*Les deux lascars convolent de nouveau en joyeuses noces. Après une brouille spectaculaire, Moïse Katumbi Chapwe et l’avocat Katangais Jean-Claude Muyambo semblent s’être réconciliés. Sans doute pour le meilleur et pour le pire, si l’on tient compte de torrents des dénonciations qui ont coulé entre les deux personnalités. Œuvre de l’ancien bâtonnier du barreau de Lubumbashi qui, il y a peu encore, à l’occasion des concertations nationales convoquées par Joseph Kabila à Kinshasa, décrivait en des termes fort révélateurs, les côtés sombres de son ancien frère ennemi.

L’exposé de Jean-Claude Muyambo à l’intention des délégués aux concertations, long de 42 pages, décrit in tempore non suspecto, les facettes de l’ex-gouverneur de l’ancienne province du Katanga. On y découvre que ce jeune affairiste qui a l’outrecuidance de prétendre aux plus hautes fonctions étatiques, n’est pas aussi plus blanc que la neige.

Mzee Laurent-Désiré Kabila, une victime

Muyambo l’avait dit, dans une de ses sept lettres ouvertes à Moïse Katumbi, au plus fort de la brouille entre les deux amis. Katumbi Moïse Soriano, c’est Jean-Claude Muyambo qui a œuvré à son retour en grâce auprès des plus hautes autorités du pays, principalement, du Président de la République, Joseph Kabila Kabange. L’ancien gouverneur du Katanga, l’avocat le connaît donc plutôt bien. Dans une mémorable communication aux concertations nationales, il a donné l’impression, pourtant, de douter de ses origines tout en les rappelant : Moïse Katumbi est né, le 26 décembre 1964 d’un père juif séfarade, Nissim Soriano, et d’une mère mi-katangaise mi-zambienne. Il se fait connaître à l’ombre de son demi-frère, l’homme d’affaires Raphaël Soriano alias Katebe Katoto, dont l’origine de la richesse est directement liée au pillage de l’entreprise d’Etat Gécamines sous Mobutu. Muyambo rapporte que Katebe, qui avait, lui aussi, manifesté des ambitions à la présidentielle (2006), fut, en réalité, une création du défunt Maréchal Mobutu. Avec un certain nombre d’hommes d’affaires de l’ancien Shaba, il avait été choisi pour constituer un réseau maffieux pour le financement du parti unique du dictateur. Il bénéficia du soutien financier de la Gécamines, sur injonction du Maréchal, pour devenir fournisseur officiel de la Gécamines, et amasser une importante fortune, avant de s’exiler à Bruges, en Belgique. Moïse Katumbi semble lancé sur le même schéma, sur les mêmes pas.

Gérant dans les entreprises de pêche de son demi-frère, Moïse Katumbi profitait des relations de ce dernier, pour lancer des petites affaires personnelles à partir de livraisons plus ou moins régulières à la Gécamines lorsque l’Afdl de LDK prit le pouvoir en RDC. Lorsque pour soulager la misère des populations, Laurent-Désiré Kabila créa les cantines populaires, Moïse Katumbi se jeta dans l’affaire et ainsi, se fit remarquer par le nouvel homme fort de la RDC. Avant de se faire confier un marché de fourniture de vivres et d’armes, et d’escroquer Mzee, aux dires de Jean-Claude Muyambo. Recherché activement par les services, Moïse Katumbi s’exila en Zambie et puis, en Afrique du Sud. On ne peut pas dire que le président du TP Mazembe y perdit du temps puisqu’il réussira, en Zambie aussi, à pénétrer les cercles du pouvoir de Frédéric Ciluba, dont il a épousera la belle-sœur. Certaines sources avancent même que l’ancien chef de l’Etat zambien a dû ses politiques aux affaires irrégulières entreprises avec la complicité du beau-frère Moïse.

Aussitôt qu’il apprend que Joseph Kabila s’apprêtait à organiser des élections générales en RDC, Katumbi s’est arrangé pour faire accréditer dans l’entourage du jeune Raïs Congolais, l’idée selon laquelle, il serait l’homme idéal pour lui gagner la présidentielle de 2006 dans le Sud du Katanga. Il suffisait pour cela de le faire revenir au pays. Muyambo affirme avoir joué un rôle prépondérant dans ce retour en grâce du futur gouverneur de l’ex-Katanga auprès du fils et successeur de celui qu’il avait floué.

La Gécamines saigna

Un jet privé mis à sa disposition par un sujet zambien du nom Paul Steel contre une promesse mirobolante d’un marché de minoteries à Lubumbashi permit au président du TP Mazembe de revenir avec pompe en RDC et de faire croire qu’il disposait d’une fortune confortable. Jean-Claude Muyambo, qui était dans les secrets du revenant, assure qu’il n’en était rien. L’homme était, en réalité, fauché comme Job, même s’il pouvait compter sur de sérieuses complicités dans la direction de la Gécamines, et ainsi aider son demi-frère à recouvrer ses créances par voie forcée en Zambie. L’astuce était simple : des complices indiquent à Moïse Katumbi, les dates de convoyages des minerais de la Gécamines. Dès que ces minerais pénètrent sur le territoire zambien, Moïse Katumbi actionne ses relations au pays de son épouse et les produits de la Gécamines sont saisis pour insolvabilité. L’astuce reposait sur un mécanisme bien rodé de cession de créances, en fait. Raphaël Katebe avait cédé ses créances sur la Gécamines à son demi-frère Moïse Katumbi. « Monsieur Raphaël Katebe Katoto et Monsieur Monokandilos feront ainsi partie de la longue liste de créanciers qui s’illustreront dans ces recouvrements forcés … », déplore Jean-Claude Muyambo. « Ce sont ces hommes surnommés les complices de Monsieur Moïse Katumbi qui l’ont aidé à mettre la Gécamines ainsi que la République Démocratique du Congo à genoux », conclut encore le bâtonnier du barreau de Lubumbashi.

Paul Kasongo/Lubumbashi

Correspondant particulière





LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top