Alors que l’UNESCO place cette journée internationale 2016 sous le thème d’accès à l’information et aux droits fondamentaux, en RDC, JED déplore la dégradation constante du climat de travail des journalistes

Alors que le monde entier a célébré, hier mardi 3 mai 2016, la Journée internationale de la liberté de la presse, et que toutes les caméras du monde sont braquées sur la République démocratique du Congo (RDC) où se déroulent les obsèques de l’une de plus grandes stars de la musique congolaise, Papa Wemba, une dizaine de médias congolais n’ont pas été autorisés à couvrir l’événement, constate l’ONG Journaliste en Danger (JED).
Ces médias appartiennent à l’opposition et ont été réduits au silence depuis plusieurs mois.

Il s’agit, entre autres, de quatre principales chaînes de télévision émettant à Lubumbashi, chef-lieu de l’ex-province du Katanga, considéré comme le bastion du groupe des sept partis politiques (G7), dissidents de la Majorité Présidentielle(MP) qui accusent Joseph Kabila de vouloir modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

Pendant que l’UNESCO place cette 25ème journée sous le thème » L’accès à l’information et aux droits fondamentaux, c’est votre droit « , JED déplore la dégradation constante du climat de travail des journalistes et le rétrécissement continu des espaces de liberté et d’expression.

JED demande instamment aux plus hautes autorités congolaises de libérer ces espaces et d’ordonner la réouverture de tous les médias actuellement fermés sur l’ensemble du pays, pour des motifs politiques inavoués.

Dix médias réduits au silence

A cette occasion, JED publie même une liste de dix médias fermés par le pouvoir en place.
Il s’agit, à titre illustratif, de :

1. » La Voix du Katanga « , chaîne émettant à Lubumbashi, et propriété de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, ancien président de l’Assemblée provinciale du Katanga, interdite de fonctionnement depuis vendredi 11 mars 2016 par le ministre des Médias, Lambert Mende, pour » non-paiement de la redevance annuelle » et de fonctionner sans » permis d’exploitation « .
Une accusation rejetée par les responsables de ce média.

2. Nyota TV et la Radiotélévision Mapendo, médias appartenant à Moïse Katumbi, ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga, fermées le 28 janvier 2016 sur ordre du ministre des Médias pour » non-paiement de frais relatifs à la déclaration préalable » et » non-respect des conditions légales de diffusion « .
Malgré toutes les preuves de paiement de différentes taxes, la mesure prise par le ministre des Médias n’a toujours pas été levée.

3. Radiotélévision Lubumbashi JUA (RTLJ), une chaîne appartenant à Jean-Claude Muyambo, ancien cadre de la mouvance présidentielle, est toujours interdite de fonctionnement depuis le lundi 24 novembre 2014 par le ministre Lambert Mende pour » non-respect des dispositions légales de diffusion des entreprises privées du secteur audiovisuel, incitation à la haine et à l’insurrection (…) ».

4.Radio Owoto, chaîne émettant à Lodja, chef-lieu de la nouvelle province du Sankuru, et propriété de Christophe Lutundula Apala, député national et membre du groupe de sept partis politiques qui ont fait dissidence dans la Majorité présidentielle, a cessé d’émettre depuis le jeudi 17 septembre 2015 à ce jour.

Les équipements de ce média ont été saisis par le responsable local de l’ANR agissant sur ordre de la » haute hiérarchie « , avant d’être restitués plusieurs semaines plus tard.

5. Canal Kin, chaîne privée émettant à Kinshasa, et appartenant à l’opposant Jean-Pierre Bemba, demeure toujours interdite d’activités depuis le vendredi 16 janvier 2015 par les autorités gouvernementales. Ce média a été fermé pour avoir diffusé un message de l’opposition appelant la population à manifester contre les tentatives de modification de la Constitution.

6. Radio Liberté Beni, station émettant à Beni, dans la province du Nord-Kivu, propriété de l’opposant Jean-Pierre Bemba, est toujours fermée depuis le 14 novembre 2014 par le ministre des Médias qui l’accuse d’avoir diffusé des émissions et messages appelant la population à se soulever contre les autorités nationales et contre la MONUSCO.

7. Le signal d’émission de la radio française RFI a été coupé, mardi 16 février 2016, simultanément à Kinshasa et à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, à l’Est de la RDC. Selon le ministre de la Communication et des Médias, il s’agissait d’une mesure conservatoire prise par les autorités locales pour empêcher ce média de » mettre de l’huile sur le feu « .

En effet, alors que les principaux partis de l’opposition avaient décrété une » journée ville morte » pour exiger le respect de la Constitution qui interdit au président Joseph Kabila de briguer un troisième mandat, le signal de RFI a été coupé dès les premières heures de la journée, et n’a pu être rétabli qu’en début de soirée.

Au Kasai-Central, les émissions de Canal 13, Radio Télé Chrétienne (RTC), Kasaï Horizon Radio Télévision (KHRT), Channel Média Broad Casting (CMB) et Full Contact Radio, Radio Shalom, stations de radio émettant à Kananga, chef-lieu de cette nouvelle province, ont été fermées.

La décision a été prise depuis vendredi 22 avril 2016 par la Direction Générale des Recettes Administratives et Domaniales (DGRAD), un service public de parafiscalité qui reproche à ces médias le non payement des frais relatifs à la déclaration préalable d’ouverture des médias.

41 cas d’attaques dirigées contre les journalistes

Au total, en l’espace de six mois, soit depuis la publication de son dernier Rapport 2015 qui avait recensé au moins 72 cas, Journaliste en danger (JED) a documenté au moins 41 cas d’attaques dirigées contre les journalistes et contre les médias.

Au moment où le monde célèbre cette journée dédiée à la liberté de la presse, au moins 2 journalistes croupissent en prison ; une dizaine de médias sont fermés sur l’ensemble du pays, tandis qu’au moins 15 journalistes ont été arrêtés et privés de liberté pendant de longues périodes.

A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse 2016, Reporters Sans Frontières (RSF) a lancé une campagne qui dénonce la dégradation profonde de la liberté de la presse dans douze pays dont les dirigeants ont muselé l’information. La campagne est affichée dans les rues de Paris et déclinée sur des formats adaptés aux réseaux sociaux.
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