BLOCAGE DE L’EXECUTION DE L’ACCORD DU CENTRE-INTERDIOCESAIN LES EVÊQUES DE LA CENCO CONTRAINTS À LEUR PLAN « B »
Bien avant la signature, le 31 décembre 2016 du compromis global ouvrant la voie à une petite transition de douze mois pour l’organisation des élections, les Evêques de la CENCO avaient fait savoir à plusieurs reprises qu’en cas où les négociateurs du centre-interdiocésain n’arriveraient pas à la signature de l’Accord arraché finalement au forceps, ils recourraient à leur plan « B ». Mais ils n’en ont jamais livré le moindre détail.
Après la signature de l’Accord lui-même, la même menace est revenue lorsqu’il a été question du deuxième round des pourparlers pour la signature du deuxième compromis, le Protocole additionnel dénommé « Arrangement particulier ». Les travaux ont été fastidieux, complexes, compliqués pour élaborer la forme de ce deuxième texte.
Les Evêques, par mauvaise foi des négociateurs, qui, chaque jour, créaient un autre point de blocage, ont épuisé leur trésor de patience. Ils ont plusieurs fois fixé des ultimatums, c’est-à-dire la ligne rouge au-delà de laquelle ils ne pourront pas aller sans la signature de l’Arrangement particulier. La semaine qui a précédé la mort d’Etienne Tshisekedi, ils sont parvenus à faire adopter les 95% par les négociateurs.
CONFUSION
Cependant, les 5% restants contiennent deux points de divergence majeure sur lesquels les deux camps font des interprétations diamétralement opposées. Il s’agit du mode de désignation du Premier ministre par le « Rassemblement ». La MP invoque un chiffre de trois noms à présenter à la signature du chef de l’Etat, tandis que le « Rassemblement » parle d’un seul.
C’est ici où les Romains s’empoignent. Les Evêques de la CENCO ont tout tenté même l’impossible pour rapprocher ces deux points de vue. Rien n’y a fait. C’est le blocage total. Cette situation a un impact négatif sur le climat politique qui était passé de la tension aigue d’avant le 19 décembre 2016, fin du deuxième mandat constitutionnel de Joseph Kabila à l’apaisement général dès la signature de l’Accord du centre-interdiocésain le 31 décembre 2016.
Ce nouveau blocage, entretenu par les parties prenantes a mis une nouvelle fois les Evêques de la sur les nerfs. Ils manifestent désormais leur colère et leur déception contre les acteurs politiques qui font tout pour entretenir cette situation dangereuse de blocage qui redonne encore le spectre des violences généralisées au pays qui sont redoutées par la Communauté internationale comme le chaos si le climat malsain actuel persisterait sans la mise en œuvre de l’Accord de la saint-sylvestre.
Décidément le décor du recours au plan « B » des Evêques semble bien planté. Ils sont même convoqués la session extraordinaire de la Conférence de tous les Evêques. Désormais, les déclarations qu’on entend de la bouche du Président s Marcel Utembi son Vice-président Fridolin Ambongo sont une indication que cette fois-ci, le plan est imminent du fait qu’ils ont tout essayé. En vain.
INTERPELLATION
Plus explicite est encore la lettre pastorale de Laurent Monsengwo Pasinya, Cardinal-Archevêque de Kinshasa, lue le dimanche dernier dans toutes les paroisses de sa province ecclésiastique, la plus vaste car comprenant la ville de Kinshasa, le Congo-central et le Bandundu après les saccages sauvages et la profanation des lieux saints de certaines paroisses catholiques comme pour les punir comme auteurs du blocage actuel.
Pourtant, l’impasse actuelle est le fait des acteurs politiques. La même colère et la déception, la révolte exprimée par Monsengwo Pasinya qui fustige le comportement irresponsable des acteurs politiques à la base du blocage actuel dans l’exécution de l’Accord de la Saint-Sylvestre, est aussi un signe annonciateur d’un autre plan justement le plan « B » des Evêques pour contourner l’impasse politique actuelle. « …Pour rappel, la CENCO ne joue qu’un rôle de médiateur ? Il appartient aux hommes politiques de reconnaitre avec humilité, devant la nation et la Communauté internationale leur velléité politique et la turpitude de leurs choix nombrilistes qui conduisent à l’impasse ou au blocage des Institutions. Ils en assumeront la responsabilité devant l’histoire ». C’est tout dire. « Nombrilistes » veut dire des acteurs politiques motivés par les préoccupations personnelles.