Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, a reçu, jeudi 25 février, une délégation du "Front du peuple", une coalition des partis alliés à Etienne Tshisekedi wa Mulumba, conduite par son président Jean-Pierre Lisanga Bonganga. La rencontre a été initiée par la CENI. Une "ouverture" pour le moins tardive et suspecte.

Selon une dépêche de l’ACP, le président de la CENI a confié à la délégation venue le rencontrer que pour organiser des "élections libres, transparentes et crédibles" telles que souhaitées "par tous", cette institution d’appui à la démocratie devrait au préalable être en possession d’un "fichier électoral fiable".

Des propos irresponsables de la part du numéro un d’une institution permanente dont la mission consiste justement à organiser les élections et le référendum. L’organisation des élections comprend notamment: l’enrôlement des électeurs, la tenue du fichier électoral, les opérations de vote et le dépouillement.

Dans ce Congo-Kinshasa où la notion de responsabilité est en perpétuelle dilution, "Joseph Kabila" et son Premier ministre Augustin Matata Ponyo n’osent pointer un doigt accusateur en direction de la CENI. Qui devait faire quoi? Pourquoi ne l’a-t-il pas fait? Voilà deux questions qui méritent non seulement des réponses claires et nettes mais surtout des sanctions à l’encontre du responsable de cette "faillite organisée".

Lors de ses entretiens avec la délégation conduite par Lisanga Bonganga, le président de la CENI s’est gardé de déterminer les responsabilités à son niveau. Il s’est contenté d’expliquer le sens de son invitation. Selon lui, le but est de procéder à une "évaluation" du processus électoral dans le pays. Un processus "confronté à plusieurs contraintes et difficultés". Il est clair que le président de la CENI continue son "petit jeu" dicté par le pouvoir kabiliste.

Cette tardive opération "porte ouverte" de la CENI dissimule mal une entourloupette de la part d’une institution qui est détournée de sa mission par la mouvance kabiliste. La CENI a étrangement attendu 2015 pour tirer la sonnette d’alarme sur ses "contraintes et difficultés". La mauvaise foi est patente tant en ce qui concerne les deux têtes de l’Exécutif que le Bureau de cette Commission.

Le moins qu’on dire est qu’il n’y a pas que le fichier électoral qui n’est pas "fiable". En réalité, le gouvernement du "Premier" Matata n’est plus fiable non plus. Le staff de la CENI, mêmement.

Face à ses interlocuteurs, Corneille Nangaa a fourni quelques informations anodines. Il a indiqué
que le coût du processus électoral est estimé à plus de trois cents millions USD. Il a tenté de "chloroformer" les membres de la délégation conduite par Lisanga en les assurant "de la disponibilité de son institution à écouter toutes les suggestions et à les prendre en compte dans la mesure du possible". Une attitude surprenante quand on sait que le même Nangaa avait invité le personnel politique à cesser d’exercer des pressions sur la CENI. Quelle est la motivation de ce revirement?

A l’issue de cette rencontre avec le Bureau de la CENI, Jean-Pierre Lisanga Bonganga a déclaré que son groupement soutient l’idée d’un "calendrier électoral consensuel" ainsi que la tenue du "dialogue politique national" dans le respect de l’esprit de la Constitution. Il a par ailleurs annoncé que sa plateforme entendait déposer plainte auprès des autorités judiciaires contre le gouvernement Matata "pour n’avoir pas organisé les élections provinciales dans le délai".

Sous d’autres cieux, l’opposition devrait rester intransigeante en exigeant la démission pure et simple du Premier ministre. Celui-ci a démontré son incompétence autant que sa mauvaise foi pour avoir prétendu que l’exécutif ne disposait plus de moyens à fin. En tout cas, il n’est pas sain qu’un tel étalage de malhonnêteté et d’irresponsabilité reste impuni. Un fâcheux précédent.

B.A.W
© Congoindépendant

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