
*Aux allures d’une juive métisse, Jenny Valliante est une étoile montante de la chronique diplomatique dans la presse en République démocratique du Congo. Cette belle congolaise regarde les autres avec le cœur et d’une humilité remarquable. Pour la présentatrice vedette du magazine « Diplomatica Show », chaque âme est pure et a de la valeur à ses yeux. Son charme humain est un pont de douceur entre la journaliste internationaliste et les téléspectateurs qui l’admirent. Le 10 juillet, elle a célébré son anniversaire de naissance. Une occasion de retracer le parcours de cette dame généreuse, à travers l’interview qu’elle a bien accordée à votre journal.
Comment peut-on décrire votre personne ?
Jenny Valliante : Je suis une figure du media audiovisuel congolais. Conceptrice et présentatrice d’un programme diplomatique dénommée « Diplomatica-Show » diffusé sur les antennes de la télévision B-One, émettant à partir de Kinshasa. J’ai une licence en communication -journalisme de l’Université Catholique de Kinshasa. Célibataire, je suis aînée d’une famille de 5 enfants. Contrairement à ce que beaucoup de gens spéculent par rapport à mon nom, Jenny Valliante est congolaise. Bien que notre arrière-grand-père est d’origine italienne.
Vous souvenez-vous des difficultés rencontrées au début de votre carrière ?
JV : Je m’en souviens comme si c’était hier. Mon parcours dans le métier a bel et bien commencé lors de mon stage académique et professionnel que j’ai effectué à la télévision Antenne A, une des chaines privées du pays. C’est là que j’ai appris à faire mes premiers pas dans ce métier noble comme présentatrice du journal télévisé et reporter. Mon début a pris un sens en 2006 lors de l’élection présidentielle. A l’époque, j’étais encore en stage professionnel. Je suis entrée dans la profession dans une période effervescente, marquée par des campagnes électorales et des déclarations politiques qui faisaient bouger le microcosme politique du pays. C’était une période qui m’a fait forger grâce aussi à l’encadrement des certains aînés dans la profession que j’avais trouvé à l’époque. Vraiment, une très grande expérience inoubliable qui m’a permis d’apprendre beaucoup de choses dans la profession. Une période difficile que je ne regrette pas non plus.
D’où est venue l’idée de concevoir l’émission « Diplomatica Show » ?
JV : Je n’ai pas inventé la roue parce qu’il existait déjà des programmes un peu similaire. J’ai essayé simplement d’apporter ma touche personnelle dans l’univers médiatique. Seulement, j’ai voulu un peu me démarquer des autres émissions. Je constatais qu’il y a la prolifération des émissions politiques qui, parfois, se ressemblent dans la plupart de nos télévisions. C’est le même programme partout. Si ce ne sont que des journalistes qui se diffèrent. A l’instar du journalisme, la diplomatie est ma seconde passion. J’ai eu qu’à même la chance de beaucoup voyager en dehors du pays dans le cadre privé et professionnel. Je suis à la fois déçu que la voix de la RDC ne soit pas attendue dans des grandes conférences du monde. Alors que nous sommes un pays post-conflit dont les conséquences sont multiples. Il y a des problèmes de famines, déplacements massifs de populations, maladies, viols, éducations et insécurités… D’où, nous avons l’aide humanitaire de la Communauté internationale à travers des ONG et des agences de système des Nations Unies en RDC. C’est alors que j’ai eu l’idée de proposer un type d’émission qui va permettre aux Congolais, en général, et aux intellectuels, en particulier, de comprendre concrètement les actions, les programmes, les types de coopérations pour les Ambassades et les rôles de missions diplomatiques et humanitaires de ces organismes internationaux en RDC.
Comment s’est passée votre première émission ?
JV : C’était avec l’ancien Ambassadeur de la Grande-Bretagne, il y a six ans passés. Il m’a fallu fournir beaucoup d’explications pour le convaincre parce que c’était en quelque sorte un numéro zéro qu’on ne pouvait pas louper. Gloire à Dieu ; ça s’est bien passé. Il faut noter que le but de mon émission est aussi de faire découvrir ces pays amis à notre public.
Pourquoi avez-vous quitté Antenne A ?
JV : Antenne A est une chaîne qui m’a vu naître. C’est là où j’ai fais mes premiers pas dans le domaine professionnel. Je crois que les responsables d’AA doivent être fiers de moi parce que je suis leur fruit. Mais, je ne peux pas continuer à prendre la bouillie ou le lait maternel. Lorsqu’on grandit comme tout enfant, on vise aussi d’autres horizons. Je ne regrette pas mon passage chez AA. Cette chaîne m’a permis de faire mes marques. Parce que j’ai eu cette chance d’être encadrée par des ténors du média tels que Willy Kalengayi, Alain Kiuka, Solange Kwale, Marie-Ange Mushebekwa et Eric Makulu.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres présentatrices kinoises?
JV : Permettez-moi de vous dévoiler ce qui a fait que je sois parmi les meilleures présentatrices d’AA. En matière d’information, la télévision a ses normes et principes qui font la force d’une chaîne : Etre souple, rapide et être le premier à diffuser. Je me suis donnée une discipline et une rigueur dans le traitement de l’information et dans la diffusion. Souvent je me pointais vers 15h00 déjà à la rédaction pour préparer mon édition lorsque je suis présentatrice du JT. Et je prenais la peine d’assister minutieusement au conseil de rédaction pour avoir l’idée globale de ce qui sera mon édition de 19H00.Pour moi, chaque édition a été comme une nouvelle et une première de ma carrière. Vraiment, je mettais de la mienne dans la présentation: l’élégance et l’excellence dans la diction et dans la gestion de l’information. Mon style et ma touche particulière dans le papier. Le travail du journaliste est un métier noble. D’où, il faut avoir une personnalité dans la présentation du journal qui est quelque chose de classique. Le JT est une émission mais pas comme toute autre. C’est vraiment très différent des émissions de musique ou de théâtre.
Comment faites-vous pour convaincre les Ambassadeurs qui ne s’expriment pas trop souvent dans les médias, à passer dans votre émission ?
JV : Ce n’est pas de la magie. C’est un travail de longue haleine. Que les téléspectateurs retiennent que ce n’est pas facile de recevoir ces hautes personnalités diplomatiques étrangères sur son plateau. Ils ont des calendriers très chargés. J’essaye d’avoir des contacts avec les différentes attachées de presse des Ambassades. Parfois, j’entre en contact direct avec les Ambassadeurs ou les diplomates accrédités en RDC. Je fais aussi des recherches en ligne pour me renseigner et trouver des adresses téléphoniques dont certains ne sont pas aussi opérationnels. Souvent, j’écris aussi pour solliciter un entretien. Pour réaliser une émission, il me faut souvent prendre contact un mois avant avec l’invité. Je dois discuter avec lui sur le sujet en avance. A son tour, il doit me trouver une date où il pourrait être libre. Généralement, les diplomates ont un certain langage propre à eux qui est souvent difficile à décoder. Il peut te dire oui mais en réalité c’est non. Ce ne sont pas de personnalités qu’on peut recevoir facilement sur un plateau.
Qu’est-ce qui fait que le représentant de l’Union Européenne soit plus permanent que d’autres diplomates dans votre émission ?
JV : Mon émission évolue en fonction de l’actualité. Parce que l’Union Européenne est très active et toujours préoccupée à la situation du Congo. Généralement, les Ambassadeurs ou Chefs de représentations diplomatiques acceptent facilement de répondre à nos invitations parce qu’ils sont toujours prêts à répondre aux questions par rapport aux enjeux de l’heure. Il y a eu les attentats en France notamment, l’attaque de Charlie Hebdo ou encore d’Elysée Montmartre à Paris et tout récemment en Belgique. Le terrorisme est un problème majeur qui préoccupe au plus haut point actuellement l’UE. Donc, des sujets pareils ne peuvent que faire l’objet d’un grand entretien avec ces Ambassadeurs ou représentants à Kinshasa. Il faut que les téléspectateurs sachent qu’un invité peut être reçu à plusieurs reprises mais avec des thèmes différents sur le plateau. Surtout lorsque l’actualité oblige !
Par contre, les Ambassades ou les chancelleries africaines à Kinshasa ne répondent pas aux invitations. Or, une réponse peut être négative ou positive.
Pourquoi ne pas devenir Députée pour défendre la diplomatie congolaise au parlement ?
JV : Ce n’est qu’au Congo que les gens sont beaucoup plus attirés vers la politique. Oui ! Parce que ça paye mieux. Elle ouvre des opportunités et donne certains avantages ou privilèges. Or, ce n’est pas le cas sous d’autres cieux. Est-ce que faut-il nécessairement faire la politique pour servir son pays ? C’est un problème d’éducation des masses. L’Etat doit revoir sa politique en la matière. Est-ce que les personnes qui ont remporté le prix Nobel dans le monde, sont-ils tous des politiciens ? Non ! Je crois que la plupart, ce sont des scientifiques, des humanistes ou encore de littéraires. Donc, je ne pense pas que pour faire entendre sa voix, il faut être député ou politicien. Malheureusement, j’ai l’impression que nos dirigeants sont en train de désorienter la jeunesse congolaise qui ne pense plus qu’à gagner facilement la vie, il faut se jeter en politique. En tout cas ce qui se passe dans notre Parlement avec le comportement de certains élus du peuple, ne me donne pas envie de postuler à la députation. Parce que je ne trouve pas de modèle. Je crois qu’il y a beaucoup à faire pour relever le niveau de notre Parlement. Bref, ma passion est la diplomatie.