
Dans son message Urbi et Orbi du vendredi 25 décembre 2015, le Pape François a noté ce qui suit : «Nous demandons paix et concorde pour les chères populations de la République Démocratique du Congo, du Burundi et du Sud Soudan afin que, par le dialogue, se renforce l’engagement pour l’édification des sociétés civiles animées d’un esprit sincère de réconciliation et de compréhension réciproque».
Par ce message, le Pape François vient ainsi de trancher les diverses tergiversations qui ont élu inutilement domicile, il y a quelques mois, dans les officines politiques en République Démocratiques du Congo sur l’imminence et l’opportunité d’un dialogue politique national.
Le dialogue reste, en effet, la seule voie pour le peuple et les acteurs politiques de la République Démocratique du Congo pour baliser l’avenir de ce pays et poursuivre en bonne et due forme le processus électoral devant aboutir aux élections apaisées.
Dès son entrée en fonction en décembre 2011 à l’issue de l’élection présidentielle, le Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, avait instruit le Gouvernement de soutenir la CENI en vue de vider les arriérés électoraux pour l’organisation en 2012 des élections provinciales et sénatoriales avant l’amorce du nouveau cycle électoral comprenant notamment, la présidentielle. Il démontrait ainsi sa nette détermination à consolider la démocratie et la bonne gouvernance notamment, par le respect du cycle électoral en RDC.
Cette dynamique fut cependant brutalement interrompue dès le mois d’avril 2012 par la guerre d’agression menée contre le pouvoir légitime par le Mouvement rebelle M23 et qui a duré près de trois ans, avec comme conséquences la réorientation des ressources budgétaires importantes prévues pour les élections au financement de la guerre ainsi que la destruction et le vol du kit électoral disponible en ce temps.
Plus tard, tout le mécanisme mis en place par le Gouvernement de façon objective pour soutenir le processus électoral à bon port était boycotté par une grande frange de l’opposition politique. Nous en voulons pour preuves les quatre constats suivants :
Le rejet de différents calendriers électoraux produits par la CENI, organe inclusif de toutes les tendances politiques et constitutionnellement habilité à organiser les élections en RDC.
En effet, en l’espace de 4 ans, la CENI a déjà proposé deux calendriers électoraux, tous rejetés par l’opposition. A la publication du premier calendrier, pendant que la majorité avait même déjà apprêté les listes de ses différents candidats à divers échelons, l’opposition a boycotté ledit calendrier au motif qu’il n’intégrait pas tous les scrutins mais en réalité elle n’était pas encore prête pour ces échéances.
Quant au second calendrier dit global, qui prévoyait cette fois-ci, tous les scrutins, y compris la présidentielle dans le délai constitutionnel, il a de nouveau été rejeté par l’opposition pendant que les partis politiques de la majorité, pour la première phase relative aux élections provinciales avait présenté des candidatures dans presque toutes les circonscriptions électorales.
Le refus de l’UDPS de participer aux concertations nationales, cadre pourtant institué pour discuter sur les grandes questions qui intéressaient la marche du pays afin d’aboutir à des solutions consensuelles touchant notamment au calendrier électoral, n’était pas de nature à engranger un consensus responsable sur des questions électorales en raison de son poids politique sur l’échiquier national.
la contestation du travail que devait réaliser l’Office national d’identification de la population, ONIP en sigle ; Et pourtant, il s’agissait d’un organe simplement technique et qui accompagne la réalisation harmonieuse, dans tous pays, des processus électoraux. Le recensement et l’identification de la population sont des modalités qui sont de mise dans tout Etat de droit pour préparer un fichier de l’état civil devant servir de base à l’actualisation du fichier électoral tel que voulu pour la loi électorale ; elles ne sont pas l’apanage de la RDC. Et c’était pourtant des préalables dument posés par l’opposition dans d’autres circonstances pour la réalisation des élections à tous les niveaux.
Ajouté à ces constats, la décapitation de cette équipe de la CENI suite à la maladie et la démission de son Président l’Abbé MALUMALU. L’on se souviendra aussi du vaste temps perdu avant l’entrée en fonction de ce dernier, suite à l’appel de l’opposition qui exigeait coûte que coûte la réforme de la CENI et le départ de NGOY MULUNDA à la tête de cette institution.
Tous ces éléments réunis démontrent bel et bien que si l’on a perdu du temps, c’est du fait d’une part, de la guerre du M23 qui est un cas de force majeure, d’autre part, du fait de l’opposition qui a multiplié des exigences juste comme des moyens dilatoires d’échapper à la sanction des urnes ou de la retarder au maximum.
Face à cette situation, nullement causée et entretenue par le Gouvernement ni par le Président de la République, il est plus que nécessaire, comme le souligne le Pape François dans son message de Noël 2015, que la classe politique congolaise accepte de « dialoguer ».
L’opinion doit se le rappeler : l’initiative du dialogue politique national émanait en effet de l’opposition, et non de la majorité au pouvoir.
Le Président de la République Joseph KABILA a adhéré à cette initiative seulement depuis le mois de juin 2015. C’est ainsi que, dans son discours du 28 novembre 2015, il a épinglé 5 grandes raisons qui le convainquaient pour convoquer le dialogue, à savoir le fichier électoral, le calendrier électoral, la sécurisation du processus électoral ; le financement du processus électoral et enfin le rôle des partenaires extérieurs dans le processus électoral.
Aucun de ces cinq points n’a, jusqu’à ce jour, été repoussé par un seul acteur politique de l’opposition, de même qu’aucune voie de sortie sérieuse en termes d’alternance au dialogue comme mode de résolution de ces questions n’a été proposé à ce jour comme solution. Tous reconnaissent donc la nécessité de se pencher sur ces 5 aspects lors du dialogue politique national qui est projeté.
Le peuple congolais, qui a connu plus de 8 millions de morts suite aux guerres de l’Est ainsi qu’aux multiples conflits de divers ordres instrumentalisés par les ennemis de la République, aspire aujourd’hui simplement à la paix et à la stabilité. Plus de sang ni de sueur pour le peuple congolais, pour paraphraser le Chef de l’Etat dans son allocution du 14 décembre 2015 sur l’état de la Nation.
Aussi, l’heure est-elle venue pour la majorité, l’opposition et la société civile de se mettre sous l’arbre à palabre pour échanger, en toute responsabilité, sur le devenir de la Nation.
Tout congolais et toute congolaise épris de paix, d’amour et de justice devrait ainsi répondre à l’appel lancé par le Président Joseph KABILA, appel rencontré et relayé par le Souverain pontife, le Pape François, de participer au dialogue politique national voulu inclusif, tous les Congolais ayant leur place dans ce Forum.
Le dialogue reste de ce point de vue la seule voie indiquée pour résoudre l’impasse créée et redonner la chance à la RDC d’organiser, par la suite, des élections réellement apaisées et aux résultats non contestables, gage de la paix et de la stabilité de la Nation.
Seul le dialogue permettra, par des décisions consensuelles, de traiter notamment la question de la sécurisation des élections, du fichier électoral, du calendrier électoral ainsi que du financement du processus électoral.
Maintenant qu’il s‘avère que la création du soi-disant « Front citoyen 2016 », qui du reste est une supercherie, la majorité des partis d’opposition et de la société civile n’étant pas représentée, encore moins l’Eglise catholique qui s’est ressaisie après avoir découvert le piège dans lequel on les embarquait, il est grand temps que tout celui qui a la fibre patriotique et nationaliste réponde présent à l’appel du Chef de l’Etat.
Ce n’est pas de l’île de Gorée, ancienne maison des esclaves, que viendra la solution au problème congolais. Les chantres de la balkanisation de la RDC et du pillage de ses ressources naturelles, lesquels figurent parmi les grands financeurs de l’atelier de Gorée, ne pouvaient avoir d’agenda que celui de se créer de « nouveaux vassaux » ou « esclaves volontaires », selon l’expression de Mbelu Babanya Kabudi, pour perpétrer leur dessein macabre sur la RDC, et nullement, pour relever cet Etat.
Que les Congolais conscients de cette méprise, et bien qu’ayant participé, puissent s’en désolidariser ; il ne sera pas tard, pour eux, de se ressaisir pour choisir la voie de la sagesse et de la vie.
LP.