
*La Conférence de presse du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RD Congo, Maman Sambo Sidikou, était modérée par Charles Antoine Bambara, Directeur de la Division de l’Information publique de la MONUSCO.
Question 1
Judith Asina/ La Prospérité : Monsieur Maman Sidikou, depuis la semaine passée, les bruits de bottes ont repris au Soudan du Sud. Et, certains pays occidentaux évacuent leurs ressortissants de ce pays. Avec la MONUSCO qui a repris de plus belle [sa] collaboration avec la RDC, quelles sont les dispositions prises pour que les rebelles du Sud Soudanais ne traversent vers la RDC ?
Question 2
Bienvenu Bakumanya/ Agence France Presse : Monsieur Sidikou, vous venez de dire tout à l’heure que vous suggérez aux autorités de prendre des mesures de décrispation. Est-ce que vous pouvez nous dire à quoi vous pensez exactement ?
Question 3
André Ipakala/ La Référence Plus : Monsieur le Représentant spécial, la société civile de Beni ne met plus de gants, elle accuse l’Ouganda d’entretenir toutes les tueries à Beni, quel est le commentaire de la MONUSCO ?
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC [Maman Sambo Sidikou] : Le Soudan du Sud est une immense tragédie, non seulement pour les Sud Soudanais eux-mêmes, mais pour toute l’Afrique et l’humanité toute entière. Vous vous souvenez tous de la grande joie de par le monde, lorsque ce pays a accédé à son indépendance.
C’est une immense tragédie aussi, parce qu’elle nous interpelle en tant qu’Africains, elle interpelle le leadership africain dans son ensemble. Les morts ne se comptent plus et à la veille de l’ouverture du sommet de l’Union africaine (UA), nous espérons que les dirigeants du continent se pencheront avec le Secrétaire général des Nations Unies, de façon très sérieuse pour mettre un terme aux souffrances des populations, mais aussi pour que nous projetions, nous Africains, une autre image de notre Afrique.
Les rebelles du Soudan du Sud, je ne sais pas à quoi vous faites allusion, mais ce que je dirais, c’est d’abord la préservation des frontières de ce pays relève du gouvernement congolais.
Lorsque vous posez un peu des questions sur la MONUSCO de cette façon, vous nous mettez un peu en porte-à-faux par rapport à ce que nous sommes et par rapport à notre mandat. Notre mandat est très clair : protection des civils, soutien à la démocratisation, etc. Mais la sécurité de la RD Congo est l’affaire du gouvernement congolais qui ensuite évidemment fera appel, s’il le veut, à des partenaires.
Ce que je peux vous dire, les informations que j’ai, c’est qu’il n’y a personne qui vient vers la RD Congo en ce moment, le problème se pose beaucoup plus ailleurs. Donc je me contenterai de cette réponse-là.
En ce qui concerne la question de notre confrère, notre ami de l’AFP, lorsque nous faisons appel au gouvernement congolais pour qu’il décrispe la situation, nous avons en particulier à l’esprit la question de respect des libertés qui sont bien inscrites dans la Constitution.
La facilitation de l’Union africaine que nous soutenons, et le groupe de soutien s’est réuni il y a quelques jours, je n’ai plus la date exacte, à Addis-Abeba, et nous avions convenu de nous adresser aux deux parties, le gouvernement et l’opposition, pour créer les conditions d’un dialogue apaisé, d’un dialogue responsable forcément, pour faire en sorte que les Congolais se retrouvent et disent comment ils comptent aller vers les élections apaisées.
Le dialogue. Pour cela, en ce qui concerne le gouvernement, il y a eu un certain nombre de demandes que nous avons au niveau de la facilitation et du groupe de soutien, formulées.
S’il y a des prisonniers d’opinion, moi j’ai vu des listes circuler, je pense qu’il faut faire appel au gouvernement, et nous faisons appel au gouvernement pour qu’il se penche sur la question, pour les élargir et pour créer les conditions d’un dialogue apaisé.
Et c’est cela surtout que nous avons à l’esprit. Il est évident que votre Constitution dit par exemple : il y a le droit de manifester, il y a le droit de se réunir, etc. Ça, ce sont des choses aussi qui sont évidentes, qu’il faut faire respecter et respecter.
Voilà en gros, c’est classique, ce n’est rien de nouveau, dans le monde entier cela s’est vu. Lorsqu’il y a des situations d’impasse ou de crispation, il y a des demandes d’un côté et de l’autre, les partenaires et ceux qui aident à la facilitation voient ce qu’il faut faire et s’adressent aux deux parties pour que cela se passe dans les conditions.
Par exemple hier, des membres d’opposition sont venus me voir, des gens de rassemblement. Ils m’ont dit : le président Tshisekedi [du parti politique UDPS] arrive bientôt. Et nous pensons à un meeting le 31 [juillet] et nous souhaiterions que vous nous aidiez dans ce cadre-là. Evidemment, nous les avons encouragés à aller vers les autorités compétentes en la matière. Si c’est à Kinshasa, c’est le gouverneur et tous ceux qui sont en charge de la ville.
Cela s’est vu avant, il y a eu des marches, il y a eu des meetings auparavant. Nous sommes, nous avec eux, allés discuter avec le gouverneur pour que cela se passe dans les conditions qu’il faut. Donc notre rôle consiste à rappeler qu’il y a des dispositions de la Constitution qui sont à respecter.
Maintenant en ce qui concerne la question par exemple des détenus d’opinion, cela relève directement du Président de la République, dont c’est la prérogative essentielle d’accorder des grâces ou de prendre en considération les demandes.
Nous parlons également au Président de la République bien entendu, nous parlons à d’autres également. Je pense que c’est là en fait votre question si je comprends bien, c’était de savoir à quoi je pensais. C’est à tout cela que je pensais.
La société civile de Beni accuse l’Ouganda, mais la société civile de Beni dit aussi que la MONUSCO et les FARDC ne font pas grand-chose pour faire face à la situation qui se pose sur le terrain.
Laissez-moi vous dire que la situation est beaucoup plus compliquée qu’on la voit d’ici. Et moi j’espère que vous et nous irons un peu plus souvent sur le terrain.
Je vois que Mme Sonia Rolley de RFI est depuis quelques jours sur le terrain, elle fait des reportages de là-bas. Et moi je vous encourage également à aller voir de vous-mêmes sur le terrain ce qui se passe.
La situation est difficile, elle est complexe, le terrain n’est pas aussi simple qu’on ne le croit. Et on ne sait même pas exactement qui est l’ADF. Il y a certainement l’ADF que nous avons connue à l’époque, les [éléments de] l’ADF qui sont venus d’Ouganda. Il y a d’autres groupes qui peut-être aussi en profitent pour [commettre] des exactions.
Ma réponse fondamentale est ceci : je n’ai pas de preuves que c’est l’Ouganda. Rien ne me dit que c’est l’Ouganda. Je ne peux pas accuser un pays voisin et frère.
Par contre, la société civile est l’alliée de choix, l’alliée principale et des FARDC et de la MONUSCO pour nous informer de ce qui se passe dans sa région, pour nous informer de ce qui se passe dans ces milieux-là.
En un mot, il nous sera possible de juguler ce qui se passe là-haut [seulement] si nous avons les informations que nous donne la population.
Comment voulez-vous qu’un soldat malawite ou autre fasse la différence entre un habitant et quelqu’un qui lui ressemble et qui le soir est tout à fait normal et le lendemain est quelqu’un qui tue.
Donc, moi je demande que la société civile et nous, nous mettions davantage ensemble avec les FARDC pour déterminer qui sont les ennemis du peuple congolais, qui tuent et qui fait [commettent] des exactions. Voilà, je m’en tiendrai à ça. Peut-être que nous reviendrons sur la question.
Je sais que le ministre de la Défense vient de revenir de cette zone. De façon très claire, il a réitéré que nous allons, nous la MONUSCO avec les FARDC, nous engager davantage pour combattre ces forces négatives-là. Mais il a aussi souligné, si vous l’avez écouté ce matin comme moi, la difficulté du terrain et la complexité aussi de la tâche pour déterminer qui est qui, et pour faire le point et ensemble revoir les stratégies, pour mieux combattre les forces négatives du côté de Beni.
Mais je voudrais rappeler ici, mais aussi à beaucoup ici et ailleurs d’ailleurs, qu’au-delà de la politique politicienne que nous vivons tous en ce moment à Kinshasa, notre rôle primordial à nous tous devrait être la protection des civils et doit être la protection des civils.
Question 4
John Ngombwa/ Antenne A TV : Monsieur Sidikou, pouvez-vous nous dire si le dialogue politique a déjà été convoqué ou le sera. S’il le sera, qui devra le convoquer ?
Question 5
Anthony Shamba/ Raga TV : Pour abonder dans le même sens que mon confrère, véritablement il y a un problème, c’est-à-dire que nous avons d’un côté des gens qui veulent que le dialogue soit convoqué sous le format de la Résolution 2277, et de l’autre [côté, des gens] qui disent qu’il y a déjà une ordonnance présidentielle qui a convoqué le dialogue ; il y a des gens qui veulent que les élections soient organisées dans les délais constitutionnels, il y a d’autres qui s’appuient sur l’arrêt de la Cour constitutionnelle, donc le Président de la République reste en place, même s’il n’y a pas d’élection.
Et puis au-delà de tout ça, il y a la centrale électorale qui, elle, dit qu’il nous faut 17 mois pour que nous puissions avoir un fichier [électoral révisé], vous connaissez tout cela. Monsieur Maman Sidikou, je veux savoir, -vous dites que vous allez appeler le gouvernement et l’opposition pour décrisper la situation-, qu’est-ce qui doit être concrètement fait ? Est-ce qu’il faut que les gens se débrouillent ? Est-ce qu’il faut qu’on rapporte l’arrêt de la Cour constitutionnelle, qu’est-ce qui doit être concrètement fait, pour que ce dialogue puisse être finalement convoqué ?
Question 6
Habibou Bangré/ Le Monde Afrique : Vous insistiez sur la nécessité d’élections crédibles et apaisées. Le dialogue n’a pas commencé, le processus électoral avance difficilement, il manque d’argent, est-ce que vous pensez que la présidentielle peut toujours se dérouler le 27 novembre ?
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC [Maman Sambo Sidikou] : Merci. Parfois j’ai l’impression que nos amis journalistes, j’ai été journaliste, nous embrouillent autant que les hommes politiques, franchement. Je vais être précis par rapport à ça.
Il y a un dialogue qui a été appelé par le Président de la République qui, est à ma connaissance, le président légitime de ce pays. Un facilitateur a été nommé par l’organisation continentale, l’UA, au nom du principe de subsidiarité qui fait que l’UA passe avant nous autres des Nations Unies, quand il s’agit des affaires du continent. Un facilitateur est à l’oeuvre, soutenu par un groupe d’appui dont je vous ai donné la composition tout à l’heure. Le facilitateur travaille. De plus en plus, même ceux qui ne vont [n’allaient] pas vers lui, vont vers lui. Et nous espérons qu’il va bientôt s’exprimer.
Je sais que le facilitateur est rentré hier soir, il est encore à Kinshasa, et toute initiative viendra de ce côté-là et sera l’aboutissement des consultations qu’il mène en ce moment. Donc, je ne veux pas entrer dans les détails de par qui, etc. parce que c’est assez évident enfin à mon sens.
Les deux autres questions sont liées. Elles ont trait à la Résolution 2277 ou à d’autres interprétations que nous avons sur quelle base on doit faire le dialogue ? Et ensuite il y a aussi la question de la durée que la CENI a évoquée par rapport au fichier électoral, etc., et est-ce que les élections auront lieu le 27 novembre ?
Je vais essayer de ramasser mes réponses et dire ceci : il y a des gens qui voient une contradiction entre la 2277 et l’appel au dialogue. Je regarde mes papiers, voici ce que dit le Conseil de sécurité : « Le Conseil de sécurité souligne l’importance d’un dialogue véritable pour que les élections présidentielle, législatives soient pacifiques, crédibles et conformes à la Constitution. Et de l’autre, le Conseil demande au gouvernement de faire une priorité de la tenue des élections présidentielle et législatives prévues en novembre 2016 conformément à la Constitution ». Il est clair que dans l’esprit du Conseil, ces deux exigences vont de pair car, la première, c’est-à-dire le dialogue doit mener à la deuxième, c’est-à-dire les élections.
Mais souvenez-vous, je fais partie de ceux qui vous ont dit depuis longtemps ici, qu’en dernière analyse, ce sont les Congolais qui décideront de quand leurs élections vont avoir lieu et la forme et le format du dialogue, etc.
La communauté internationale accompagne, lorsqu’elle dit « des élections conformément à la Constitution », elle s’en tient aux textes normaux du pays, ce qui est tout à fait dans l’ordre des choses.
Mais le fait qu’elle appelle au dialogue est quand même une invitation pour que les Congolais se mettent d’accord, se rendent comptent que la solution se trouve entre leurs mains.
La CENI dit dans son rôle, et c’est une structure technique, elle dit 16 mois et un jour pour réviser le fichier électoral. Révision complète.
Les Nations Unies envoient une équipe ici qui fait des études et dit vous avez le choix : ou vous faites les élections le 27 novembre avec le fichier actuel, si vous êtes d’accord avec, mais ça c’est seulement un consensus qui vous permet d’y arriver ou, -et ils font aussi leurs études-, ou on fait une révision partielle sur neuf mois, c’est jouable, mais on dépasse ce que la Constitution dit, c’est-à-dire que ce ne sera pas le 27 novembre, bien entendu. Ou alors dix mois pour une révision complète du fichier.
L’un dans l’autre, lorsque nous voyons ce que les techniciens disent, que ce soit ceux de la CENI, des Nations Unies, ou que ce soit même l’IFES des Etats-Unis, nous arrivons plus au moins à douze mois. Dans les trois quarts, c’est à peu près ça. A partir du moment où la CENI commencera en fait, c’est douze mois. Vous demandez mon avis, je vous l’ai dit dans mon introduction en liminaire, je ne vois pas d’élections le 27 novembre.
Maintenant, si on se met d’accord dans ce pays pour aller à des élections le 27 novembre, nous, nous applaudirons, on dira on y va, c’est vous qui décidez, ça veut dire que vous avez décidé d’y aller avec votre fichier actuel, etc. Donc, faisons attention à ce que nous faisons dire à la 2277.
D’autre part, souvent on nous parle de l’article 70 ou des interprétations de l’article 70 de la Constitution, en nous disant que ce n’est pas normal, que ce n’est pas légal, etc. Nous, nous nous en tenons aux institutions, à ce que décident les institutions de ce pays.
Il n’appartient pas aux Nations Unies de commenter une décision d’une instance comme la Cour constitutionnelle. Donc, nous nous limitons à souhaiter que quelle que soit l’interprétation qu’on fait, les résultats soient un renforcement des institutions, de la démocratie constitutionnelle et des droits de l’Homme en RDC, puisque c’est important pour nous les droits de l’Homme.
Je pense que la controverse tient très probablement au fait que la décision de la Cour [constitutionnelle] est interprétée de manière différente selon la sensibilité de chacun. Mais je crois qu’il y a aussi un article très précis, - je ne sais plus lequel, habituellement j’ai ma Constitution sur moi-, qui dit que la décision de la Cour s’impose à tous. Donc, je voudrais m’en tenir à ça. Merci bien.
Question 7
Feza Mika/ B-One Télévision : Monsieur le Représentant spécial, quelle est votre réaction par rapport à ce que la RDC qualifie d’ingérence extérieure ? Je fais notamment allusion aux injonctions de la communauté internationale par rapport au processus électoral, ainsi qu’à quelques sanctions infligées contre quelques personnalités de la République démocratique du Congo ?
Question 8
Luc Roger Mbala/Le Nouvel Observateur : En marge de festivités marquant le 56e anniversaire de l’indépendance de la RDC, vous avez eu des entretiens avec le Chef de l’Etat, le Président Joseph Kabila. Je voudrais savoir : quelle a été la substance de ces entretiens ?
Question 9
Geneviève Makulu/ Kin 24 Télévision : J’abonde dans le même sens que ma consoeur de B-One par rapport aux sanctions infligées à certaines autorités. Je voudrais demander à monsieur le Représentant spécial, dans quelles circonstances un pays ou les Nations Unies peuvent infliger des sanctions à un individu [au citoyen] d’un pays ?
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC [Maman Sambo Sidikou] : Je ne vais pas commenter les ingérences extérieures et tout ça. Ce que je peux dire par contre par rapport aux sanctions, c’est que le gouvernement américain qui a imposé des sanctions je pense à l’encontre du Général Kanyama, le Commissaire principal de la PNC de Kinshasa. C’est la seule, à ma connaissance, sanction effective récemment prise à l’égard d’un responsable en RDC.
Cette décision n’émane pas des Nations Unies. Il s’agit donc d’une décision souveraine prise par un Etat-membre des Nations Unies, en l’occurrence les Etats-Unis d’Amérique.
Je ne connais pas la situation personnelle du Général Kanyama pour parler du type de sanctions ou de la gravité de cette sanction. Donc, je ne ferai pas de commentaire là-dessus.
Nous savons par ailleurs qu’un projet de résolution liée au respect de la démocratie constitutionnelle en RDC a été introduit au Congrès des Etats-Unis. Cette résolution pourrait déboucher sur des sanctions ciblées ou générales, mais je n'ai aucune indication sur le sort qui pourrait être réservé à ce projet de texte.
Ce que je peux vous dire, c’est que nous, Nations Unies, n’avons pas pris de sanctions contre X ou Y.
Le 23 juin, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2293, dans laquelle il exprime, et là je cite : ‘’Sa préoccupation face au rétrécissement de l’espace politique dans le pays. Et rappelle la nécessité d’un dialogue politique, ouvert, inclusif et pacifique centré sur la tenue des élections, associant toutes les parties prenantes’’.
‘’La résolution’’, la 2293 donc, exhorte également le gouvernement et toutes les parties concernées à créer les conditions nécessaires à un processus électoral libre, juste, crédible, ouvert, transparent et conforme à la Constitution.’’ Les mots sont clairs.
Maintenant, je voudrais que vous notiez une chose : cette résolution, la 2293, ne mentionne pas de sanctions en l’encontre de la RDC au titre de l’espace politique, ni en relation aux élections.
Maintenant si un matin, un jour, le Conseil de sécurité pense que la situation est tellement grave ici, qu’il y a eu des violations massives des droits de l’Homme, etc., c’est au Conseil de sécurité de nous dire s’il compte prendre des mesures contre telle ou telle personne, telle ou telle personnalité. Pour le moment, on n’en est pas là. Voilà, c’est tout ce que je peux vous donner comme réponse.
Directeur de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Il y avait cette question sur votre rencontre avec le Président Kabila à Kindu, quel était l’essentiel…
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC [Maman Sambo Sidikou] : On ne dit pas tout ce dont on discute avec un chef de l’Etat, ni même avec un ministre
parfois, ni même avec vous parfois. C’était la fête de l’indépendance du pays. Ceux de ma génération savent ce que ça veut dire pour le Congo, ceux de ma génération savent ce que ça veut dire pour le peuple congolais.
J’ai donc dit mes félicitations au Président de la République pour la célébration de l’indépendance. Nous avons évoqué chaque fois que nous nous rencontrons, Lumumba, qui pour moi est une figure marquante dans notre histoire africaine.
Nous avons parlé également de la situation politique, et j’ai réitéré ce que je dis souvent à monsieur le Président de la république chaque fois qu’il me fait l’honneur de me recevoir : ‘’Monsieur le Président, aidez-nous à avancer par rapport au dialogue. Monsieur le Président, il est bon que les Congolais maintiennent le pont entre eux’’. Parce que comme lui-même le dit, la solution aux problèmes de ce pays viendra des Congolais.
Voilà. C’est en gros la teneur des entretiens que j’ai eu avec le Président de la République.
Question 10
Oscar Kabamba/ RTNC : Merci beaucoup monsieur le Représentant. Nous avons l’impression que la gestion des opérations dans l’est, et plus particulièrement à Beni, semble être l’histoire des Forces armées et de la MONUSCO, et de temps en temps la presse souvent semble être ignorée. Alors là, ce n’est pas une question que je pose, c’est tout simplement une suggestion. Je voudrais tout simplement vous demander à vous MONUSCO qui avez assez de moyens et plus particulièrement la mobilité, de bien pouvoir organiser de temps en temps des convois de reportage en faveur de la presse nationale.
C’est bien d’organiser à tout moment des conférences comme celles-ci, ou comme vous en avez l’habitude tous les mercredis, ou encore des déclarations par-ci, par-là, mais nous avons besoin que la presse nationale puisse également être associée et versée sur place à Beni, Goma ou ailleurs, deux, trois, quatre jours, afin de pouvoir faire son travail et rendre compte à sa façon.
Question 11
Séraphin Nkiere May/ Agence Congolaise de Presse : Monsieur le Représentant [spécial] du Secrétaire général des Nations Unies, je me rappelle qu’à son départ, monsieur Kamel Morjane avait les larmes aux yeux et il avait des sentiments, - Kamel Morjane, c’est le premier Représentant spécial ici en RDC -, il avait les larmes aux yeux quand il partait, parce que c’étaient des sentiments d’espoir pour l’avenir de ce pays et en même temps des sentiments doublés de tristesse au regard de potentialités de ce pays.
Et je pensais qu’avec la venue de la MONUC et de la MONUSCO aujourd’hui, ce pays connaîtrait la paix sans laquelle il n’y a pas de développement. Mais aujourd’hui, dix-sept ans
presqu’après, alors que les amis, par exemple le Rwanda, ont pu en quelques années, remplir tous les objectifs du millénaire de développement.
Alors qu’avec la présence de la MONUC et de la MONUSCO en RDC jusqu’aujourd’hui, il me semble que le pays ne fait que reculer à mon avis. Quel est le remède fort que vous entendez administrer à ce pays, parce que sans paix il n’y pas de développement, sans justice il n’y a pas de développement. Et, qu’est-ce que vous entendez réellement administrer à ce pays, au moment où vous venez justement de prendre les rênes de la MONUSCO ?
Question 12
Alain Muzi/ Radio Eglise du Christ au Congo : Monsieur le Représentant spécial, c’était une rumeur, ça devient de plus en plus expressif dans le milieu de la Majorité présidentielle, on parle de référendum, voir comment réviser la Constitution en vue d’octroyer un troisième mandat à Joseph Kabila. Quelle est votre position par rapport à cela ? Ne craignez-vous pas que cela puisse compromettre le dialogue que vous préconisez ?
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC [Maman Sambo Sidikou] : En fait, on avait déjà promis, monsieur le Directeur de l’information publique, à la presse nationale quelle serait souvent avec nous sur le terrain.
En fonction de ce que le théâtre des opérations permettra, et ça nous [le] verrons avec les FARDC et notre Force, il est essentiel que vous soyez sur le terrain pour informer le public congolais, parce que vous avez vos sensibilités, vous avez votre connaissance du terrain et cela peut aider.
Je me rends compte certainement que d’autres le font plus souvent que vous, et je me demande s’il y a des demandes effectivement de votre part pour y aller. Il faudrait que je vois de plus près. C’est parfaitement faisable et nous en avons besoin.
Pour en revenir à la question qui avait été posée sur la société civile, peut-être que vous trouverez les mots aussi pour que la société civile joue plus pleinement son rôle non seulement de critique mais aussi de contribution à la solution des problèmes. Donc nous sommes ouverts dans la mesure du possible, dans la mesure de ce que le théâtre d’opération permet d’être accompagné par la presse. Moi, je compte y retourner incessamment, donc il faut que je voie avec le Directeur de l’information publique pour qu’on y aille ensemble.
Séraphin Nkiere a fait part des larmes d’un de mes prédécesseurs. Croyez-moi, nous sommes des êtres humains. Monsieur Morjane, Africain comme moi, voit certainement le potentiel de la RDC non seulement pour la RDC et son peuple mais pour toute l’Afrique. Et, certainement il a vu ça comme moi je vois ça. Et je rêve ou je me réveille souvent, pas avec des larmes aux yeux, mais avec beaucoup de peine en voyant le gâchis que nous avons, et en me disant, voilà, des années passent et les choses ne changent pas sur ce plan-là.
Savez-vous que j’étais récemment au Rwanda. Et j’ai eu une conversation avec une haute personnalité de ce pays. Cette personnalité m’a dit : vous êtes quand même injuste avec notre région. Il s’y passe des choses dures, c’est sûr. Il y a des bandes armées au Congo, par exemple. Mais il y aussi des progrès. Et, personne ne parle de ces progrès-là.
Est-ce que le Congo que nous vivons, malgré les problèmes au quotidien que nous vivons, est-ce le même Congo que nous avions il y a dix ans, quinze ans ? Sur l’échelle des problèmes qu’a connus ce pays, est-ce qu’il n’y a pas de progrès ? Je me pose des questions. Je vous invite à réfléchir à tout ça.
Deuxièmement, le Congo est certainement l’un des pays de la région, et celui qui prend le plus de poids sur ses épaules. C’est quand même vers le Congo que sont venus énormément de réfugiés du monde entier. Pour ne pas exagérer, de la région en tout cas. Le Congo doit gérer cela. En outre, lorsque nous parlons des problèmes du Congo, moi je voudrais dire que ces problèmes ne sont pas que militaires. La solution aux problèmes du Congo ne sera pas que militaire. Nous nous battrons pour défaire les forces armées négatives, les groupes armés. Mais, il est évident que c’est de la prise en charge par les Congolais, sur une base consensuelle, des problèmes qui se posent à leur pays que viendra la solution aux problèmes de ce pays. La MONUSCO ou les Nations Unies, ou tout ce que vous voulez, n’apporteront pas la solution aux problèmes qui sont multiformes.
Alors que faire ? Moi je vous renvoie la balle et je vous demande de travailler pour que les Congolais, plus sérieusement, s’assoient et discutent. Et, au-delà du moment actuel, puisqu’il s’agit d’élections, qu’ils prennent aussi en charge les autres problèmes de leur pays, et ensemble trouver la solution.
Le référendum. Ecoutez, moi aussi on m’a parlé d’affiches à Kalemie, on m’a parlé d’affiches à Kinshasa encourageant la tenue d’un référendum, etc. Mais, il est vrai aussi que votre Constitution prévoit la possibilité d’organiser un référendum. Mais attention. Il s’agit là d’une décision éminemment politique et pleine de conséquence. Mais je suis sûr que le gouvernement a cela clairement à l’esprit. Je suis sûr que puisque c’est une décision de souveraineté, elle ne doit pas être prise à la légère. Mais encore une fois ici, dans l’esprit des Nations Unies et à cette époque charnière de l’histoire de la RDC, il est important de tout faire pour préserver l’ordre constitutionnel, la démocratie et les droits de l’Homme. Moi, je n’ai rencontré aucun responsable du gouvernement de votre pays qui m’a dit qu’on va vers un référendum. Voilà. C’est ma réponse à votre question.
Comme je vous ai dit au départ ici. Je ne suis pas seul, je suis avec le Docteur Diallo qui est en charge du système des Nations Unies ici, en tout cas c’est le coordonnateur. Le Général Awale qui est le chef de la police de la MONUSCO. Je voudrais bien leur donner aussi la possibilité de répondre à des questions, par exemple tout ce que nous vivons comme situation difficile en ce moment en ce qui concerne le déplacement des populations, le soutien aux populations dans ce domaine-là. Les questions de l’économie de ce pays, pour lesquelles lorsque nous sommes allés à Addis-Abeba nous avons appelé les partenaires à regarder de plus près la situation du Congo pour soutenir le Congo, parce que si en plus des problèmes que nous avons dans l’est, si en plus des tensions politiques que nous avons autour
du dialogue et des élections, nous avons une économie qui connait davantage de problèmes, il sera difficile de gérer la situation. Monsieur Diallo s’occupe de toutes ces questions-là.
Le Général Awale comme vous le savez, travaille énormément avec votre police, même dans le cadre de la préparation vers les élections, même dans le cadre de, -si vous vous voulez par exemple, il y en a qui veulent faire des marches, il est évident que ça s’encadre, il est évident que ça se prépare, etc.-, je voudrais leur donner l’occasion de pouvoir dire quelques mots, s’il y a des questions dans ces différents domaines-là.
Question 13
Eric Ambango/ Top Congo : Ma question, elle est très pratique monsieur Maman Sidikou, vous avez dit que vous avez rencontré à plusieurs reprises le Président Kabila. Ma question est très simple. Est-ce qu’en discutant avec le Président Kabila, vous avez eu l’impression qu’il veut s’éterniser au pouvoir ?
Question 14
Simon Makangu/ Mirador TV : Moi, je ne vais pas parler vraiment politique mais plutôt sécurité à Kinshasa. On a toujours parlé de la sécurité dans l’est du pays. Mais il y a insécurité à Kinshasa. Il y a eu une idée qui a fait son chemin selon laquelle il fallait que la MONUSCO puisse organiser des patrouilles mixtes avec la police nationale surtout dans les quartiers de l’est de Kinshasa où le phénomène Kuluna bat son plein. Qu’en est-il aujourd’hui, parce que, peut-être que vous ne le savez pas, c’est chaque jour qu’il y a des assassinats ici à Kinshasa, qu’il y a insécurité, et même ici dans la commune de la Gombe. Alors, il faut que cela prenne fin pour que les gens puissent vaquer paisiblement à leurs occupations de jour comme de nuit.
Question 15
Christiane Ekambo/ Africa News et Le Journal des Nations online : Ma question s’adresse au Docteur Mamadou Diallo. Puisqu’on parle d’économie, je m’en vais sur l’axe de la fuite des ressources minières. Est-ce que vous êtes au courant du rapport de Global Witness qui est paru en début de ce mois, précisément le 5 juillet, qui parle d’une société minière chinoise qui a donné, qui finance le groupe armé de Rahiya Mutomboki dans la localité de Shabunda, afin d’extorquer de l’or auprès des mineurs locaux. Est-ce que vous avez l’information, et quel commentaire vous pouvez faire sur ce rapport-là ?
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies [Maman Sambo Sidikou] : Vous me permettrez de passer d’abord la parole à mes collègues, pour revenir à la question qui m’était posée concernant le Président Kabila.
Chef de la Police MONUSCO [Awale Abdounasir] : Merci beaucoup M. le Représentant. Mon nom, c’est Awale Abdounasir. Je suis chef de la Police MONUSCO. Je suis arrivé il y a 4 mois à peu près. Avant d’arriver ici, j’étais au Mali.
Pour répondre à la question qui a été posée sur l’insécurité à Kinshasa, je voudrais d’abord un peu dire par rapport à ce qu’on fait ailleurs, particulièrement Beni, Bunia, Goma, Uvira. Nous avons mis en place des stratégies de lutte contre l’insécurité en milieu urbain de façon à appuyer la PNC, la police nationale congolaise. Et, nous avons mis en place des numéros de ligne verte pour que les gens puissent appeler. Et, nous avons mis un dispositif de quadrillage de ces villes-là de façon à pouvoir intervenir. Le résultat a été que les faits, les délits, les crimes ont baissé de plus 60 %. Puisque nous conduisons des patrouilles de jour et de nuit, dans toutes ces villes-là de façon à faire baisser les faits délictuels et surtout de rapprocher la police de la population.
Pour ce qui est de Kinshasa, d’abord il faut dire que nous avons des moyens très limités. Ici, on est en train de s’organiser pour un peu augmenter ces moyens très limités. Et nous travaillons avec le Commissariat général de façon à voir comment on pourrait les aider dans la ville de Kinshasa en termes de conseil, en termes de planification. C’est quelque chose qu’on est en train de discuter avec eux.
Bien entendu, on ne pourra pas se substituer aux autorités de l’Etat. Nous ne pouvons que les accompagner, les aider. Et là-dessus, on est très disponible et très volontaire pour essayer de faire notre maximum pour faire baisser l’insécurité ici à Kinshasa.
Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en RDC [Mamadou Diallo] : Peut-être la question de Mme Christiane Ekambo. Peut-être avant de vous parler du rapport de Global Witness, je voulais utiliser l’opportunité que vous m’offrez pour vous dire que le ralentissement de la croissance congolaise qui est dû à un choc extérieur, à savoir le retournement de conjoncture sur le cours des matières premières parmi lesquelles celles que le Congo exporte, ce retournement de conjoncture est la base du ralentissement de la croissance du Congo. Mais ce que cela a donné, c’est l’opportunité aux partenaires du Congo et au gouvernement du Congo de commencer à parler sérieusement de la diversification et de l’enracinement de l’économie congolaise pour lui permettre de ne pas subir des chocs extérieurs.
Dans cette discussion, l’une des étapes, c’est la clarté et la transparence dans la gestion des contrats miniers. Il y a eu énormément d’efforts qui ont été faits ici et je voudrais utiliser cette opportunité pour vous dire que le Congo est signataire et met en oeuvre l’accord global sur l’initiative de la transparence dans les industries extractives. Ceci est à la base de la plupart des contrats qui ont permis à ce pays de tirer un substantiel revenu de ses ressources minières.
En ce qui concerne le rapport de Global Witness dont vous avez fait mention, je l’ai lu comme vous. Les Nations Unies n’ont pas été consultées dans la préparation de ce rapport et ce rapport ne porte pas le label “Nations Unies”, donc je ne peux pas faire de commentaire spécifique sur ce rapport. Mais au-delà de ce fait factuel du rapport qui cible une entité spécifique d’une entreprise privée étrangère, je dis simplement que l’effort de transparence et d’amélioration de la transparence dans les industries extractives au Congo, est un effort qui n’est pas encore fini. Vous le savez très bien, certains des groupes armés et des forces négatives qui opèrent dans l’est ont été accusés (à charge aux accusateurs de montrer la preuve que la source de revenu de ces groupes, c’est l’exploitation illégale des ressources naturelles du Congo, au-delà même des ressources minières). L’effort qui est fait dans l’est par les
FARDC, la MONUSCO et la PNC c’est de pouvoir aussi contrôler ce trafic-là et de s’assurer que l’économie congolaise tire profit des ressources de ce pays, mais que ces ressources n’entretiennent pas des groupes armés ou des groupes de trafic.
Donc, je pense que c’est votre rôle, la presse, c’est le nôtre et celui du gouvernement du Congo de nous assurer que l’effort en cours pour améliorer la transparence dans la gestion des ressources minières du Congo ne s’arrête pas et que peut-être nous avons l’occasion maintenant de pouvoir dire du Congo que le potentiel de ce pays n’est pas que minier. Il est aussi agricole, il est énergétique. Et il est dans les services. Il faut développer ces secteurs-là qui créeront de l’emploi pour les Congolaises et les Congolais et qui vont diversifier, structurer et renforcer l’économie congolaise et la soustraire des cycles de chute et de remontée des matières premières qui actuellement donnent un coup d’arrêt à l’économie congolaise et à la croissance, alors que c’est un choc que le gouvernement du Congo lui-même n’a pas fait.
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC [Maman Sambo Sidikou] : Merci bien général, merci bien Docteur Diallo. Je crois que la question était assez directe : “Est-ce que … J’ai eu l’impression que le Président Kabila voulait s’éterniser au pouvoir”. C’est quelque chose comme ça la question, c’est ça ? Ecoutez, dans mon pays, nous avons notre sagesse, aussi, traditionnelle ou locale qui fait que, quand on parle trop, on dit toujours des bêtises.
Donc vous allez m’éviter de parler trop. Le Président Kabila me fait l’honneur de me recevoir assez souvent. J’en suis fier et je le remercie infiniment. Je peux vous dire une seule chose que le Président Kabila m’a dit un jour, qu’il n’a jamais dit à qui que ce soit, qu’il va toucher à la Constitution. Comment on s’éternise au pouvoir en Afrique ? Et je ne veux pas parler trop. Mais il y a beaucoup de gens qui s’éternisent au pouvoir. Je n’ose pas dire des noms. Il ne m’a pas dit qu’il allait s’éterniser au pouvoir. Si c’est ça que vous voulez comme réponse. Il a dit qu’il ne toucherait pas à sa Constitution. Il m’a dit qu’il tient absolument à ce que les prochaines élections soient bien organisées pour éviter les dérapages de 2006 et 2011. Et, moi, je m’en tiens à ça. Donc, c’est ma réponse à votre question.
Je voudrais, ici, si nous avons terminé, conclure en disant simplement que pour nous, aux Nations Unies et à la MONUSCO, et dans nos rapports et dans notre travail de soutien au facilitateur de l’Union africaine, le Premier ministre Kodjo, le dialogue reste incontournable. Et je voudrais remercier ici tous ceux qui ont pris le chemin du dialogue et ils sont plus nombreux que vous ne le croyez. Et nous espérons que dans les jours à venir nous aurons un mouvement encore plus clair que cela. Deuxièmement, je voulais dire que la priorité pour la MONUSCO reste la protection des civils. Le chemin est long dans ce domaine-là, il est forcément long à cause de toute l’histoire que nous connaissons de l’est du pays et nous comptons beaucoup sur la coopération de plus en plus vigoureuse entre les FARDC et la force de la MONUSCO pour avoir un résultat sur le plan militaire.
Mais la question n’est pas seulement militaire, il y a aussi des questions liées à la paix dans les têtes et dans les esprits dans l’est du pays. Il y a quelques tensions que nous percevons entre communautés sur lesquelles il faudra travailler. Il faudra que le gouvernement y mette du sien. Il faudra que les autorités
provinciales y mettent du leur, il faut que les chefferies traditionnelles et les chefs locaux y mettent du leur pour qu’on y arrive. Et d’une façon générale, je pense aussi qu’il faut que la région ou la sous-région dans son ensemble, le Congo et ses voisins se retrouvent davantage pour discuter de ces questions-là. J’espère que le sommet de l’Union africaine qui s’ouvre à Kigali ces jours-ci sera une occasion pour cela aussi, parce que la coopération régionale sera indispensable pour éviter des malentendus et pour aussi se donner la main et mettre hors [d’état] de nuire les fauteurs de trouble. Parce que l’histoire de cette région devra être une histoire de coopération renforcée, d’intégration et de développement économique pour revenir au thème cher au Docteur Diallo.
Donc je voulais vraiment vous remercier pour cet échange. Les questions sont difficiles, les réponses sont souvent heurtées, ne sont pas très claires, mais c’est une conversation que nous continuerons dans les jours, les semaines et les mois à venir parce que l’actualité le veut aussi. Je voudrais vous remercier de votre attention et de votre présence avec nous aujourd’hui et remercier aussi les auditeurs et les auditrices de Radio Okapi qui ont eu la patience de nous écouter. Merci beaucoup chers amis.
Directeur de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et porte-parole par intérim de la MONUSCO [Charles Antoine Bambara] : Voilà, nous remettons donc l’antenne à Radio Okapi pour la suite des programmes. Merci à tous et à toutes d’avoir participé à cette conférence de presse en direct de cet hôtel de la place, ici, et à très bientôt donc comme l’a dit le Représentant spécial pour un autre rendez-vous pour faire le tour d’horizon de l’actualité du moment. Merci et bonne journée.