C’était la déception totale en RDC lundi dernier après le prononcé du verdict de la CPI reconnaissant coupable le chairman du MLC Jean-Pierre Bemba Gombo dans l’affaire des crimes présumés à la charge de ses troupes déployées en Centrafrique en 2002 et 2003. Ses dizaines de milliers de sympathisants et ses partisans avaient cru mordicus jusqu’à la dernière minute à son acquittement pur et simple et à son renvoi aux fins des poursuites après 8 ans de détention à Scheveningen, dans les faubourgs de La Haye à la CPI où il est incarcéré. Ce n’aurait été que justice.
Car, Bemba Gombo y est, croupissant à la place du Président centrafricain Ange-Félix Patassé à qui il avait prêté ses troupes et surtout son chef d’Etat-major général. En fait, c’est indubitable que ce sont eux qui avaient le plein commandement sur les hommes du MLC mis à la disposition non d’un quelconque mouvement rebelle mais de l’Etat centrafricain lui-même, donc celui qui incarne le pouvoir légal et constitué.
C’est ce Président de la République démocratiquement élu, donc légitime, c’est celui-là qui, menacé par le rebelle Bozize dont l’avant-garde est déjà dans la capitale Bangui fait appel aux soldats de Jean-Pierre Bemba. C’est ici qu’intervient la notion du chef hiérarchique comme donneur d’ordre pour la commission des crimes.
C’est ici que commencent les nombreuses contradictions de la CPI. La première est une question de logique simple. Comment est-ce possible que Bemba puisse ordonner à ses troupes de commettre des crimes de guerre sans que le Président Patassé et son commandant en chef ne s’en rendent compte.
LE CHEF DE L’ETAT ET LE COMMANDANT DE L’ARMEE N’ONT RIEN VU Les soldats de Bemba commettent des massacres, violent à grande échelle, pillent Bangui… tout cela pendant une longue période, sans que le chef de l’Etat et le commandant en chef de l’armée ne voient rien. Comme si subitement ils étaient devenus aveugles et sourds.
Autrement, ils auraient réagi pour mettre un terme à ces actes criminels. D’autant que la mission de ces hommes du MLC n’était pas de commettre des exactions contre les populations civiles mais plutôt de stopper le rebelle Bozize. Ou alors Patasse et son commandant en chef de l’armée étaient au courant de tout mais ont laissé faire.
Dans cette hypothèse, ils sont co-auteurs des faits mis à charge de Jean-Pierre Bemba Gombo et doivent en répondre au même titre que lui. Car ils ont fermé les yeux sur la commission des crimes reprochés au chef du MLC. D’où, ils devraient être dans le box des accusés à ses côtés.
Or la vérité est que le Parquet près la CPI n’a jamais enclenché des poursuites contre les dirigeants centrafricains. Aucun n’est présent au prétoire à quel que titre que ce soit, prévenu, témoin ou renseignant. Il n’y a personne. Inexplicable.
C’est la grande contradiction de la CPI dans l’affaire Bemba. Mais la vérité est connue. C’est que comme dans toutes les armées engagées dans une guerre, il y avait une coordination des opérations militaires. C’est cette cellule de commandement qui donnait des ordres à toutes les troupes engagées dans les opérations de guerre.
PATASSE AVAIT PLUSIEURS FOIS DEMANDE D’ALLER TEMOIGNER A LA CPI EN VAIN
A ce sujet, le Président Patassé avait plusieurs fois demandé d’aller à la CPI pour expliquer comment fonctionnait cette coordination qui commandait les troupes engagées au front contre le rebelle Bozize. Son chef d’Etat-major avait fait aussi de même. En vain. L’ancien Procureur près la CPI, Luis Moreno Ocampo n’avait jamais rien voulu entendre. Conséquence : Ange-Félix Patassé n’a jamais installé ses pénates à la CPI pour tordre le cou à l’allégation principale de l’Accusation sur le donneur d’ordre. Jusqu’à sa mort. Cependant, tout au long du procès il y a eu une déposition qui pouvait sauver Jean-Pierre Bemba en restituant la vérité.
C’est de l’Expert militaire commis par la CPI elle-même, donc payé par elle. Il s’agit du général français Legras, un grand spécialiste des questions militaires et Professeur à Saint-Cyr, l’Université de l’armée française. Après un séjour en Centrafrique, sa déposition était sans appel. Il y avait une coordination qui commandait toutes les unités engrangées dans les combats.
Ce qui veut dire en d’autres termes que les donneurs d’ordre des crimes commis par les troupes du MLC en RCA sont des Centrafricains de la coordination. Le procès qui repose sur la notion du donneur d’ordre devrait en principe s’arrêter ici par la relaxation pure et simple de Jean-Pierre Bemba Gombo. Le droit, ce n’est pas de condamner celui qui a fourni ses troupes à un Etat à la tête duquel il y a un Président démocratiquement élu. Mais les vrais donneurs sont donc le commandant des opérations et le commandant de l’armée et le commandant suprême.KADOLO M.