*Le Chef de la Monusco, Maman Sidikou, a tenu une conférence de presse, jeudi 14 juillet, à l’Hôtel Béatrice, à Kinshasa. Il a fait des déclarations qui vont, certainement, contribuer à animer le débat politique en RDC. Il a mis le doigt là où ça fait mal. La vérité peut faire mal, mais c’est la vérité. Maman Sidikou dit, par exemple, que les élections ne pourront pas se tenir en novembre 2016.

Pour débloquer l’impasse électorale, il invite les acteurs politiques congolais à travailler avec le Facilitateur Edem Kodjo. Il ajoute que seul un dialogue inclusif et crédible permettrait de désamorcer les tensions actuelles, surmonter l’impasse électorale et prévenir la violence. Maman Sidikou poursuit que toute action, toute initiative ou même toute perception d’atteinte aux droits constitutionnels des Congolais ne feront qu’alimenter davantage les tensions. Il espère que les autorités congolaises prendront des mesures pour décrisper la situation actuelle. Les opposants au régime du Président Kabila devraient, eux aussi, s’interdire d’attiser les tensions qui pourraient plonger le pays dans une violence aux conséquences désastreuses.

Dialogue toujours dans l’impasse

Le Chef de la Monusco a fait une évaluation des consultations pré-dialogue. L’impasse initiale n’a pas été débloquée. Edem Kodjo s’est rendu à Bruxelles à la rencontre d’Etienne Tshisekedi et des membres du Comité des Sages du Rassemblement des Forces Politiques et Sociales acquises au Changement. Il est rentré pratiquement bredouille. Le Groupe de soutien à la Facilitation est ensuite entrée en action, peu de temps après sa constitution, sans grand succès. A l’issue de la réunion du 9 juillet à Bruxelles avec les dirigeants du Rassemblement, il s’est dégagé un accord sur la mise en œuvre de la Résolution 2277 du Conseil de Sécurité de l’ONU et le respect de la Constitution congolaise. Pendant ce temps, on observe une certaine agitation dans les rangs de l’Opposition pro-dialogue, non reconnue jusque-là par le Facilitateur désigné par l’Union Africaine. Les anciens de Sun City se sont, soudain, réveillés de leur profond sommeil. Eux-aussi demandent à aller au dialogue et attendent leurs invitations. L’Opposition Républicaine, incarnée par le Président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, dont des cadres participent au Gouvernement, n’adhère pas aux Résolutions du Conclave des opposants tenu le mois dernier à Genval. Après leur participation aux travaux des Concertations nationales de 2013, Kengo et ses lieutenants sont prêts à dialoguer. Conclusion : l’Opposition n’émet pas dans la même direction. Face aux opposants, le pouvoir affiche une certaine unité. Même s’ils ne sont plus nombreux à prendre des risques. Sauf sursaut d’orgueil, on ne voit toujours pas comment relancer le processus électoral de façon à mettre d’accord toutes les parties prenantes. Il faut, dans tous les cas, un coup de génie politique.

La Pros.



DISCOURS DU REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL EN RDC ET CHEF DE LA MONUSCO

TROISIEME RENCONTRE AVEC LA PRESSE, HOTEL BEATRICE, 14 JUILLET 2016

Mesdames, messieurs, chers amis bonjour,

Etant donné que nous en sommes à notre troisième rencontre, j’ose pouvoir appeler beaucoup d'entre vous des amis.

D’entrée de jeu, je voudrais vous remercier d’avoir honoré notre invitation pour partager ce petit-déjeuner et échanger sur la mise en oeuvre du mandat de la MONUSCO.

Avant de poursuivre, permettez-moi de saisir cette occasion pour vous transmettre mes sincères excuses pour le report au dernier moment de cette rencontre initialement prévue le 2 juillet.

Par la même occasion, je tiens à exprimer, au nom du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-Moon, nos chaleureuses félicitations au Gouvernement et au peuple congolais à l’occasion de la commémoration du 56ème anniversaire de leur fête de l'indépendance le 30 juin dernier.

Chers amis, ce matin, je vais commencer par faire le point de la situation politique et je parlerai ensuite de la situation sécuritaire dans l'est de la RDC et de quelques développements connexes, après quoi nous pourrons interagir, et échanger suivant la formule habituelle formule qui nous a permis d’avoir de très bons échanges.

L’'actualité politique depuis notre dernière rencontre est encore bien fournie et porte essentiellement sur l'impasse autour du processus électoral et les efforts visant à faciliter le lancement d'un processus de dialogue politique crédible et inclusif.

A cet égard, j'aborderai succinctement le conclave de l'opposition qui a eu lieu du 9 au 10 juin à Genval en Belgique et les réactions de la classe politique aux conclusions de ces assises et je toucherai ensuite la mise en place du groupe de soutien à la facilitation, la tenue de sa réunion inaugurale le 4 juillet à Addis-Abeba et la rencontre d'une délégation de ce groupe avec le président de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, et d'autres leaders de l’opposition à Bruxelles le 9 juillet. J’évoquerai aussi la dernière session du Conseil de sécurité sur la situation en RDC tenue à New York le 7 juillet.

S'agissant de la situation politique, les efforts déployés pour aider à débloquer l'impasse autour du lancement du dialogue et du processus électoral commencent à porter leurs fruits. De plus en plus les lignes commencent à bouger et un large consensus se dessine progressivement sur l'impératif du dialogue pour surmonter l'impasse actuelle.

Les enjeux sont énormes et le dialogue est incontournable pour éviter les risques de rechute dans une instabilité politique et le recours à la violence.

D'ailleurs, en s'adressant aux membres du Conseil de Sécurité le 7 juillet, le vice-secrétaire général des Nations Unies, Jan Eliasson, a exprimé son inquiétude face à la montée des tensions à l'approche des échéances électorales et a appelé les parties à prendre part à un dialogue politique inclusif pour éviter que l'impasse actuelle ne dégénère en crise grave.

Pour les Nations Unies, seul un dialogue inclusif et crédible entre les parties prenantes congolaises permettrait de désamorcer les tensions actuelles, surmonter l'impasse électorale et prévenir la violence.

C'est d'ailleurs dans cette optique que les Nations Unies, l'Union africaine, l'Union européenne et l'OIF ont publié un communiqué en juin annonçant la mise en place d'un groupe de soutien à la facilitation du Premier ministre Kodjo. Le groupe de soutien comprenant l'UA, l'ONU, l'UE, l'OIF, la CIRGL et la SADC a tenu sa session inaugurale à Addis-Abeba le 4 juillet sous la présidence du commissaire à la paix et à la sécurité, Smaïl Chergui.

Suite à cette rencontre, une délégation de trois personnes comprenant le commissaire Chergui de l'UA, Koen Van Vaerke, directeur général pour l'Afrique de l'UE et mon frère Saïd Djinnit, envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands lacs s'est rendue à Bruxelles où elle a rencontré le patriarche Tshisekedi et d'autres membres de l’organe mis sur pied par l'opposition à l'issue de leur conclave de Genval. J'y reviendrai.

S'agissant de cette rencontre du 9 juillet, les discussions ont porté sur les conditions à créer pour le lancement du dialogue national et ont confirmé l'attachement à la résolution 2277 et au respect de la Constitution dans la recherche d'une solution.

Il est important de relever aussi que, dans l'optique de promouvoir la tenue du dialogue, le Gouvernement des USA a, à travers un communiqué du Département d'Etat en date du 8 juillet, apporté son appui au groupe de soutien et lancé un appel aux parties prenantes à participer au dialogue.

La mise en place du groupe de soutien est l'aboutissement des initiatives et concertations visant à aplanir les divergences entre les diverses parties prenantes.

Suite donc au conclave de l’opposition à Genval, le facilitateur désigné par l’Union africaine, l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo, s’est rendu à Bruxelles où il s’est entretenu avec les membres du comité des sages mis sur pied par le Rassemblement et présidé par le patriarche Etienne Tshisekedi. Les discussions n'ont pas réussi à débloquer l'impasse initiale.

J’ai eu l’occasion de rencontrer M. Kodjo à plusieurs reprises dans le cadre de notre soutien au processus du dialogue conformément à la résolution 2277 du Conseil de sécurité. Mon souci, voire le souci des Nations Unies, est de tout faire pour aider à dépasser les blocages et aller vers

l’organisation d’élections transparentes, crédibles et paisibles dans le cadre de la Constitution congolaise.

C’est pour cette raison que je voudrais saisir cette occasion pour réitérer les appels incessants de la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité des Nations Unies, l'Union africaine, l'Union européenne et l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), invitant les acteurs congolais à travailler avec M. Edem Kodjo pour débloquer l’impasse autour du processus électoral.

Le facilitateur, faut-il le rappeler, agit dans le cadre des instruments pertinents de l'Union africaine et de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations Unies, en vue de permettre la tenue d’un dialogue inclusif et crédible qui, pour l'heure, reste la seule voie à même de permettre de dégager un consensus politique autour des retards éventuels dans l’organisation des élections qui, selon toute vraisemblance, ne pourront pas se tenir en novembre de cette année.

En ce qui nous concerne, nous restons déterminés à poursuivre notre soutien sans équivoque aux efforts de facilitation menés par M. Edem Kodjo au nom de l'Union africaine.

Nous avons commencé à prendre toutes les dispositions, en étroite collaboration avec l'Union africaine et les autres partenaires, pour le détachement d’experts sollicités par l’Union Africaine en vue de renforcer l’équipe du Premier Ministre Kodjo.

Il s’agit de trois spécialistes en questions politiques, en communication, et pour les questions électorales envoyés par les Nations Unies et un expert en matière constitutionnelle fourni par l’OIF. Deux des experts sont déjà à Kinshasa depuis plus de deux semaines.

Mesdames et messieurs, tandis que la MONUSCO oeuvre et continuera d’œuvrer en étroite collaboration avec les partenaires concernés, en vue d’appuyer les parties prenantes congolaises, y compris le Gouvernement, l'opposition et la société civile pour sortir de cette impasse, il est de ma responsabilité d'alerter les uns et les autres que nous ne pouvons pas nous permettre d'hypothéquer les énormes investissements consentis par le peuple congolais avec le soutien de la communauté internationale au cours des 17 dernières années pour asseoir la paix et la stabilité en RDC.

Dans le contexte actuel, toute action, toute initiative ou même toute perception d’atteinte aux droits constitutionnels des Congolais ne feront qu’alimenter davantage les tensions.

C’est la raison pour laquelle je ne cesse d’encourager les autorités congolaises de prendre des mesures pour décrisper la situation actuelle.

Dans le même ordre d’idées, j’ai toujours encouragé les leaders des divers plates-formes et partis d’opposition à faire preuve de responsabilité dans l’exercice des droits et libertés de manière à ne pas attiser les tensions qui pourraient plonger le pays dans une violence aux conséquences désastreuses.

Mesdames et messieurs, permettez-moi maintenant d'aborder la situation humanitaire alarmante, en particulier dans l’est du pays.

L'accès humanitaire dans l'est de la RDC est devenu de plus en plus difficile à cause de l'insécurité grandissante, marquée par les embuscades contre les ONG ainsi que les enlèvements de leur personnel par de présumés éléments des groupes armés, y compris les FDLR, Maï-Maï Nyatura et autres éléments criminels.

La fermeture des sites de personnes déplacées, notamment dans le Nord-Kivu, est également une question préoccupante.

Ensemble avec la communauté humanitaire, nous poursuivons notre plaidoyer auprès du Gouvernement pour qu’il respecte ses obligations internationales y compris en garantissant la sécurité des zones où sont établis les déplacés et en veillant à ce que la fermeture des sites n’augmente pas la vulnérabilité des personnes déplacées.

Mesdames et messieurs, les récents événements à Buleusa et à Kamina mettent en exergue l'importance d'un appui national fort dans la mise en œuvre du plan national pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants ainsi que de mesures effectives pour le renforcement de l’autorité de l'Etat.

Sans un programme national doté de moyens financiers adéquats, la réinsertion et la réintégration des ex-combattants dans la vie civile risquent simplement de déraper. Pour mettre fin au cycle de la violence et instaurer une paix durable, il est primordial de fournir aux ex-combattants les moyens de subsistance alternatifs.

En outre, les atrocités commises dans la région de Beni, les tueries criminelles et insensées de civils de même que les actes de violence perpétrés dans le triangle d’Eringeti par les éléments ADF et autres groupes aggravent davantage la situation notamment, en ce qui concerne la mise en oeuvre de notre tâche principale de protection des civils et de neutralisation des groupes armés.

Je voudrais me féliciter ici des succès obtenus dans les opérations SUKOLA I et II menées par les FARDC avec le soutien des forces de la MONUSCO.

Nous devons faire plus pour neutraliser les forces négatives et identifier et traduire en justice les auteurs de ces crimes ainsi que ceux qui les soutiennent.

Chers amis, je vais m'arrêter là pour accorder plus de temps aux échanges sur toutes ces questions et d'autres que je n’ai pas eu le temps d’aborder.
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top