*La visite de travail de Ban Ki-moon à Kinshasa n’aura vraiment de sens que s’il contribue à faire débloquer le processus électoral en panne. Si le dialogue est perçu comme l’un des moyens de parvenir à l’organisation des élections apaisées, comme l’ont si bien réaffirmé dernièrement l’UA, l’UE, l’ONU et l’OIF, donner un coup de main efficace serait l’acte décisif qui, logiquement, permettrait d’avancer. Le Secrétaire général de l’ONU sera-t-il à la hauteur des attentes des congolais, pour éviter que le syndrome burundais ne se reproduise en RDC ? Rien n’est moins sûr. Certes, la tâche est immense. Mais, lorsqu’on considère les positions de la Majorité, de l’Opposition et la Société civile en ce qui concerne, par exemple, la question du Dialogue, il y a lieu de souhaiter que son implication personnelle fasse bouger, à coup sûr, les lignes.
Ban Ki-moon aura été la grande vedette de la Conférence sur les investissements privés dans la région des Grands Lacs. Non pas parce qu’il apporte effectivement ces investissements dont les pays de la région ont tant besoin, ou parce qu’il a été la personnalité étrangère la plus importante à avoir fait le déplacement de Kinshasa, la plupart des délégations officielles étant conduites par des dirigeants de seconde zone. Mais aussi, en raison de grandes manœuvres diplomatiques autour du dialogue politique censé préparer les échéances électorales prochaines. Tous les groupes politiques congolais, Majorité comme Opposition, attendent fermement le Secrétaire général de l’ONU. Atundu Liongo, Porte-parole de la Majorité Présidentielle, au cours d’une émission télévisée, a vivement souhaité que Ban Ki-moon joue un rôle déterminant pour concilier les positions tranchées des uns et des autres. Côté Opposition politique, dans la soirée d’hier, mardi 23 février 2016, l’on en était à la préparation des documents de travail à soumettre au Secrétaire général de l’ONU. Après la publication, le 20 février dernier, d’un communiqué conjoint Union Africaine, Nations Unies, Union Européenne et Organisation Internationale de la Francophonie, invitant les acteurs politiques rd-congolais à accompagner la Facilitation d’Edem Kodjo, les lignes devraient bouger. Principal parti d’Opposition politique pro-dialogue, l’UDPS a toujours conditionné sa participation aux travaux du dialogue par une médiation internationale. Ban Ki-moon devrait, normalement, dévoiler son soutien au diplomate togolais Edem Kodjo. Si cela est fait, l’UDPS n’aura, à priori, plus de préalable à poser. Il restera, tout de même, à définir les contours du dialogue attendu. L’UDPS milite pour un dialogue dans le format de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et dans le respect des Résolutions 2098 et 2211 du Conseil de Sécurité de l’ONU. On y décèle une divergence de taille avec la Majorité Présidentielle qui parle, quant à elle, d’un dialogue fondateur ouvert à toutes les questions, y compris celles qui fâchent. Le séjour kinois du Secrétaire général de l’ONU resterait dans les annales si jamais il parvenait à faire débloquer le processus électoral. Est-ce à dire que Ban Ki-moon se retrouve dans l’obligation de refaire les consultations politiques déjà menées par Said Djinnit, son Envoyé spécial dans les Grands Lacs auprès des protagonistes de la crise politique, sur son ordre, l’année dernière? Selon toute vraisemblance, il n’en a pas le temps, même s’il en avait la volonté. A Goma, au Nord-Kivu, les représentants des partis politiques et de la Société civile ne l’ont pas rencontré, comme ils le souhaitaient. A dire vrai, ce serait de la peine perdue. La situation de la RDC, Ban Ki-moon la connaît par cœur. En janvier de l’année en cours, il a transmis au Conseil de Sécurité un rapport sur la situation socio-politique du pays. Il semble que le Conseil de Sécurité s’y penchera au début du mois de mars prochain. L’ONU n’a pas droit à l’erreur en RDC. Le syndrome burundais où l’ONU court après les événements tragiques hante les esprits à Kinshasa. Est-ce, vraiment, nécessaire de laisser pourrir la situation pour jouer au sapeur-pompier ? Quel péché commettrait-il, s’il battait le fer, dès maintenant, alors qu’il est encore chaud ?
La Pros.