L'ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo pourrait remplacer le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Deogratias Mutombo dont le bilan est décrié, apprend-on des sources concordantes.
Augustin Matata Ponyo qui a démissionné de son poste du Premier ministre le 14 novembre dernier au bénéfice de l’opposant Samy Badibanga, dans le cadre des accords du Dialogue de la Cité de l’Union Africaine, pourrait prendre la direction de la Banque Centrale du Congo (BCC) à la place de Deogratias Mutombo sur le départ depuis plusieurs mois.

« Il y a des fortes chance que le Gouverneur [Deogratias Mutombo] ne termine pas son mandat actuel à la tête de la BCC« , confie une source proche de la Banque centrale à Politico.cd. Selon ce haut cadre qui a requis l’anonymat, les performances en dent de scie de M. Mutombo seraient à la base de ce changement.

Le gouverneur Mutombo qui dirige cette institution depuis sa nomination en 2013 est sur la sellette notamment à cause de son « incapacité à maîtriser l’inflation« , le dollar américain poursuit sa frénétique hausse face au Franc congolais, se monnayant à ce jour à plus de 1250Fc contre 900 francs sous le règne de Matata Ponyo à la Primature.

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Par ailleurs, M. Mutombo est largement décrié pour sa gestion de la crise qui frappe les banques commerciales en RDC et dont la Banque centrale, sous sa direction, n’est pas innocente. Les interventions de la BCC à la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC), la BGFIBANK ou même à la Mutuelle d’épargne et crédit du Congo (MECRECO) n’ont fait qu’empirer la situation.

« Augustin Matata Ponyo représente à ce jour une valeur sûre dans le domaine économique en RDC, et le voir à la tête de la BBC serait une bonne chose, dans le contexte de crise actuelle où le gouverneur Déogratias Mutombo a amplement montré ses limites », ajoute-t-il.

Déja en novembre dernier, un projet de loi portant organisation et fonctionnement de la BCC a été adopté. Il préconise des réformes profondes dans l’organisation et le fonctionnement de la BCC, affaiblissant considérablement le pouvoir du Gouverneur de cette institution, lui imposant une « gestion collégiale ».

«Il y a des innovations. Maintenant la gestion est collégiale. Il y aura un gouverneur et deux vice-gouverneurs. On a augmenté le nombre des membres du conseil à treize. En même temps, le gouverneur aura deux mandats non renouvelables», a indiqué Mabi Mulumba le président de la Commission économique et financière du Sénat sur Radio Okapi.

En outre, la nomination du gouverneur de la BCC n’est plus du pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat seul. «Le président de la République va nommer sur proposition du gouvernement. Cette proposition est délibérée en conseil des ministres. C’est déjà une avancée significative pour éviter que le clientélisme prenne le pas sur les réelles compétences», s’est-il réjoui le sénateur Florentin Mokonda Bonza.

Guerre ouverte contre les banquiers privés

mutomboDepuis ce 19 octobre dernier, Deogratias Mutombo s’est mis à dos l’ensemble des banquiers du pays. En cause, sa sortie qui a annoncé que « le taux de coefficient des réserves obligatoires est passé de 9 à 12% pour les comptes à vue, de 10 à 13% pour les dépôts à terme ». Selon M. Mutombo, « par cette ponction d’une partie de la liquidité excédentaire (…) l’objectif est d’ amener les banques à ne pas transformer à tout moment des dépôts en francs congolais en devises étrangères« .

« On se fout de nous« , s’étrangle au bout du fil le patron d’une banque congolaise interrogé par la Libre. « On ponctionne à peu près 90 millions d’euros à l’ensemble des banques. Ces montants sont officiellement chez nous mais on ne peut rien en faire. C’est un manque à gagner dans une période déjà particulièrement difficile« , déclare-t-il. « A quoi va servir cet argent?, fait mine de s’interroger un autre banquier kinois, qui a une idée très précise », s’interroge un autre. »Officiellement, les réserves obligatoires facilitent un peu la régulation du marché monétaire et sont surtout une garantie pour les clients des banques. Le souci, c’est que, dans la réalité, personne ne contrôle ce que la BCC fait de ces montants. Personne ne peut dire si cet argent est encore réellement dans ses caisses. il n’y a pas d’audit sérieux sur le fonctionnement ou les avoirs de la BCC. Je pense que si un changement de régime survient, il va y avoir de grandes surprises quand on va ouvrir les coffres« , explique un autre banquier congolais sur le site internet du média basé en Belgique.

Fantôme chinois

Et les quatre banquiers interrogés de pointer du doigt les mouvements actuels autour de deux banques : la Fibank et la Biac. « Deux enseignes qui vont changer de mains et il serait intéressant de se pencher sur les vrais actionnaires du groupe Alliance qui va racheter la Fibank et sur ceux de la toute nouvelle banque China Taihe Bank of Congo qui s’intéresse à la Biac »

En effet, devant la commission Economie et Finances de l’Assemblée nationale la semaine dernière, le gouverneur Mutombo a promis une reprise incessante de la Banque internationale du Congo (BIAC) par des opérateurs chinois, une promesse qu’il fait depuis l’année dernière et qui peine à se concrétiser. « La China Taihe Bank, dont le capital est évalué à plus de 24 milliards de dollars américains, va reprendre la BIAC grâce à une filiale congolaise China Taihe Bank of Congo« , a anoncé M. Mutombo.

Pour autant, aucune banque pesant plus de 24 milliards et dénommée » China Taihe Bank » n’existe en Chine. D’après nos fouilles de Politico.cd, il n’existe qu’une seule référence dont le nom s’y rapproche sans être le cas. Il s’agit de la branche de l’Agricultural Development Bank of China (ADBC) à Taihe Xian, un district administratif de la province de l’Anhui en Chine populaire.

Joint au téléphone par Politico.cd, les responsables de cette banque ne reconnaissent « aucune opération en République démocratique du Congo« .

« Ils vont couler tout le secteur s’ils continuent. Nos correspondants étrangers se posent de plus en plus de questions. Ce n’est pas sain. Comme ce n’est pas sain d’octroyer une licence bancaire à un groupe chinos sorti d’on ne sait où, comme est en train de le faire la BCC avec la China Taihe Bank of Congo. Ce n’est pas une banque. L’adresse de son siège social ? Un bureau partagé. Et la BCC – sous certaines réserves – leur accorderait une licence, ce serait criminel« , s’est éxclamé un banquier sur La Libre.


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