A deux jours de l’expiration de l’ultimatum lui lancé par l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, le président Joseph Kabila vient de convoquer le Dialogue. Le timing de l’annonce est une concession aux ukases de l’UDPS qui menaçait le régime de ne plus prendre part au Dialogue dépassée le mois de novembre. Ce qui aurait été un coup dur car plusieurs acteurs politiques majeurs s’étant déjà prononcés sur son boycott.

 N’en déplaise au ministre de la communication Lambert Mende, qui affirmait il y a peu encore que les ultimatums de l’UDPS ne servaient à rien, ils servent à quelque chose. Kabila vient donc de désavouer son ministre le plus zélé. Du Dialogue proprement dit on n’en sait pas grand-chose. La date, le forma, la durée, les noms des médiateurs ou des facilitateurs, un national et un étranger pour la co-modération, ne sont pas connus. Ces questions seront réglées par le Comité préparatoire comme nous vous l’avions écrit (7SUR7.CD) dans un de nos papiers.

 Dans son allocution, diffusée le samedi 28 novembre 2015 au tout début du journal télévisé de 20 heures de la RTNC (Radio télévision nationale congolaise), Kabila s’est chargé lui-même de vendre son projet politique sans tenir des conditions posées par ses adversaires politiques. Alors qu’il en avait l’occasion, il n’a rassuré ni l’Eglise catholique, ni le G7 ni l’UNC de Vital Kamerhe, ni la société civile, encore moins la communauté internationale, qui attendent de lui en engagement solennel sur le respect de la constitution qui lui interdit un 3ème mandat. Une démarche dans ce sens aurait certainement décrispé l’atmosphère politique au pays et aurait détendu ses rapports avec la communauté internationale.

Cependant, Kabila reconnait dans son speech que les divergences d’opinion aussi bien sur le processus électoral que sur l’organisation de la territoriale (ses Commissaires spéciaux hyper partisans et sans contre-pouvoir) divisent le pays au point de menacer sa stabilité et son unité.

 C’est pourquoi il a fait lui-même un plaidoyer pro-Dialogue pour trouver un consensus sur ces sujets qui fâchent. Sur le processus électoral, le consensus doit être trouvé sur le fichier- qui doit être fiable et inclusif (allusion aux nouveaux majeurs), la sécurisation- pour éviter les affrontements sanglants de 2006, 2007 et 2011, sur le budget- les 500 millions USD prévus dans le budget 2016 étant hypothétiques-, le calendrier (absence d’un calendrier à ce jour), l’environnement psychologique des élections (qui doit être apaisé), et même le type de scrutins. Sur ce dernier aspect, Joseph Kabila veut des élections moins coûteuses comme cela existe dans certains pays (préférence des scrutins indirects sur les directs).

 « Comment allier deux impératifs majeurs : démocratie et développement. Et faire en sorte que processus électoral ne soit pas en conflit avec le développement ? » s’interroge Kabila. Seul le Dialogue pourra lever des options idoines répond-il lui même. Le dialogue, qui a décidemment toutes les vertus, « peut permettre à la nation de prévenir une crise » selon lui. Le Dialogue, souligne-t-il pourra aboutir à un « consensus responsable » qui débouchera sur des élections crédibles, inclusives et apaisées. Le président a aussi émis le vœu de voir la souveraineté de la RDC respectée par les bailleurs de fonds. Vœu pieux car pour revendiquer la souveraineté, il faut être en mesure de financer seul son processus électoral. Or il a avoué qu’il n’avait pas les moyens de financer les élections de 2016 qui coutent 1.2 milliards USD.

Encore que le budget avait été revu à la baisse en tenant compte du couplage des élections et de l’abandon des locales, urbaines, et municipales. Pour ne privilégier que les présidentielle, législatives et provinciales. Le budget 2016 ne prévoit que 500 millions USD pour le processus électoral. Cet argent est hypothétique car il faut le mobiliser au plus tard au premier trimestre de l’année 2016. Quasi impossible. Autant dire que les bailleurs de fonds devront mettre la main à la poche pour une matière qui relève des affaires intérieures d’un pays d’après Kabila. Pour le décaissement du financement extérieur des élections, les partenaires au développement le conditionnent à un calendrier réaliste. Kabila en mode ambassadeur de son Dialogue s’est donc évertué à vendre son Dialogue. Il a lancé un appel pathétique, qui dit-il est le dernier, à ceux qui hésitent encore.

Vital Kamerhe (ancien président de l’assemblée nationale) et plusieurs ténors du G7, notamment Olivier Kamitatu (ancien ministre du Plan), avaient déjà fait savoir qu’ils ne participeraient pas au Dialogue de Kabila. Tous soupçonnent Joseph Kabila de vouloir s’accrocher au pouvoir au mépris de la Constitution et de se servir du Dialogue pour gagner du temps et modifier la Constitution. C’est à quoi rétorque la Majorité présidentielle que c’est un « procès d’intention ». Elle est lointaine l’époque où la Majorité présidentielle clamait à cor et à cri que le temps des conciliabules est révolu et que seul le peuple, via les urnes trancherait les conflits en politiciens.

7sur7.Cd


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