
Dans son adresse à la presse, Lumuna Ndubu évoque plusieurs éléments prouvant à suffisance qu’il y a impossibilité d’aller aux élections en RDC. D’ici le 20 décembre 2016, toutes les institutions politiques congolaises seront hors-mandat. Et, par conséquent, elles seront sans légitimité. L’organisation des élections qui sont les voies pacifiques de transfert du pouvoir marchent à pas de tortue. La CENI éprouve pas mal de difficultés. Notamment, les fonds à allouer au nettoyage du fichier électoral, estimés à 200 millions de dollars américains alors que le coût total des élections varie jusqu’à 1 milliard deux cents millions de dollars américains; l’enrôlement de nouveaux majeurs et de la diaspora congolaise, le calendrier électoral global et le bref délai qui reste pour organiser des élections dignes. D’où proviendra ce fonds pendant que le budget du pays est à la baisse? C’est ainsi que Corneille Nangaa estime qu’il lui faut 16 mois pour nettoyer le fichier électoral.
A ces préalables qui divisent la classe politique congolaise, et qui ont cristallisé le débat lors du conclave de Belgique, le Président National de la Droite Plurielle estime que la voie magistrale reste le dialogue politique. L’opposition pense et crie tout haut que « tenir le dialogue, c’est favoriser le glissement ». En réplique, la Majorité s’en tient mordicus, en encourageant Kodjo à continuer son bonhomme de chemin.
Que reste-t-il à dire du dialogue, après que celui sur qui il comptait obtenir la fameuse liste de l’opposition, ait tourné le dos au format Kabila ? Lumuna Ndubu vient rassurer qu’il est toujours possible dans tous les cas, qu’il y ait le dialogue. Il fixe, cependant, lui aussi, une triple préoccupation, à savoir : le respect de résolutions 2098 et 2277du Conseil de sécurité des Nations Unies. A cela s’ajoutera l’Accord-cadre d’Addis-Abeba ainsi que la tradition congolaise en matière de résolution des crises politiques en RDC.
Selon lui, en effet, le dialogue doit aboutir à la mise sur pied d’une transition politique inspirée de l’acte constitutionnel de transition du 19 avril 1994. Celui-ci prévoit : un Président de la République de Transition, une Assemblée Nationale, un Sénat et un Gouvernement dirigé par un premier Ministre de transition. Ce gouvernement de transition va organiser les élections démocratiques, crédibles et transparentes dans un climat apaisé et traiter de quelques questions importantes du pays.
L’acte d’engagement de l’opposition réitère, par contre, son engagement au respect de la Constitution et exige, dans les délais constitutionnels, l’organisation des élections avant le 19 décembre 2016. La MP, fustige les résolutions des conclavistes de Genval et leur reproche d’avoir franchi la frontière. « Car, 56 ans après l’indépendance, ils ont recourt aux mêmes méthodes, aux mêmes pratiques des années 1960 et 1990 qui ont semé le chaos, mis en mal le processus électoral et frappé les structures économiques du pays », a déclaré, ce week-end, Minaku. Dans cette atmosphère caractérisée par une dégénérescence rapide du climat politique, Lumuna lance un appel à la retenue. Tous les acteurs politiques majeurs sont ainsi visés. Car, après tout, ils ont intérêt, eux et leurs mentors, à préserver les acquis de ces quinze dernières années en RDC. Il faudrait simplement qu’ils privilégient l’intérêt général au détriment des appétits gloutons du pouvoir.