Célébrée le 1er août de chaque année, la fête nationale Suisse était commémorée anticipativement, le vendredi 31 août dernier à Kinshasa. En présence de plusieurs hôtes de marque conviés en sa résidence, l’Ambassadeur Jacques F. Gremaud, a fait un bref aperçu de son pays qui a plusieurs similitudes avec la RDC, par rapport à son pluralisme culturel et linguistique. Son vœu le plus ardent est de voir la nation chère à Joseph Kabila, construire une démocratie où chaque citoyen trouve sa place et peut revendiquer le respect de ses droits fondamentaux. Et ce, en commençant par le droit à la vie, l’éducation, la santé et la sécurité, pour lui-même et sa famille.
Etant un Etat démocratique avec une société ouverte sur le monde extérieur, la Suisse est un pays solidaire avec le monde, qui règle ses différends politiques, à travers un dialogue, et non par les armes. Membre d’aucune alliance, il a signalé qu’en période de décolonisation, les suisses ont eu une sympathie profonde pour la création d’Etats indépendants. Pour ce faire, tous développent une logique et une équité selon lesquelles, les africains et les asiatiques doivent jouir de la même liberté et de l’indépendance que celle de son pays. Au sujet des relations entre les deux pays, il a relevé qu’elles sont bonnes et amicales. D’ailleurs, la Suisse investit ces dernières années dans trois domaines dont la coopération au développement, l’aide humanitaire et la politique de paix et sécurité humaine. L’ambition, ici, est de contribuer à favoriser le dialogue et atténuer les disparités économiques et sociales en RDC. Ci-dessous, l’intégralité de l’allocution de l’Ambassadeur Suisse en RDC :
Mot de circonstance de l’Ambassadeur Suisse en RDC Jacques F. Gremaud à l’occasion de la célébration anticipée de la fête nationale Suisse, le 31 juillet 2015
Permettez-moi de vous souhaiter la plus chaleureuse bienvenue dans les jardins de cette ambassade à l’occasion de la célébration anticipée de la Fête Nationale Suisse.
Etant donné que vous avez eu l’occasion en ces mois de juin et juillet d’écouter de nombreux discours, vous ne m’en voudrez pas si je m’abstiens ce soir de disserter trop longuement sur les bienfaits et les méfaits de la démocratie.
Sur la prairie du Grütli, il y a 724 ans, Werner Stauffacher, Walter Fürst et Arnold Von Melchtal ont posé les fondations sur lesquelles s’est construite la Suisse moderne. Inutile de vous dire qu’avant de connaître la prospérité, la Suisse a, elle aussi, connu des époques turbulentes qui ont marqué son histoire. Ce ne sont pas 55 ans mais bien cinq siècles qui se sont même écoulés jusqu’à la création de l’Etat fédéral, en 1848, après une brève civile entre cantons catholiques et cantons protestants.
Aujourd’hui, la Suisse est un Etat démocratique avec une société ouverte sur l’extérieur, un pays solidaire avec le monde. Et si des divergences politiques nous divisent parfois, nous essayons de les surmonter sans recourir à la force des armes, comme c’est hélas encore le cas dans de trop nombreux pays. Nous pouvons légitimement être fiers de ce que la Suisse est devenue. Ce qui est remarquable, c’est le fait que nous ayons réussi, tous ensemble, à partir de nos origines paysannes et de nos divergences culturelles, à construire un Etat moderne et démocratique. Un havre de paix pour les uns, un lieu de refuge pour les autres, un abri pour celles et ceux qui, chez eux, ont été ou sont menacés.
Nonobstant, nous vivons aujourd’hui une dimension histoire qui change nos perspectives et nos identités. Le monde se globalise chaque jour davantage, tout devient plus interdépendant. Ce qui se passe dans un endroit du monde a des conséquences ailleurs. Notre monde est en plein changement. De nombreuses crises, évolutions et révolutions sont en cours. Les équilibres changent, des failles apparaissent, des territoires montent ou s’affaissent, le sol tremble ici, là des ruptures parfois violentes secouent et façonnent le paysage. La géopolitique et l’économie mondiale semblent être prises dans un mouvement tectonique accéléré qui modèle les nouveaux contours du monde, un monde différent et plus complexe encore que celui que nous avons connu jusqu’ici. L’Europe, elle-même, est frappée par l’instabilité. Même au cœur de la Suisse prospère, il y a trop de personnes qui vivent avec difficulté. Les conditions de travail deviennent de plus en plus flexibles, parfois précaires. Le fossé entre bas et hauts revenus s’élargit. Or, nous savons qu’une économie forte et durable ne peut laisser une partie de la population en marge car, ce dont nous avons besoin, c’est d’égalité des chances pour toutes et tous.
Aussi, les défis sont nombreux pour la Suisse, pays indépendant et souverain, qui n’est membre d’aucune alliance. Mais, c’est sans doute aussi cette fibre indépendantiste qui caractérise aujourd’hui encore mes compatriotes qui, probablement, fait qu’au temps de décolonisation, les Suisses ont eu une sympathie profonde pour la création d’Etats indépendants en Afrique et en Asie. Pour tout Suisse, la logique et l’équité voulaient que les africains et les asiatiques jouissent de la même liberté et de la même indépendance que celle dont mon pays jouissait depuis longtemps. Il n’est dès lors pas surprenant que la Suisse ait été parmi les premiers Etats à reconnaître le Congo indépendant en 1960. Présente à Léopoldville depuis 1928 avec un consulat, rehaussé en consulat général en 1958, la Suisse a ouvert une Ambassade à Kinshasa en 1952. Aujourd’hui, les relations entre la Suisse et la République Démocratique du Congo sont non seulement bonnes et amicales mais, la Suisse a renforcé ces dernières années ses activités dans domaines distincts, à savoir, la coopération au développement, l’aide humanitaire et la politique de Paix et Sécurité humaine, notre but étant de soutenir le pays dans ses efforts pour créer de la prospérité ainsi que du bien-être. Certes, la Suisse n’a pas la prétention de pouvoir résoudre les immenses défis auxquels est confrontée la RDC mais, nous osons croire que notre modeste contribution servira à favoriser le dialogue et à atténuer les disparités économiques et sociales dans ce magnifique pays qui reste une des terres les plus hospitalières d’Afrique et où, certainement, tous les espoirs sont permis.
Aussi, je reste convaincu que la RDC qui partage de nombreuses similitudes avec la Suisse par son pluralisme culturel et linguistique, deux caractéristiques, certes, difficiles à conjuguer, saura construire une démocratie dans laquelle chaque citoyen trouve sa place et peut revendiquer le respect de ses droits fondamentaux, à commencer par le droit à la vie, à l’éducation, à la santé et à la sécurité pour lui-même et sa famille. La RDC a suffisamment des ressources humaines et naturelles, pour bâtir un pays qui soit non seulement plus beau qu’avant, mais qui soit aussi un havre de paix pour tous les citoyens. Si vous m’accordez encore un peu de temps, je voudrais aussi profiter de ce moment pour souhaiter à mes compatriotes la bienvenue dans les jardins de cette ambassade. (…).
Votre présence en ce jour de fête nationale me démontre, chers compatriotes, votre attachement à votre pays d’origine. Je tiens à vous en remercier et vous souhaite une excellente soirée.
Je souhaiterais également remercier la Société Nestlé qui, une fois encore, nous a aidés par sa générosité à organiser cette manifestation. Mes remerciements s’adressent également au Kempinski Hôtel Fleuve Congo et, en particulier, à son Directeur Général, M. Philippe de Meyer pour son appui. Mes remerciements vont également à mes collaborateurs, à nos employés et à tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont œuvré à la préparation de cette fête.
Avant de vous inviter à partager le buffet de Kempinski Hôtel Fleuve Congo, comprenant quelques spécialités suisses, je souhaite porter un toast à la RDC et à la Suisse.
Je souhaite à toutes et à tous, une agréable soirée.
Que vive la RDC, que vive la Suisse.
Je vous en remercie.