Les ultimes tractations relatives au document additif de l'accord politique conclu le 31 décembre butent essentiellement sur la nomination du prochain Premier ministre. Entre le camp du président Joseph Kabila et celui de l'opposant historique Étienne Tshisekedi, personne ne veut concéder de terrain.

Qui aura le dernier mot sur le choix du prochain Premier ministre de la RDC ? C’est vraisemblablement le seul véritable couac dans le processus de nomination du successeur de Samy Badibanga. La Majorité présidentielle (MP) et le Rassemblement de l’opposition ne parviennent en effet pas à s’entendre sur la bonne formule.

Côté Rassemblement, l’on brandit l’accord politique conclu le 31 décembre 2016 entre, principalement, les deux camps. « Le gouvernement de la République est dirigé par le Premier ministre présenté par l’opposition politique non signataire de l’accord du 18 octobre 2016/Rassemblement », rappelle l’opposant Martin Fayulu, paraphrasant mot pour mot les clauses du compromis de la Saint-Sylvestre. Pas question donc de présenter cinq candidats à la primature, comme l’exige le camp de Kabila.

L’accord, nouvelle source de légitimité

« Aujourd’hui, Joseph Kabila, le gouvernement à venir et les institutions de la République tirent la source de leur légitimité de l’accord politique », poursuit Martin Fayulu, cadre du Rassemblement et candidat déclaré à la présidentielle. Suffisant, selon lui, pour que le président n’exerce plus son pouvoir discrétionnaire dans le choix du Premier ministre.

On ne peut pas chercher à imposer un choix au chef de l’État
Côté MP, on ne l’entend pas du tout de cette oreille. « La rationalité constitutionnelle procède du droit de veto reconnu au chef de l’État : cela implique que ce dernier a le droit de choisir qui il veut », théorise Alain-André Atundu « Il ne peut pas travailler avec une personnalité incompatible ! » explique le porte-parole de la majorité, appelant le Rassemblement à « être conciliant ».

« On ne peut pas chercher à imposer un choix au chef de l’État. C’est pourquoi nous leur demandons de proposer deux, trois ou quatre noms », dit-il, soulignant qu’il s’agit là de « la pratique constitutionnelle » en RDC : « Même au sein de la MP, nous proposons toujours au chef de l’État deux ou trois noms pour chaque poste ministériel à pourvoir. »

Kabila a failli à sa mission constitutionnelle
Problème : « La Constitution ne stipule pas que le Premier ministre doit provenir de l’opposition ; pourtant, c’est ce qui a été décidé », rétorque un autre cadre du Rassemblement pour appuyer la nécessité de s’en tenir à ce qui a été prévu dans l’accord politique. « Kabila a failli à sa mission constitutionnelle d’organiser les élections dans les délais, il ne peut plus sérieusement se prévaloir de ses prérogatives constitutionnelles », argue-t-il.

« Élégance » de Katumbi, émergence de Félix Tshisekedi

En fait, le Rassemblement craint d’être floué par le camp de Kabila s’il présente plusieurs candidats au poste. La désillusion de Vital Kamerhe, longtemps pressenti Premier ministre, est encore dans tous les esprits. « Les cinq regroupements du Rassemblement se sont déjà mis d’accord à 90 % sur un nom. Nous avons ainsi facilité la tâche à Kabila. Il n’a plus qu’à le nommer », dit-on du côté du camp d’Étienne Tshisekedi.

En interne en effet, le Rassemblement semble avoir trouvé le consensus. Et c’est le nom de Félix Tshisekedi, fils d’Étienne Tshisekedi, qui émerge. D’après nos informations, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle en exil forcé et co-leader de la plateforme avec Tshisekedi père, a demandé à G7 et à l’Alternance pour la République (AR) de laisser le poste de Premier ministre à l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, parti de Tshisekedi).

« Depuis le début des tractations, Moïse Katumbi est jusqu’ici le seul politique à faire preuve d’élégance. Pour ne pas bloquer le processus, il avait déjà demandé au Rassemblement de ne pas faire de son cas un point de blocage alors qu’il pouvait exiger l’abandon des poursuites opportunes engagées contre lui avant tout compromis », souligne un diplomate occidental basé à Kinshasa. « Le reste, c’est plus une affaire d’ego entre Joseph Kabila et Étienne Tshisekedi », regrette-t-il. Mais qui des deux acceptera de lâcher du lest ? Pour l’instant, chacun campe sur ses positions.

Jeuneafrique
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