Le député national Claudel Lubaya considère comme une faute stratégique et une erreur géopolitique le rapprochement entre Kinshasa et Le Caire, en marge de la visite du président Kabila auprès de son homologue Abdel Fattah Al-Sissi.
Pour le président de l’UDAO, rechercher le soutien d’un régime putschiste est une erreur stratégique et diplomatique pour la RDC. Dans sa tribune envoyée ce dimanche 23 avril à ACTUALITE.CD, André Claudel Lubaya estime que seul le peuple demeure le véritable bouclier contre l’ingérence étrangère.
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Visite en Egypte : erreur stratégique et géopolitique
La diplomatie congolaise (s’il y en a une) donne l’impression d’être complètement essoufflée et totalement décalée par rapport à sa propre ligne stratégique. Pour preuve, le communiqué rendu public hier à l’issue de la visite de l’actuel président de la République en Égypte met en contradiction le régime congolais avec sa ligne actuelle, à savoir le refus de l’ingérence dans les affaires intérieures du pays.
Le pouvoir de Kinshasa est allé en Égypte solliciter le soutien auprès d’un régime qui tire ses origines dans la volonté des puissances étrangères (États-Unis et Israël) de contrôler l’appareil de l’Etat égyptien sous le prétexte de lutter contre le fondamentalisme musulman et protéger de ce fait, Israël. Le régime Al-Sissi n’est pas nationaliste ni anti-impérialiste. Il n’est pas démocratique non plus. C’est un régime réactionnaire de type fasciste, une dictature militaire imposée de force et maintenue par les armes, bâtie sur la répression systématique contre les voix dissidentes et les frères musulmans. Ses comptes, il les rend aux puissances qui l’ont imposé et dont les intérêts ne sont pas ceux du peuple égyptien.
C’est dire que le contexte n’est pas le même pour le régime de Kinshasa, largement au-delà de son mandat constitutionnel mais qui, on le sait, tient à se maintenir et à se pérenniser contre la volonté de son peuple qui refuse de se soumettre à sa tyrannie. A Kinshasa, les problèmes comme les intérêts ne sont pas les mêmes qu’au Caire, en Égypte. A Kinshasa, le régime essaie de contourner les règles du jeu pour s’imposer. Et cela ne passe pas. Le peuple veut la démocratie et y tient, au prix d’énormes sacrifices. Il n’est pas prêt à accepter encore une dictature bâtie sur fond de répression, de violences de masses et des scandales à répétition.
Réputé faible, corrompu et compromis, le régime de Kinshasa est inapte et incapable de maintenir la sécurité à l’intérieur des frontières nationales et menace la stabilité de ses voisins. Sanctuaire des groupes armés et des rébellions étrangères qu’il manipule de fois à sa guise, Kinshasa commet l’erreur de penser que l’Égypte ne connaît rien de tout cela.
La faute stratégique commise par la délégation de Kinshasa en Égypte, c’est de vouloir afficher des relents nationalistes (qu’ils n’ont pas du reste) devant des partenaires égyptiens ébahis et agents soumis de l’ingérence étrangère au Proche-Orient. L’Égypte d’aujourd’hui n’est ni celle de Nasser ni de Sadate qui prônait une certaine indépendance vis-à-vis des puissances d’argent et qui sécurisaient Israël. Au plan géopolitique, Kinshasa a tort de penser qu’il peut compter sur le Caire dont les intérêts sont minimes et presque inexistants en RDC.
En définitive, le véritable bouclier contre l’ingérence étrangère, c’est un front intérieur populaire et solide, autour des intérêts nationaux vitaux et ceux de survie d’une nation. Or, à ce niveau, le pouvoir de Kinshasa est conscient de sa faiblesse et de son rejet par la population. Il sait qu’il ne peut pas compter sur un ralliement populaire d’envergure ou une adhésion des masses à sa politique considérée comme toxique et nuisible à l’intérêt général. Vouloir parader dans les rues du Caire à la recherche d’un soutien inespéré d’un régime issu d’un putsch, c’est simplement une erreur politique, stratégique et diplomatique. A la place, mieux vaut regarder la réalité en face et quitter le pouvoir par la grande porte. C’est l’Afrique entière qui y gagnerait.