriétaire d’un cabinet expert et prospère.
Politique et technocrate, il l’est. Car, il a œuvré plusieurs années comme Conseiller des Ministres et surtout, des Droits humains. Repéré comme un grand travailleur quoi qu’encore jeune, il a été nommé au Collège Juridique. D’abord, comme Conseiller Juridique et, puis, comme Conseiller Principal, fonction qu’il a assumée avec brio avant d’être appelé à son poste actuel. Et, à ce poste, il a fait une très bonne démonstration de la technicité juridique à travers la clarté et l’agencement juridique des diverses ordonnances du Chef de l’Etat et autres textes nécessitant la passation au peigne fin du Collège Juridique. Il est membre à part entière du PPRD et a la confiance de sa base du Kivu Holding.
Scientifique, Maître Mwilanya est Docteur en droit et à ce jour, il est également professeur à la prestigieuse Faculté de Droit de l’Université de Kinshasa. Outre sa grande thèse défendue avec très Grande Distinction, il a publié plusieurs ouvrages sur les droits de l’homme, sur la responsabilité des magistrats, cas de prise à partie. Sans compter des articles divers dans des revues scientifiques de renom.
Du point de vue éthique, je garde de lui un témoignage d’un homme réservé, discret, attentif et qui ne fait rien dans la précipitation. Un fin critique, Maître Mwilanya n’est pas influençable surtout par des égoïstes et autres amoureux des antivaleurs ou de la vie facile. Il est souvent loin de la manipulation parce qu’il reste droit dans ses jugements, objectif dans ses prises de position. Confrère Avocat, je ne me souviens pas d’avoir entendu qu’il lui a été reproché quelque chose par notre Conseil de l’Ordre qui est l’un des plus sérieux de nos Barreaux en RD. Congo. Par contre, nonobstant ses occupations politiques au Cabinet du Chef de l’Etat, il a toujours participé personnellement à toutes les activités de l’Ordre.
Organisé, il l’est parce qu’il a toujours eu du temps pour tout ce qu’il fait, d’ailleurs bien. D’où, son caractère très strict en matière de respect du temps et du rendez-vous.
La Pros. : A vous entendre présenter des éloges à Maître Néhémie Mwilanya, vous donnez l’impression de bien le connaître. Quelles sont vos impressions par rapport aux nouvelles charges de Directeur de Cabinet et surtout en ce temps où, aux côtés du Chef, il doit être d’une grande contribution pour le dialogue en vue ?
Maître Willy Wenga : Monsieur le journaliste, ne peut porter une haute personnalité comme Directeur de Cabinet de Son Excellence Monsieur le Président de la République que celui qui le connaît. Et moi, il m’est un devoir de lui rendre témoignage pour que le Congolais objectif sache qui est cet homme sur qui le Chef de l’Etat a jeté son dévolu pour coordonner son Cabinet.
En ces temps de consultations en vue d’un dialogue, c’est un moment politique d’une extrême importance au cours duquel le Directeur de Cabinet est appelé avec d’autres services spécialisés, comme l’œil et l’oreille, à jouer un rôle politique et technique important qui lui interdit toute distraction.
En principe, en cette période, le Directeur de Cabinet ne doit pas être embrouillé par des profiteurs qui tenteront de distraire son attention pour des fins privées et sans impact national. Il doit se mettre à l’abri des influences négatives qui les tireront vers le bas. Je sais que sa nomination a créé beaucoup d’espoir pour certains qui voient en cela, une occasion de trouver des solutions aux soucis sociaux légitimes. D’autres rêvent d’une opportunité devant leur servir de garantie aux attitudes et comportements maffieux. Heureusement que le connaissant, Maître Néhémie ne peut, en ces temps, avoir comme seule préoccupation que d’accompagner le Chef dans la matérialisation de sa vision sur le Congo comme pays qui a pour tradition : le dialogue.
La Pros. : Finalement, Maître Willy Wenga, quelle lecture faites-vous de la démarche du Chef de l’Etat qui emmène le pays vers le dialogue ?
Maître Willy Wenga : Ma lecture est celle de tous les Congolais au raisonnement objectif et non partisan. Car, en ma qualité d’observateur politique, je suis intéressé par plusieurs attitudes des hommes politiques congolais qui ont tendance à vouloir ou demander quelque chose et son contraire. Si vous observez très bien, le plus souvent, le Chef de l’Etat a toujours entrepris une démarche comme réponse positive aux desideratas de la classe politique, surtout celle de l’Opposition. Avec cette différence que les hommes politiques de la gauche et quelques organisations de la société civile, lorsqu’ils souhaitent quelque chose, ils ne croient pas que le Chef peut l’accepter. Et lorsqu’il accepte, ils sont surpris que leur vœu soit exaucé au moment où ils ne savent plus donner du contenu à ce qu’ils voulaient. Si j’ai bonne mémoire, on nous a bouchés les oreilles avec la demande du dialogue et du calendrier consensuel. Maintenant que le Chef consulte pour comprendre de près et par un contact direct ce que chacun entend par ce qu’ils demandaient en groupe, certains fuient. Ce n’est pas aimer sa Patrie.
Homme épris de paix, le Chef de l’Etat n’a pas besoin de se comporter en tyran et, partant, il veut avoir le point de vue de tous et répondre à son invitation. C’est, d’ailleurs, une marque de respect mutuel.
La Pros. : Qu’arrivera-t-il si le dialogue n’avait pas lieu ou échouait ?
Maître Willy Wenga : Les Congolais qui ont déjà une longue expérience en matière des pourparlers dialogueront, s’exprimeront et, ensemble, sans que rien ne leur soit imposé, seront convaincus de la nécessité de trouver des réponses appropriées pour des élections paisibles. Je ne pense pas qu’il y ait un responsable politique en RDC qui puisse prendre l’initiative de plonger le pays dans une situation de chaos, comme dans un pays voisin où les uns et les autres n’acceptent de se parler qu’après que le sang des innocents ait coulé.
La Pros. : Pensez-vous qu’un remaniement ministériel pourrait avoir lieu après le dialogue ?
Maître Willy Wenga : Si la finalité d’un dialogue dans un Etat est le remaniement, cela n’est pas nécessaire car, c’est biaiser les choses. Mais si le souci de tous est la décrispation du cycle électoral, c’est sauver la République. Toutefois, si la mise en œuvre des résolutions du dialogue l’exigeait, le Chef de l’Etat appréciera. L’essentiel, c’est de baliser la voie des élections en se regardant droit dans les yeux.
La Pros. : Et, en tant qu’ancien membre du Barreau, votre mot de la fin ?
Maître Willy Wenga : Je suis membre du Barreau. Mais, un ancien membre du Conseil de l’Ordre. Ici, je ne peux pas donner une opinion de mon Barreau parce que celle-ci doit provenir de nos organes et beaucoup plus de notre Bâtonnier et du Conseil de l’Ordre. Toutefois, je pense que mon Barreau s’est réjoui de voir que de manière successive et pour la énième fois, le Chef de l’Etat a recouru à ses membres pour l’accompagner et cela nous fait honneur. Pour le reste, mes autorités sont seules compétentes pour s’exprimer selon notre manière de procéder.
La Pros. : Merci beaucoup Maître Wenga.
Maître Willy Wenga : C’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par LPM