
*A l’Ambassade de la Belgique, à Kinshasa, l’ambiance est à la célébration du 185ème anniversaire de la fête nationale du Royaume de Belgique. Michel Lastschenko, diplomate belge en poste en RDC, a choisi un jour, peu avant cette célébration, pour échanger avec quelques journalistes congolais, sur un certain nombre de sujets qui taraudent les méninges de plus d’un au Congo de Lumumba, en Afrique, en Europe et à travers le monde. Il s’agit, entre autres, du dialogue politique qui peine à démarrer suite à certaines divergences d’approche entre la Majorité au pouvoir et l’Opposition, du conclave de l’opposition congolaise à Genval, des élections qui font couler encre et salive, du possible référendum, pour ouvrir la voie à un troisième mandat du Président actuel…
Il est fier de son pays qui a su montrer à la face du monde, il y a peu, la solidité de son administration, en prenant la direction du pays pendant presqu’une année, en l’absence du Gouvernement ; chose rarissime dans l’histoire des institutions. Michel Lastschenko, Ambassadeur de la Belgique, s’est montré très détendu lors des échanges avec une brochette de journalistes congolais. Alors qu’il est presque fin mandat, après quatre ans de direction de la diplomatie belge en République Démocratique du Congo, il a rappelé à ses invités qu’il connaît bien la RDC, pour y avoir exercé un autre mandat entre 1988 et 1992. Pendant ces années, le Congo avait connu un autre tournant de son histoire, avec la période de démocratisation du pays et la tenue de la Conférence Nationale Souveraine. Est-ce un hasard ou c’est en raison de son expérience qu’il soit encore venu en RDC en 2012, alors que le pays a connu une crise dramatique dans l’Est du pays avec la rébellion du M23 ? Le diplomate belge s’est empressé de saluer les efforts de son pays, le Belgique, de la France, des Etats-Unis d’Amérique et de tant d’autres pays qui ont porté haut la voix de la RDC, pour qu’en définitive, le Conseil de Sécurité des Nations Unies puisse doter la Monusco d’une Brigade d’intervention. Celle-ci a eu le mérite de mettre en déroute le M23, a-t-il fait savoir.
Des questions politiques
Alors qu’avec le M23, ce sont des questions sécuritaires, avec la menace de l’unité et l’intégrité du pays, les choses ont évolué, en dépit de quelques poches de résistance ça et là, à travers le Nord-Kivu, a fait savoir le diplomate belge qui a expliqué que depuis 2011, avec l’élection du Chef de l’Etat, Joseph Kabila, pour son second et dernier mandat, ce sont des questions politiques qui ont une prédominance accrue. Surtout que les perspectives de l’organisation des élections ne rassurent pas aujourd’hui, a-t-il renchéri.
Dialogue, seul cadre pour préparer l’avenir
Pays membre de l’Union européenne, la Belgique ne peut se soustraire du soutien que cette institution apporte au Facilitateur désigné, en l’occurrence, Edem Kodjo, a indiqué le diplomate belge, qui invite, par ailleurs, la classe politique congolaise, à s’y investir. «Nous attendons le commencement, pour que les questions majeures soient traitées, en dépit de divergences notées jusque-là. Les parties doivent parvenir à un consensus pour une suite apaisée », a-t-il dit.
Sanction ou vigilance ?
Contrairement à la politique développée par l’administration Obama, s’agissant des sanctions déjà prises contre certains hauts responsables de la RDC, le diplomate belge a soutenu que son pays, bien qu’il puisse défendre le respect de la Constitution de ce pays, est encore au niveau de la vigilance. «Nous attendons la bonne foi des autorités congolaises », a-t-il expliqué, en demandant aux acteurs politiques de se faire plutôt mutuellement confiance, pour qu’il n’y ait pas d’interprétation tordue de certaines décisions.
Genval ?
Pour Michel Lastschenko, il est illusoire de croire que la Belgique s’opposerait à une rencontre des acteurs politiques en Belgique, pays de la vieille démocratie. Si l’opposition politique s’est réunie au Château de Genval, pour harmoniser des vues sur une question politique du pays, il n’y a rien de mauvais dès lors que les lois belges ne sont pas bafouées, a-t-il soutenu.
Elections
Le diplomate belge a évoqué avec ses invités, la question liée aux élections et à leur financement. Quelle est la position de la Belgique quant à ce ? Michel Lastschenko a rassuré que si la centrale électorale publie le calendrier électoral consensuel et présente un plan de financement, il ne voit pas comment son pays, partenaire de la RDC, manquerait d’apporter son appui. Dans cette perspective, il a dénoncé les visées probables de conduire le pays vers le référendum. Cette procédure réduirait en cendres tous les efforts consentis depuis Addis-Abeba, Lusaka, Gaborone et Sun City, ayant conduit la RDC à se doter de la constitution du 18 février 2005, a-t-il insisté. Et, d’ajouter qu’il serait triste pour un pays, qui est déjà arrivé au moment d’une passation pacifique de pouvoir, de ne pas vivre ce moment. «Car, après deux mandats constitutionnels, un président doit savoir passer la main », a-t-il conclu.