Dans cette interview qu’il a accordé à 7sur7.cd en rapport avec l’actualité, l’opposant Gabriel Mokia fait un réquisitoire sévère contre la justice congolaise.

7sur7.cd/ Votre réaction par rapport à l’affaire Moise Katumbi. Il a été inculpé pour recrutement de mercenaires étrangers et atteinte à la sécurité de l’Etat. Néanmoins, la justice l’a autorisé à aller se faire soigner en dehors du pays.

Gabriel Mokia / Présentement, au nom de mon Parti le MDCO, j’écris une lettre au Procureur Général de la République et au Ministre de la santé pour qu’ils examinent les dossiers de santé de Jean Claude Muyambo, Eugene Diomi et Christopher Ngoy et les autorisent à aller se faire soigner dans les établissements médicaux de leur choix à l’extérieur du pays. Ils vont s’engager à revenir au pays dès qu’ils auront fini leurs soins. Puisque désormais, le cas Katumbi constitue une jurisprudence. Et personne ne pourra mettre en doute leur engagement. Moise Katumbi est inculpé. Ce qui veut dire que 5 jours après, il va passer à la chambre du conseil. Du moment que le Parquet général l’autorise à sortir du pays pour une durée indéterminée, logiquement son infraction est nulle et de nul effet. A son retour, il ne fera l’objet d’aucune poursuite et vaquera librement à ses occupations. Souvenez-vous de ce que je vous avais dit il y a quelques jours. Ce dossier est une mascarade. Le scenario a abouti au départ de Moise Katumbi pour l’Afrique du Sud. Ce qui est une bonne chose. Les amis se sont retrouvés dos au mur, c’est-à-dire il n’y avait pas de mercenaires. Parce que nous constatons que la plupart des dirigeants des institutions congolaises ont des gardes du corps étrangers. Nous le savons et le voyons. Si Moise Katumbi s’est attaché un américain comme garde du corps, pour moi il n y a pas à en faire un problème. Tout comme moi aussi, je peux me faire garder pas 5 ou 6 boxeurs et écrire au ministre de l’intérieur pour qu’ils soient armés. Cette affaire est close, à mon avis. Le mandat d’arrêt provisoire prend 5 jours. Or, à son retour au pays, ce temps sera écoulé. Le tribunal va constater que le dossier est hors delais.et l’affaire est réglée.

7sur7.cd/ Pourtant la législation congolaise interdit qu’on ait des gardes du corps étrangers en RDC…

Gabriel Mokia / cette interdiction ne doit pas être sélective. Elle doit concerner tout le monde. Sinon, elle est sans objet.

7sur7.cd/ Que voulez-vous insinuer ?

Gabriel Mokia / Ce sont des manœuvres de la majorité qui cherche la personne qui pourra prendre le pouvoir et les sécuriser parce qu’ils ont commis beaucoup de bévues et ont peur du lendemain. Gabriel Mokia a toujours dit la vérité. Et l’avenir lui a toujours donné raison. Comme Katumbi n’avait commis aucune infraction, il est sorti libre. Souvenez-vous : j’ai été arrêté 6 fois par Joseph Kabila. Une fois j’ai souffert de tension pendant plus de 40 jours et ai demandé qu’on m’autorise à sortir pour me faire soigner. Ils avaient refusé catégoriquement.

7sur7.cd/ Peut-être qu’ils craignaient que vous puissiez fuir…

Gabriel Mokia / Moi fuir ? J’ai beaucoup investi au Congo et ai ma famille ici. Je suis président d’un parti politique. Rien ni personne ne peut me faire fuir ce pays. D’ailleurs, je n’aime même pas trop voyager hors de la RDC. Le dossier Katumbi étant bouclé, parlons maintenant des dossiers Muyambo, Ngoy, Diomi et tant d’autres. Ils doivent bénéficier des autorisations pour se faire soigner. Ils ne fuiront pas parce qu’ils mènent un combat de conquête du pouvoir ici au Congo.

7sur7.cd/ Et si la justice leur refuse cette faveur ?

Gabriel Mokia / Ne souhaitez pas cela, puisqu’il y a désormais une jurisprudence. Je sais que ma lettre aura une suite favorable et ces messieurs auront aussi la chance d’aller se faire soigner comme Katumbi.

7sur7.cd/ Quel commentaire vous inspire l’arrêt rendu par la Cours constitutionnelle au sujet de la requête en interprétation de l’article 70 de la Constitution en relation avec les articles 75, 76, 103, 105 et 197 de la même Constitution, arrêt qui dit que l’article 75 alinéa 2 permet au Président de la République actuellement en exercice de rester en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu, en vertu du principe de continuité de l’Etat ?

Gabriel Mokia / L’arrêt doit plutôt se référer à l’article 220 de la constitution. Le mandat du Chef de l’Etat ne peut pas être modifié de la sorte. C’est à cet article que le peuple congolais doit se référer dans le cas d’espèce. Si la cours constitutionnelle a eu peur de Joseph Kabila, la Constitution n’a pas peur de lui. L’arrêt de la Cour n’est pas au-dessus de la Constitution. Il ne change rien au fait que le 19 décembre 2016, c’est la fin du mandat du président actuel de la RDC. Il n’y aura pas de vide juridique. C’est au Sénat d’organiser les élections telles que c’est prévu par la constitution.

7sur7.cd/ Même si le Sénat est lui aussi hors mandat…

Gabriel Mokia / A ce moment-là, nous allons nous réunir 4 jours avant la fin du mandat du Président actuel pour décider de qui va gérer la transition. Même Gabriel Mokia est partant pour gérer cette transition. Ainsi on mettra fin à la situation d’insécurité qui prévaut dans la partie Est dont Beni. Cette situation étant entretenue par le Rwanda et l’Ouganda .Il n’y aura pas vide juridique. Joseph Kabila a géré le pays pendant 15 ans. Il sait que le peuple congolais veut passer à autre chose. Surtout avec la gestion catastrophique qui a caractérisé son régime. Il n’y a plus de route, plus d’électricité. Comme il a lamentablement échoué, le peuple ne veut plus de lui. Donc, le 20 décembre, il va remettre le pouvoir à un Président intérimaire qui aura pour tâche d’organiser les élections.

7sur7.cd/ Et toutes ces institutions qui sont hors mandat ?

Gabriel Mokia / C’est la faute du président Kabila. Parce qu’il n’a pas voulu organiser les élections dans les délais. Il n’a qu’à s’assumer.

7sur7.cd/ Un mot sur les tueries de Beni ?

Gabriel Mokia/ selon les infos en notre possession, l’idéal est que tous les contingents africains noirs originaires de l’Afrique de l’Est soient écartés. Il se pourrait que la nuit, ils se transforment en bourreau. La population n’en veut plus. Comment pouvez-vous comprendre qu’on puisse arrêter des gens venus justes manifester leur solidarité à l’endroit de nos frères et sœurs de Béni et ses environs, comme cela a été le cas avec Albert Moleka et les autres, ici à Kinshasa ? Les autorités congolaises n’ont-ils pas quelque chose à se reprocher ?

Propos recueillis par José BOOTO
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