Joseph Kabila, le président congolais, n'a pas dû apprécier la déclaration des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo rendue publique ce 21 avril. Quatre pages denses dans lesquelles les évêques congolais expliquent qu'ils n'abandonnent "pas le peuple congolais et ses aspirations les plus légitimes, surtout pas en ces temps de crise".

Dans la foulée, les évêques congolais, demeurés très silencieux depuis quelques semaines et l'échec de leur mission de médiation entre la majorité présidentielle et le Rassemblement de l'opposition pour parvenir à la signature des arrangements particuliers qui doivent permettre la mise en place complète de l'accord de la Saint-Sylvestre, n'hésitent pas à pointer du doigt les responsabilités de la majorité présidentielle et plus particulièrement celles du président de la République dans les blocages actuels des négociations.

Soutien international

Ils insistent sur le fait que cet accord, "salué par tout le peuple congolais" a été "sanctionné par la Résolution 2348 du Conseil de sécurité des Nations unies". Fort de ce soutien, qui plaide pour la mise en oeuvre "complète et rapide de l'accord du 31 décembre" qui est "essentielle pour appuyer la légitimité des institutions chargées de la transition", ils tancent la majorité et particulièrement le président Kabila. Ils reprochent ouvertement au président Kabila d'avoir nommé un Premier ministre (Bruno Tshibala) sans tenir compte du texte de l'accord et rappellent aussi que la nomination du président du Conseil national du suivi de l'accord doit provenir du Rassemblement de l'opposition, ce qui contredit explicitement les termes du président Kabila lors de son discours à la nation de ce début du mois d'avril. Deux mises au point qui succèdent à un rappel sans ménagement des points de l'accord de la Saint-Sylvestre qui "ne nécessitent pas un arrangement particulier" et de citer "le chef de l'Etat ne briguera pas un troisième mandat", "les élections présidentielles, législatives et provinciales seront tenues avant le 31 décembre 2017" ou le fait qu'il est formellement interdit d'envisager une quelconque révision de la constitution.

Les évêques poursuivent par un constat accablant sur les conséquences de la non mise en place de l'accord du 31 décembre, dont l'insécurité grandissante et de plus en plus meurtrière, surtout au grand Kassaï, ou l'envolée des prix et la crise économique qui touchent de plein fouet la population

"TSMK" et Katumbi invité à rentrer au pays

Dans la foulée de ce texte, les évêques ont aussi, notamment, rédigé leur rapport sur le dossier Moïse Katumbi. On se souviendra que l'ex-gouverneur du grand Katanga, candidat à la future présidentielle, avait été condamné, au printemps 2016, à trois ans de prison pour un dossier de spoliation immobilière peu crédible. Le cas de Moïse Katumbi devait être examiné lors des négociations entre majorité et Rassemblement de l'opposition. Mais dans les rangs de la majorité, plus personne ne fait mystère du plan "TSMK" (Tout sauf Moïse Katumbi) qui a conduit cette majorité kabiliste a bloqué systématiquement ce dossier, contraignant ainsi de facto le principal opposant à l'exil et espérant, grâce à cette condamnation, pouvoir le priver de toute chance de se présenter à la présidentielle. Moïse Katumbi, lui, pour éviter que son cas ne serve de prétexte à la majorité pour bloquer les négociations, avait demandé à ce que ce dossier judiciaire soit disjoint du reste des négociations et avait remis son sort entre les mains des évêques, chargés de mener leur propre enquête sur cette condamnation aussi étrange que rapide. Aujourd'hui, ce rapport des évêques est terminé et, sur les pages que La libre a pu découvrir en exclusivité, on peut lire "les deux procès (à l'encontre de Moïse Katumbi) ne sont que des mascarades".

Fort de cette conclusion, ils demandent "le retrait immédiat du mandat de prise de corps", ce qui implique que Moïse Katumbi est invité à "rentrer" afin qu'il puisse exercer "ses droits en homme libre". Une nouvelle gifle à l'intention du pouvoir kabiliste.

Meeting ce lundi 24 avril

Par ailleurs, la tension politique qui semblait avoir baissé de quelques crans depuis le 10 avril dernier pourrait connaître un nouveau pic dès lundi prochain, 24 avril, jour anniversaire de l'introduction du multipartisme au Zaïre de Mobutu. "Le Rassemblement de l'opposition organisera des meetings ce 24 avril à Kinshasa, Lubumbashi et dans d'autres grandes villes", nous explique un des responsables du Rassemblement. "Il n'y a pas de raison que la police nous en empêche, cela fait des jours et des jours que les autorités autorisent tous les meetings de Vital Kamerhe, mieux, il dispose même de la protection de la police congolaise. Visiblement, l'opposition, du moins une certaine oppposition, dispose désormais de certains égards", conclut, un rien cynique, le responsable du Rassemblement.

Hubert Leclercq
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