Depuis qu’il a fendu l’armure qui le soumettait à un "devoir de silence" en contrepartie de l’autorisation d’aller se faire soigner à l’étranger, Moïse Katumbi Chapwe continue son offensive médiatique doublé des actions de lobbying en Occident. Après sa déclaration du 29 juin, il a accordé des interviews à "La Libre Belgique", Radio France Internationale ainsi qu’à TV5 Monde. On retiendra deux credo. Primo : le respect de la Constitution. Secundo : l’avènement de l’alternance à partir du 20 décembre prochain. Ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende Omalanga, considère cette stratégie de l’ancien gouverneur du Katanga comme "une tentative pathétique de détourner l’attention et distraire l’opinion publique au sujet de ses multiples ennuis judiciaires avec la justice de son pays". La polémique fait rage entre "Lambert" et des katumbistes. Après l’Europe, Katumbi s’est envolé pour les Etats-Unis. Mercredi 13 juillet, il a participé, à Washington, à une table ronde organisée par le think tank "Atalntic Council". "Moïse" en a profité pour pilonner les positions du camp kabiliste. Ambiance!
"Au 20 décembre 2016, le leadership doit changer pour insuffler du sang nouveau et un nouveau type de gouvernance et de transparence à la RDC", a martelé en liminaire Moïse Katumbi qualifiant, au passage, le régime incarné par "Joseph Kabila" de "dictature la plus abjecte".

Elu gouverneur du Katanga en janvier 2007 sous la bannière du parti dominant PPRD, Katumbi a surpris l’opinion congolais le 23 décembre 2014 en lançant sa fameuse parabole du "troisième faux penalty". C’était lors de son retour à Lubumbashi après un long "séjour médical" à l’étranger. Les observateurs avaient compris que "Moïse" venait de prendre ses distances par rapport à la volonté à peine dissimulée du "raïs" de briguer un troisième mandat.

Des analystes estiment que la "rupture" entre Katumbi et "Kabila" a débuté dès le lendemain de la mort accidentelle (?) d’Augustin Katumba Mwanke (AKM), dans un crash aérien non-élucidé à ce jour. C’était en février 2012. "Katumba Mwanke a été une sorte de chef d’état-major de Joseph Kabila, explique un analyste proche de la majorité. C’est Katumba qui avait encouragé ’Moïse’ à se lancer dans la course au gouvernorat du Katanga. Natifs du même coin à la frontière congolo-zambienne, les deux hommes étaient très proches. La mort de Katumba a laissé ’Moise’ inconsolable".

Manque d’humanisme

Selon un autre analyste, la "rupture définitive" entre l’ancien gouverneur du Katanga et le "clan Kabila" serait intervenue après les obsèques de Katumba à Pweto. "Moïse Katumbi est très humain et fidèle en amitié, raconte-t-il. Il est très attaché à certaines valeurs telles que la gratitude. La reconnaissance. Il n’a jamais compris que ’Joseph Kabila’ n’ait jamais été à Pweto pour s’incliner devant la tombe de son ancien plus proche collaborateur qu’était Katumba Mwanke. Moïse a acquis la conviction que le chef de l’Etat est un ingrat, un homme dénué d’humanisme. Et s’il affiche une telle indifférence à l’égard de Katumba, rien n’empêche qu’il inflige le même traitement aux autres collaborateurs".

La suite des événements est connue. Entre décembre 2014 et septembre 2015, les "durs" du régime n’ont pas cessé de promettre des bosses et des plaies à Katumbi. Le 29 septembre 2015, celui-ci a claqué la porte du PPRD tout en démissionnant de son poste de gouverneur. Le 4 mai dernier, l’homme a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2016. C’est la "guerre" avec son lot de procès pour atteinte à la sécurité de l’Etat et autre spoliation immobilière.

A Washington, l’ancien gouverneur du Katanga a sorti l’artillerie lourde. Il a dénoncé l’échec sécuritaire à la lumière des "tueries barbares" qui continuent au Nord-Est du pays. "Tout démontre la faiblesse de la gouvernance du pouvoir central et une absence de leadership clairvoyant qui traduisent par moment une complicité voilée entre les bandes armées et le gouvernement de Joseph Kabila", a-t-il asséné.

Jetant un regard sur le volet social, il a déploré que la desserte en eau potable et en électricité au Congo-Kinshasa soit "la plus faible de la planète". Et ce en dépit du fait que le pays "regorge de l’un des plus importants réserves d’eau douce" du monde.

Katumbi a rappelé, dans la foulée, qu’à l’époque où il était à la tête du Katanga, il avait initié plusieurs projets touchant notamment l’agriculture, les infrastructures, la rénovation et construction des écoles et des hôpitaux. Il a l’ambition d’étendre ces projets au plan national.

Projet d’ élimination physique

La justice congolaise en prend pour son grade. Pour Katumbi, celle-ci est "devenue le bras armé du pouvoir pour faire taire toute velléité de contestation". La Commission électorale nationale indépendante, mêmement.

Pour l’ancien gouverneur du Katanga, "le président Joseph Kabila pratique une gouvernance sans boussole et sans lisibilité". Pour lui, l’homme n’aurait qu’un seul but. A savoir, celui de "s’éterniser au pouvoir". Selon lui, le président sortant cherche à gagner du temps afin de "négocier" avec le successeur de Barack Obama.

Après avoir réaffirmé sa détermination autant que celle de ses pairs de l’opposition à l’avènement de "l’alternance politique pacifique conformément à notre constitution (...)", Moïse Katumbi demande à la communauté internationale non seulement de maintenir mais aussi d’accentuer la politique des "sanctions ciblées". "Je lui demande d’être du côté de notre peuple au lendemain du 19 décembre 2016 pour ne plus reconnaître le président Joseph Kabila comme président de la RDC". Il demande également à la même communauté internationale "d’user de tout son pouvoir pour obtenir la libération des prisonniers politiques et d’opinion (...)" et pour assurer la protection des représentants des forces politiques et sociales de l’opposition.

Notons que "Moïse" a accusé le pouvoir kabiliste de vouloir attenter à sa vie. "C’est le lieu de vous prendre à témoin sur ce qui se trame pour mon élimination physique par la majorité présidentielle (...)". On le voit, entre "Kabila" et Katumbi, c’est la guerre. Qui aura la peau de l’autre?
Baudouin Amba Wetshi
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