On l’appelle poète pour ses proverbes et ses compositions intrinsèques qui peignent nuit et jour la société congolaise. Riche en mélodies, sa musique incarne l’image de l’école «Odemba » de son maître à la guitare Franco Luambo Makiadi. Lui, c’est Simon Lutumba Ndomanueno qui fête ses 78 ans d’âge et 58 ans de carrière musicale. Toujours dynamique, son groupe Bana Ok s’est retrouvé, à l’occasion, avec les fanatiques pour rendre hommage au doyen Simaro, autour de la danse, au siège de l’orchestre dans la commune de Ngiri-Ngiri.
Né le 19 mars 1938, à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa), le Poète Lutumba est auteur et compositeur incontestable dans l’histoire de la musque congolaise moderne.
On ne peut pas célébrer cet anniversaire sans rendre hommage à l’artiste, en relevant sa valeur qui repose à travers ses œuvres anthologiques.
Depuis 1958, jusqu’à présent, l’ancien guitariste rythmique de l’Ok Jazz de Franco peint et continue de peindre la communauté et toute l’Afrique par ses œuvres, riches en paroles.
Que retenir de cette longue carrière, beaucoup de choses qu’on ne peut pas résumer dans une page du journal.
En 1958, renseigne-t-on, Simaro se fit enrôler dans l’orchestre Micra Jazz. Aucune œuvre de lui ne verra le jour. Il y fait ses premières armes dans l’art d’Orphée. C’est le vrai début de sa carrière professionnelle.
En 1959, il rejoint Congo Jazz, orchestre cher à  Gérard Madiata. Il compose “Simarocca”, sa première œuvre aux éditions Esengo. Il enregistre encore deux chansons «Muana etike» et «Lisolo ya ndaku». Avec ces deux titres, il espère prendre le large. Les deux chansons furent reçues comme de véritables tubes.
L’année 1961, Lutumba intègre l’O.K Jazz où il trouve Franco, à la guitare solo. En 1969, il signe la chanson “Okokoma Mokristo” qui cassa la baraque et révèle en lui un grand auteur-compositeur. C’est un grand succès. Mais, c’est la chanson «Ma Hélé», qui va le propulser  parce qu’elle a été fredonnée sur toutes les bouches, à l’époque.
L’O.K Jazz a offert à Lutumba non seulement l’occasion d’exprimer sa personnalité, mais aussi un cadre, un groupe de compagnons auquel il se sentait lié. Car, ses compositions récoltaient à chaque fois du grand succès. Ce succès consacre Simaro Lutumba dans le giron des grands auteurs-compositeurs. On le surnomma « Masiya », le messie. Mais, ce succès provoque aussi le courroux de Franco.
Compositeur légendaire !
Ainsi, le talent de compositeur se révèle. Ses thèmes de prédilection sont le divorce, la stérilité, l’amour raté qu’il met en musique avec une étonnante virtuosité. Mélancolie et amertume caractérisent ses chansons.
Avec une touche magique à la guitare rythmique, son talent en écriture musicale a fait de lui une légende vivante de la  rumba en Afrique. Seulement, Dieu ne lui a jamais donné le don de chanter. C’est pourquoi, il a écrit plusieurs chansons qui ont été interprétées avec modestie par de nombreux chanteurs congolais.
On peut définir ses potentialités artistiques à travers son vaste répertoire nostalgique qui est considéré à nos jours comme un miroir dans la société congolaise.
Sa particularité marquée dans la poésie avec les proverbes vivifiants est considérée tantôt comme un sujet de moquerie pour les uns tantôt une opportunité de réflexion dans l’oreille du public.
Lutumba chante l’amour mais pas comme tout le monde. Son style hors pair dans ses phrases qui ont traversé les frontières, ne sont plus à démontrer.
Selon certaines sources musicales africaines, il y a des chansons de Simaro qui avaient constitué dans les années 70 des sujets de philosophie  pour les examens de baccalauréat au Congo­-Brazzaville.
Parmi ses titres références, on retrouve des tubes exaltants tels que «Verre cassé», «Cœur artificiel», «Faute ya commerçant», «Merci bapesa na mbwa», «Affaire Kiti kwala», «On ne vit qu’une seule fois», «Maya »  et «Ofela»...
A l’exemple de sa chanson «Verre cassé», où il mélange avec bonheur la beauté du style et le mystique de l’environnement qui nous entoure et qu’il évoque à travers des phénomènes d’apparente banalité, mais à qui ses mots donnent une gravité mystique.
Il y a aussi la chanson «Cœur artificiel », dans laquelle  Lutumba pousse à la méditation. Chantée par Pépé Kallé et Lassa Carlito, avec au saxo Empompo Loway, cette mélopée exprime hyperboliquement ses pensées: « Les fleuves et les cours d’eau qui irriguent l’Afrique symbolisent les larmes de mes souffrances. Quel sacrifice devrais-je encore faire pour que le Bon Dieu entende mes prières. La distance qui sépare la terre du paradis est trop importante telle que mes prières ne peuvent parvenir au Bon Dieu à cause des bruits des fusées et des avions». 
Les œuvres du poète !
Doté d’une sagesse supérieure, Simaro a décortiqué la société africaine dans tout le sens en y apportant des conseils à la fois mythologiques et philosophiques difficiles pour la jeunesse de le comprendre.
Cas de la chanson « Affaire Kiti kwala», où le Poète attire l’attention des tout-puissants dirigeants politiques de l’époque sur ce qui pourrait leur arriver au terme de leur vie: « Même si tu manques de tout, pense à t’acheter un lit présentable sur lequel ton corps sera exposé à la mort. Sinon ta dépouille mortelle sera couverte de honte à cause des moqueries que susciteront le grabat qui sortira de ta chambre pour l’exposition de ton corps».
Le poète enseigne ici la nécessité de se bâtir une assise morale et une bonne réputation pendant qu’on vit; afin d’être pleuré et enterré dignement. Beaucoup ne l’ont pas écouté et certains sont morts et ont été enterrés en exil.
Tous ces thèmes, Lutumba ne les évoque pas pour se plaindre de l’injustice du destin, mais plutôt, il veut au contraire que l’homme se souvienne, qu’il prenne conscience de certains faits.
Grand auteur compositeur, créateur de qualité et l’un des meilleurs du pays, il est un virtuose de la guitare d’accompagnement, aujourd’hui, l’œil du public semble avoir jeté un dévolu sur Lutumba, figure musicale à immense talent, qui s’inspire des thèmes qui ont trait à la vie courante. C’est un artiste qui vit son époque. Ses œuvres le prouvent. C’est un éducateur social qui sait conférer à ses créations une certaine fonction, et le public s’identifie facilement à travers ses œuvres. Le secret de sa réussite, c’est son amour de la musique et de la chanson, toujours recherchant la qualité. Il met tout son talent au service de la chanson. Aujourd’hui, nombre d’auteurs compositeurs s’identifient à lui et continuent à être influencés par son œuvre monumentale.

Jordache Diala
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