La guerre de succession à la Présidence du Bureau de la CENI est lancée depuis que le Président Kabila a pris acte, dans la nuit de samedi 10 à dimanche 11 octobre, de la démission, pour raisons de santé, de l’Abbé-Président Apollinaire Malumalu. Même si personne, de bonne foi, ne peut douter de l’état de maladie de l’Abbé-Président, à Kinshasa, ils sont nombreux les Congolais à affirmer qu’il aurait choisi d’abandonner le navire à cause de quelques malentendus. En septembre, peu après l’arrêt de la Cour Constitutionnelle qui rendait caduc, le calendrier électoral global, Apollinaire Malumalu avait réagi, depuis l’Occident où il est en convalescence. Il ne voyait pas la nécessité de recourir à des mesures exceptionnelles urgentes pour administrer les 21 nouvelles provinces nées du démembrement.
L’Abbé-Président faisait savoir, en réaction, que si les nouvelles Assemblées provinciales adoptaient leurs Règlements Intérieurs et mettaient en place leurs Bureaux définitifs, la CENI n’aurait aucun mal à organiser, dans les 21 jours qui suivaient, conformément à la Loi électorale, l’élection des Gouverneurs intérimaires. Malumalu, comme pour préciser sa pensée, envisageait la possibilité pour la Centrale électorale d’organiser progressivement l’élection de nouveaux Gouverneurs, au fur et à mesure que les provinces évacueraient les deux préalables.
Certainement qu’il n’a pas été suivi, le Gouvernement ayant privilégié la nomination des Commissaires spéciaux. La démission de l’Abbé-président intervient à un moment tout aussi particulier où la CENI est totalement bloquée dans son travail. Le calendrier électoral, qualifié de global, rendu public le 12 février 2015, n’a jamais connu un début de mise en œuvre. Le train, dit-on, n’a jamais quitté la gare. Dans ces conditions, l’avènement d’un sang nouveau à la tête de la CENI peut aider à solutionner certaines questions, jusque-là insolubles. A condition, évidemment, que les Confessions Religieuses, appelées à désigner le Président de la CENI, ne versent plus dans la complaisance, comme ce fut le cas, dans un passé récent.
C’est en connaissance de cause que certaines organisations spécialisées en matières électorales fixent des conditions d’éligibilité très rigoureuses. Par exemple, que le nouveau Président ou la nouvelle Présidente soit une personne connue du domaine, faisant preuve d’un esprit d’ouverture, de compétence, d’efficacité, d’énergie et d’une force de communication publique, de grande conviction dans la vérité ; un homme ou une femme capable de résister aux pressions politiques et sociales d’où qu’elles viennent.
Au chapitre des réactions, le Député d’Opposition Clément Kanku a, lui, estimé que l’Assemblée nationale, mandante de la CENI, devrait saisir l’opportunité pour restructurer le Bureau de la CENI dans son ensemble. L’idée étant de doter la Centrale électorale d’une nouvelle race des dirigeants capables de travailler en toute indépendance. Au passage, Clément Kanku égratigne l’actuel Bureau de la CENI qu’il juge trop inféodé à la Majorité Présidentielle.
Le Député de la Majorité Présidentielle Ramazani Emmanuel Shadary, par contre, ne voit pas les choses de la même manière. Pour lui, la Société Civile n’a qu’à présenter un candidat à l’Assemblée nationale qui se contentera de prendre acte, afin de combler rapidement le poste laissé vacant par Malumalu. Dans l’opinion, on se demande combien de temps la Société civile mettra à la recherche du nouvel oiseau rare. De la célérité avec laquelle sera traité le dossier du Bureau de la CENI, dépendra la suite du processus électoral.
La Pros.