Après avoir préparé des groupes de jeunes pour des actions de rue afin de faire pression sur Kabila et lui faire nommer Félix tshisekedi comme Premier ministre, les radicaux du Rassemblement s’organisent pour sortir carrément de l’accord en cherchant un prétexte par l’accusation de la majorité qui bloquerait l’accord du 31 décembre.
En fait, le Rassemblement/Limete, qui n’a, au fond, jamais voulu du dialogue, a choisi de revenir à son plan d’insurrection en cherchant à créer les conditions pour revenir à son discours sur l’article 64 de la Constitution et la fin de mandat du Président pourtant resté en place selon l’article 70-2 de la même Constitution.
Dans une de ses récentes éditions, congovirtuel.org faisait état d’une réunion tenue par le Rassemblement/Limete au cours de laquelle des stratégies avaient été arrêtées pour organiser des manifestations de rue en vue de faire pression sur le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, afin d’obtenir la nomination d’Etienne Tshisekedi au poste de Premier ministre sans soumettre la liste des trois noms demandées par le Chef de l’Etat. A cette occasion, 18 groupes des jeunes ainsi que des représentants des étudiants des universités et instituts supérieurs publics et privés avaient été mises à contribution pour qu’ils se préparent à ces actions projetées, entre le 15 et le 17 mars courants.
Mais pour y parvenir, il faut un prétexte qui servira également de moyen de légitimation de ces actions de rue. Et le prétexte trouvé est le chantage distillé aujourd’hui à petites doses à travers l’accusation de la majorité et du Chef de l’Etat comme points de blocage de la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre. En effet, dans une déclaration de cette aile du Rassemblement, Matin Fayulu a déclaré, en début de ce week end affirmé que cet accord est aujourd’hui la seule source de légitimité de toutes les institutions de la République, mettant en exergue particulièrement le Président de la République. Une façon donc de préparer l’action à venir en revenant, le moment venu, sur le discours de la fin de son mandat et ainsi relancer le prétexte de l’article 64 de la constitution pour justifier ces actions tout en déclarant l’attachement du Rassemblement/Limete au même accord.
En attendant, pour commencer à chauffer la rue, l’Udps et d’autres groupes des partis membres du Rassemblement annoncent qu’Etienne Tshisekedi va être enterré de force au siège de son parti à Limete.
En décidant ainsi de recourir au discours et aux méthodes ayant précédé la conclusion de l’accord du 31 décembre 2016, le Rassemblement/Limete prend sur lui la responsabilité d’en sortir afin de poursuivre par d’autres moyens l’assouvissement de ses ambitions. Faire porter à la majorité et au Président de la République la responsabilité de la non-application, à ce jour, de l’accord est, cependant, un prétexte qui ne tient pas debout. En effet, tout le monde sait que les discussions sur les arrangements particuliers devant faire appliquer cet accord sont suspendues depuis la mort, le 1er février 2017, d’Etienne Tshisekedi. Ce décès a créé un vide en ce que Tshisekedi était désigné intuitu personae dans l’accord pour assumer les fonctions de résident du Conseil national de suivi de l’accord et être l’interlocuteur du Chef de l’Etat, notamment dans la désignation et la nomination du Premier ministre.
La balle s’est ainsi retrouvée dans le camp du Rassemblement qui doit combler ce vide et retourner à la table des négociations. Or, le Rassemblement s’est retrouvé en difficultés à cause des dissensions internes qui ont vu naître trois ailes en son sein. Parmi celles-ci, l’aile de Limete a procédé à une restructuration pour présenter une nouvelle configuration qui change tout de celle consigné dans l’entendement de l’accord, ceci du fait qu’à présent – et en attendant d’en savoir plus sur le sort des autres ailes – l’interlocuteur du Chef de l’Etat devrait être le Président du Rassemblement exécutif et non plus le Président du comité des sages qu’était Etienne Tshisekedi.
Ainsi donc, en plus des 40 jours qui viennent de s’écouler sans discussions sur les arrangements à cause du blocage au sein du Rassemblement, l’on se retrouve avec cette situation qui va certainement compliquer les discussions lorsqu’elles reprendront.
Il ne reste, cependant, pas moins que la question du Premier ministre n’est pas le seul point à apurer par le canal des arrangements particuliers. En effet, les parties doivent finaliser le profilage du Gouvernement en déterminant qui devra prendre quel ministère, mais aussi en levant les options sur l’insertion ou pas des vice-primatures et des ministres d’Etat.
Une autre question restée pendante est liée aux exigences particulières de certaines composantes telles que l’Udps et le MLC qui voudraient bien changer leurs représentants au sein de la Ceni et du Csac, ce qui contribuerait à une perte supplémentaire de temps dans le processus électoral qui a déjà perdu deux mois et demi, étant donné que cette période court depuis la signature de l’accord.
Il est donc clair, à ce jour, que si l’on doit chercher le blocage qui vient de faire perdre 40 jours à l’application de l’accord, c’est bien du côté du Rassemblement qu’il faut se tourner. Même la Cenco, qui assure la médiation, l’a reconnu lorsqu’elle a affirmé, par la voix de Mgr Utembi, que le problème interne au Rassemblement était un soucis réel pour la suite des négociations.
Tout le reste n’est qu’une manœuvre dilatoire des radicaux de l’opposition qui, soutenus par des capitales et des lobbies politico-affairistes en Occident, n’ont, dans le fond, jamais voulu de ces négociations qui, en fait, avaient consacré l’échec de leur plan d’insurrection auquel ils veulent revenir.
Pascal Debré Mpoko