*La CENI annonce avoir tiré les conséquences de l’adoption très tardive, par les deux Chambres du Parlement, de la loi portant répartition des sièges aux municipales et locales. Pour une loi dont la promulgation par le Président de la République était attendue au plus tard, le 20 avril 2015, le Sénat ne l’a libérée que le mardi 11 août. Le Président dispose d’un délai assez important, 15 jours, pour s’y prendre. A l’instar du Sénat qui n’a eu besoin que d’une dizaine de minutes pour voter ladite loi, Joseph Kabila pourrait la signer avant la fin du week-end. Du côté de la CENI, le Rapporteur ne fait plus mystère de la publication imminente d’un nouveau calendrier électoral. Une chose est certaine : il n’y aura pas d’élections provinciales ou locales, le 25 octobre 2015. A moins de faire un miracle, pour que la CENI fasse tout dans un laps de temps.
La question que l’on se pose dans les rédactions des tabloïds, est celle de savoir jusqu’où peut aller la CENI. Mi-avril, répondant à une question de journaliste, l’abbé-président du Bureau de la CENI, Apollinaire Malumalu, envisageait la possibilité de réaménager le calendrier électoral global dans le cas où les contraintes évoquées lors de la publication, le 12 février dernier, n’étaient pas évacuées aux dates critiques. On y est. Comment procéder ? Le calendrier électoral global a accumulé quatre mois de retard. Va-t-on les récupérer en repoussant de quatre mois les dernières élections à savoir, la présidentielle et les législatives, dont l’organisation était prévue pour la fin du mois de novembre 2016 ? Procéder ainsi suppose que l’on a déjà dépassé les délais constitutionnels. Organe technique, la CENI a-t-elle les moyens légaux de publier un calendrier électoral qui aille au-delà des délais constitutionnels ? Certainement pas. Plusieurs scenarii sont possibles. Des personnalités politiques comme Charles Mwando Nsimba, Autorité morale de l’UNADEF, ont proposé le report sine die des locales, faute de moyens financiers, dans le but d’aérer le calendrier électoral. En lieu et place, lancer l’opération d’enrôlement de nouveaux majeurs sur les listes électorales. Ainsi, on ferait de l’année 2016, une année électorale pleine. Autrement dit, le premier semestre 2016 serait consacré principalement aux élections provinciales. Dans la foulée, les nouveaux Députés provinciaux éliraient les Sénateurs et les Gouverneurs. Pendant le deuxième semestre 2016, d’après Mwando Nsimba, la CENI devrait organiser les élections législatives et présidentielle. L’idée de reporter les municipales et locales est également soutenue par le Député de la Majorité, Christophe Lutundula. Plusieurs fois, il a fait savoir que la mise en place des Entités Territoriales Décentralisées (ETD) était d’un coût prohibitif pour le pays. Les évêques membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) avaient, dernièrement, manifesté leur opposition à l’organisation des locales avant 2016. En février 2015, l’Opposition, tout en sollicitant la postposition des élections locales, déposait à la CENI une contre- proposition de calendrier électoral. Pendant ce temps, certains acteurs politiques suggèrent que les provinciales, les législatives et la présidentielle soient organisées le même jour. Mais, si le pouvoir a tenu, mordicus, à la convocation d’une deuxième session extraordinaire du Sénat, seulement pour faire voter la loi de répartition des sièges, c’est dire que les élections locales sont une priorité pour le Gouvernement. Le Président du Bureau de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, à la clôture, dimanche 2 juillet, de la session extraordinaire de juillet, a justifié le choix politique du pouvoir de commencer le processus électoral par les locales pour finir par la présidentielle. Au passage, il soulignait que toutes les élections auraient lieu et que le Président de la République sortant céderait son fauteuil à un successeur élu. Toute la nuance. Dans ce cas, si réaménagement du calendrier électoral il y avait, les élections provinciales et locales pouvaient être décalées d’un ou deux mois. Les opposants membres de la Dynamique ont produit, le mercredi 12 août 2015, une déclaration tonitruante. Ils dénoncent la tentative de passage en force et menacent de recourir à la rue, pour empêcher tout glissement de mandat. Le meeting de l’Opposition annoncé pour le 15 septembre constitue un premier test. Le 15 octobre 2015, la même Opposition a lancé un ultimatum à la CENI pour enrôler les nouveaux majeurs. Petit-à-petit, s’installe le décor d’une confrontation directe pouvoir- opposition. En même temps, s’éloigne la perspective d’un dialogue inclusif.
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