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En politique, il faut savoir persévérer. En la matière, le député de RD Congo Steve Mbikayi est un expert. Depuis trois ans, il tente de faire inscrire à l’agenda de l’Assemblée son projet de loi pénalisant l’homosexualité. Las, ses éminents collègues ne l’entendent pas de cette oreille : ils ont une nouvelle fois refusé, lundi 21 mars, d’inscrire le texte à leur agenda.
Le député Mbikayi avait pourtant pris soin, le 14 mars, de faire suivre aux députés une pétition signée, selon lui, par 3 000 Congolais « très préoccupés par la menace » de l’homosexualité. Peine perdue. Comme depuis le 13 décembre 2013, date à laquelle sa proposition de loi avait été déposée sur le bureau du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, les députés l’ont ignorée.
D’où la grosse exaspération de Steve Mbikayi qui, en pleine séance plénière du lundi 21 mars, a laissé échapper sa colère. « Je proteste avec la dernière énergie car ceci dénote d’un manque de considération envers un collègue. La proposition de loi contre l’homosexualité ne pourrait pas être oubliée », a lancé l’honorable député, avant de poursuivre les hostilités.
« Avec des chiens et même avec des chevaux »
Première salve lancée à travers l’hémicycle : « Il est vrai que dans cette salle, il y a certains hommes et certaines femmes sur qui pèsent les soupçons de l’homosexualité. Ils ne cessent de lutter pour faire obstacle à ma proposition de loi ».
Assemblée Nationale:Dans cette salle,il y a des Deputes sur qui pèsent les soupçons de l'homosexualité ! https://t.co/h7SaRdAg5a— STEVE MBIKAYI (@Cartesien243) 23 mars 2016
Et second tir nourri, tout en subtilités et précisions, vers l’Assemblée (et au-delà) : « Un autre obstacle vient de la peur bleue que nourrissent certains suite à des réactions qui viendraient des pays qui font l’apologie et la promotion de l’homosexualité [comprendre l’Occident, NDLR]. Dans ces pays, après l’homosexualité, le mariage entre hommes et entre femmes, ils sont passés à la légalisation de la zoophilie. Les hommes et les femmes vont avec des chiens et même avec des chevaux ».
Pas sûr, cette fois encore, que les collègues de Steve Mbikayi se laissent convaincre. En décembre 2013, lorsque Jeune Afrique l’avait interrogé pour la première fois, il déclarait : « Ce sera un combat que l’opinion congolaise remportera ». Visiblement, il est encore loin d’être suivi.
Mathieu Olivier
JeuneAfrique