
Il y a eu, certes, du retard dans l’examen et adoption de la loi portant répartition des sièges pour les élections locales, municipales et urbaines. Quelques jours se sont égrenés, pour que cette loi soit promulguée. Il a fallu, d’ailleurs, une session extraordinaire à l’Assemblée Nationale. Alors qu’il y en a eu deux au Sénat où Kengo, se trouvant en dehors du pays pour des raisons que lui seul maîtrisait, a dû revenir à Kinshasa, pour une séance de quelques minutes. L’objectif fut, ce jour-là, d’avoir le quorum suffisant, d’après les exigences des textes de lois régissant le Parlement, pour faire passer, enfin, cette loi. Le retard aura été ainsi la raison principale qui, au regard du calendrier global, place la Centrale électorale dans l’impossibilité de respecter son chronogramme officiellement fixé et annoncé. Et, ce n’est pas tout. Il y a aussi, en croire le communiqué de la CENI diffusé dans les médias, le mercredi 23 septembre, dans la soirée, une autre pesanteur, c’est celle de l’arrêt de la Cour constitutionnelle. En effet, la CENI, tout en tenant compte dudit retard, s’en tient à cet arrêt qui, en principe, hiérarchise les élections. Il faudrait d’abord organiser, une fois toutes les conditions réunies, l’élection des Gouverneurs et Vice-gouverneurs intérimaires, avant toute autre élection. Ce qui suppose que le moment venu, même si la CENI avait tous les moyens, c’est par cette élection-là, celle des Gouv. Intérimaires, qu’elle commencerait à s’acquitter de sa mission.
Donc, le retard associé à l’exigence de l’arrêt de la Cour constitue, en fait, les soubassements de la décision de la CENI consistant à reporter sine die, la mise en œuvre du calendrier global notamment, le lancement, comme initialement prévu, de la campagne électorale, le 24 septembre 2015, et l’organisation, le 25 octobre prochain, des joutes électorales au niveau de la Députation nationale couplée aux locales.
Concrètement, les locales bloquent les provinciales, parce qu’il fallait attendre la loi sur la répartition des sièges. Et, progressivement, l’élection des Gouverneurs intérimaires bloque, à son tour, les provinciales et les locales. Entretemps, les moyens, selon Matata de la Cour constitutionnelle, ont fait défaut pour financer, en un coup, toutes ces élections, y compris celle des Gouverneurs intérimaires. D’où, l’idée des mesures transitoires exceptionnelles trouve, ici, toute son essence. Et, le gouvernement, sur injonction de la Cour via le même arrêt, a déjà adopté un projet d’Ordonnance, pour la nomination des commissaires spéciaux et commissaires spéciaux adjoints. Pour combien de temps, iront-ils gérer les provinces nouvellement créées ? Aucun texte, ne prévoit, cependant, la nomination comme mode d’accession au strapontin de 21 provinces issues du démembrement. Aucun texte, ne fixe le timing, ni l’étendue de leurs pouvoirs. Aucun texte, ne délimite le champ de leurs collaborations avec les assemblées provinciales dont les bureaux définitifs se mettent en place, au fur et à mesure. Dans une telle amphibologie, le pire serait, naturellement, à craindre, quant à la cohabitation entre les commissaires spéciaux nommés et les Députés Provinciaux qui ne les auront pas élus. De cette difficulté de collaboration, naîtrait sûrement des conflits de compétence liés, décidément, à la carence législative sur la portée des pouvoirs dévolus aux commissaires spéciaux.
Ainsi, la CENI, enchevêtrée dans l’évaluation et réaménagement de son calendrier, aurait-elle besoin d’options politiques définitives, pour en finir avec les derniers réglages. Or, ces options ne viendraient que du dialogue que le Chef de l’Etat a annoncé et pour lequel, il consulte, depuis juin 2015. Les ratés enregistrés, avec la volte-face de l’Udps de Tshisekedi, la défection du G7 et le titillement de la Dynamique de l’Opposition, ne favoriseraient la tenue de ce dialogue que si et seulement si, le Président de la République, Chef de l’Etat et Garant de la paix, de la stabilité institutionnelle, prend les taureaux par les cornes, pour agir en direction de l’intérêt général. Il lui serait recommandable, dans ce cas, de transcender les petites querelles internes au sein de la Majorité, d’arrondir les angles, en oubliant le passé et les meurtrissures qu’il en a récoltées, pour aller en avant.
Toutes analyses prises au sérieux, il y a lieu de réaffirmer que Kabila est et demeure le seul qui soit capable de débloquer le nœud gordien dont les risques d’implosion – du fait des appels, menaces et cris sur le glissement, le respect de la Constitution, suscitent déjà des inquiétudes au sein des populations congolaises.
L’heure est venue et elle est déjà là, pour agir, dès maintenant. Car, des sujets que lui-même avait déjà annoncées, lors consultations comme étant les plus importants, exigent qu’on s’y penche. C’est le cas, par exemple, des options à lever pour le découplement des élections provinciales et locales ou le maintien du jumelage contenu dans le calendrier global. C’est aussi le cas de l’enrôlement des jeunes devenus majeurs, du nettoyage du fichier électoral, du financement et de la sécurisation du processus électoral etc. Bref, toute cette litanie de dossiers, demandent, aux yeux des maints spécialistes, du temps et des réponses idoines. Le temps, il n’y en a plus assez d’ici fin 2016. Des réponses, il faut que la classe politique tranche. La juxtaposition de ces deux dimensions des choses implique, en tout cas, l’apaisement des esprits ainsi qu’un maximum de célérité. Qu’on se le tienne pour dit !
La Pros.
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