Accusé formellement le mercredi 04 mai 2016 d’avoir recruté des mercenaires étrangers et de vouloir déstabiliser les institutions de la République, Moïse Katumbi, l’ex-gouverneur de l’ancienne province du Katanga était donné pour arrêté hier jeudi 05 mai dans la matinée. Des sources contactées par Le Phare ont démenti l’arrestation du président du TP Mazembe mais confirmé la persistance d’une forte présence policière autour de sa résidence, au quartier Golf. Selon l’intéressé lui-mêmes, c’est grâce à la Monusco qu’il a échappé à une arrestation. C’est à l’arrivée des casques bleus dans sa résidence que la police congolaise a décroché.

A en croire son entourage, des policiers y patrouillent jour et nuit depuis le meeting, jugé non autorisé, qu’il avait tenté d’organiser le dimanche 24 avril 2016 à Lubumbashi et qui était dispersé par les forces de l’ordre. Moïse Katumbi serait-il en résidence surveillée ? Officiellement non… Toutefois, l’injonction donnée par le ministre Thambwe Mwamba au Procureur Général de la République d’ouvrir une enquête à sa charge, au motif qu’il détient la preuve palpable du recrutement et de l’utilisation des mercenaires étrangers à son
service, laisse penser que sa mise en accusation et son arrestation seraient imminentes.

On rappelle que selon l’acte d’accusation égrené par le ministre de la Justice devant la presse, 658 Américains ont franchi la frontière congolaise, à partir de l’ex-Katanga, entre janvier et avril 2016. Un certain Lewis Dari, ex-Marines dans l’armée américaine de 1985 à 1989, et actuellement entre les mains des services spéciaux à Kinshasa, est présenté comme le cerveau moteur de la bande des mercenaires au service de Moïse Katumbi.

Auditionné en présence du Chargé d’Affaires et du Consul des USA à Kinshasa, a indiqué le ministre de la Justice, Lewis Dari a révélé avoir déjà collaboré avec le group Black Walter Security, spécialisé dans l’utilisation des mercenaires à travers le monde et qu’il a déjà effectué des missions en Afghanistan, au Kosovo, en Irak, au Burundi et aux Emirats Arabes Unis. Sa spécialité consiste en la protection rapprochée des personnalités, l’entrainement, la formation, l’anti-terrorisme, le maniement d’armes, etc. Bref, selon Tambwe Mwamba, cet Américain fait partie d’un redoutable réseau basé en Virginie, aux USA, qui opère sous le label de Jones Group
International, dont le relais congolais est Bomba Security, une société de gardiennage illégale dirigée par un acolyte de Moïse Katumbi, un certain Muasilua Corneille.

Moïse Katumbi parle d’allégations mensongères

Réagissant hier aux accusations portées contre sa personne par le ministre de la Justice, Moïse Katumbi les a qualifiées de « mensongères et farfelues ». S’agissant de l’enquête à ouvrir à sa charge, il a exigé qu’elle ait un caractère international. Celui qui est connu pour être l’auteur de la célèbre métaphore sur le « troisième faux penalty » – une expression de son opposition au troisième mandat du Chef de l’Etat actuellement en fonction – vient de lever le voile sur ses ambitions politiques, en annonçant, le mercredi 04 mai, sa candidature à l’élection présidentielle supposée se tenir en novembre 2016.

Du « Coup monté et manqué » au pasteur Mukungubila

L’affaire Moïse Katumbi intervient à un moment de fortes turbulences politiques. D’où, l’opinion tant nationale qu’internationale, fortement intéressée par le dossier, attend des limiers du Parquet général de la République des investigations sérieuses, de nature à faire éclater la vérité. Le vœu de tous qu’il ne reste aucune zone d’ombre, de façon à éviter la contestation des résultats d’enquête et, au finish, la sanction qui devrait en découler au niveau des instances judiciaires. S’il faille interpeller l’incriminé, le faire arrêter et le traduire en justice, la moindre des choses serait d’établir clairement sa culpabilité.

Le souci des millions des Congolais et Congolaises est que les gestionnaires du dossier de ce candidat à la présidentielle de 2016 leur permettent de savoir si l’affaire des mercenaires repose sur des faits palpables et indiscutables. Car, la crédibilité du pays est en jeu, du fait de l’implication des citoyens dont la nationalité peut prêter à équivoque, en raison de la position de leur pays face au processus électoral.

L’histoire récente du pays est tellement truffée de vrais-faux complots que cela laisse souvent un arrière-goût de règlements des comptes. C’est le cas par exemple du « Coup monté et manqué » en 1975, sous le régime de feu le Maréchal Mobutu, auquel personne n’avait accordé le moindre crédit. On allait se rendre compte, au terme du procès, que l’armée nationale était soumise à une véritable épuration de plusieurs de ses officiers supérieurs, dont les généraux Katsuva, Tshikeva et Utshudi, le colonel Omba, le major Mpika, etc.

La seconde épuration allait intervenir en 1978, avec le procès des « Terroristes », marquée par l’affaire des « enveloppes », à savoir le renvoi de l’armée d’officiers généraux, supérieurs et sous-officiers originaires du Bas-Congo, du Bandundu, des deux Kasaï, du Katanga et du Kivu. C’était le début de la désintégration des ex-FAZ (Forces Armées Zaïroises), incapables faire face aux invasions du pays par les Tigres de Mbumba Nathanaël en 1977 (guerre des 80 jours avec l’appui des soldats marocains) et les rebelles de Laurent Désiré Kabila à Moba en 1978, puis taillées en pièces par l’AFDL en 1997.

Il y a aussi le procès des « Mutins de la Voix du Zaïre » (1992), un groupe de sous-officiers et soldats semi-analphabètes accusés d’avoir voulu renverser Mobutu après s’être présentés à la télévision nationale à bord d’un bus de transport en commun. On n’a pas oublié la randonnée d’Eric Lenge, tout seul, à travers les artères de Kinshasa, après avoir déclaré à la radiotélévision nationale que le régime Kabila venait de tomber, avant de disparaître dans la brousse de N’Djili/Brasserie, dans la banlieue Est de Kinshasa. On se souvient aussi des attaques du Camp Tshatshi, de la RTNC, des aéroports de Lubumbashi et de Kindu, par des adeptes du pasteur Mukungubila le 30 décembre 2013, avec des armes rudimentaires, des machettes et des flèches… en vue de renverser les institutions républicaines.

Enfin, il y a eu le procès d’Etienne Kabila Taratibu et plusieurs Congolais accusés de préparatifs d’une insurrection armée contre le pays à partir du territoire sud-africain, acquittés l’année dernière, faute de preuves. Il y a tellement de complots dénoncés et procès menés dans des onditions peu claires que le peuple congolais voudrait connaître la vérité vraie dans le dossier de Moïse Katumbi.
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