C’est la plus importante mission de maintien de la paix de l’ONU à l’échelle planétaire. Cependant, il est on ne peut plus compliqué de s’en apercevoir vu de la République Démocratique du Congo elle-même, pays où tout se passe comme si depuis près de vingt ans, la cure d’irénisme prescrite par la superstructure mondiale n’aura même pas été efficace d’un point de vue cosmétique. Il faut pourtant passer par la ville ougandaise d’Entebbe pour comprendre l’ampleur logistique de la mission onusienne en RDC. Une base aérienne aux dimensions prométhéennes, des rotations incessantes des vols, des ravitaillements impressionnants depuis cette coquette ville ougandaise attestent de la grosse activité qui se déploie depuis l’étranger pour le compte de la Monusco, et dont la mise en scène par capillarité en terre congolaise n’est que la partie visible d’un iceberg immergé dans un affairisme sous-marin insoupçonné.

L’article 48 de l’Accord conclu le 4 juin 2000 entre l’Onu et la RDC
dispose que : «Le Gouvernement prend toutes les mesures utiles pour assurer la sécurité de la Monuc et de ses membres. A la demande du Représentant spécial du Secrétaire général, le Gouvernement assure la sécurité voulue pour la protection de la Monuc, de ses biens et de ses membres pendant l’exercice de leurs fonctions»…

Déployée depuis une vingtaine d’années sur le territoire congolais pour traquer et désarmer les groupes armés cités dans l’Accord de Lusaka signé en 1999, la Mission onusienne présente un bilan mitigé dans ce cadre précis. Et verse dans la diversion en s répandant en rapports sur le monitoring des droits de l’homme et le processus électoral tout en sachant que sans la sécurité sans le retour de la sécurité auquel la mission devrait apporter son concours aux autorités rd congolaises, l’un et l’autre restent hypothétiques… 
 
 
 

Président du Conseil de sécurité, le britannique Matthew Rycroft a présenté à la presse le programme de travail de cet organe pour le mois de mars 2017. S’agissant de la RD Congo, il y est affirmé que : «Une autre question africaine d’importance à l’ordre du jour du Conseil ce mois-ci est la situation en République Démocratique du Congo (RDC). Elle fera l’objet d’une séance avec les pays contributeurs de troupes (le 16 mars), d’une séance d’information publique et de consultations (le 21) et de la mise aux voix d’un projet de résolution (le 29) pour proroger le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), ‘à bien des égards la plus large, la plus onéreuse et la plus complexe’ des opérations de maintien de la paix actuellement déployées. La séance d’information publique du 21 mars sera aussi l’occasion d’évaluer la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région des Grands Lacs, a-t-il ajouté. Quand on sait que le nouveau secrétaire général de l’Onu préconise l’augmentation des effectifs au motif que «Cela permettrait à la Mission de mieux protéger les civils ainsi que le personnel et les locaux des Nations Unies en cas de violences», cela prêterait à sourire…
 
 

Pourtant, les séances du 21 et du 29 mars 2017 sont l’occasion indiquée pour procéder à l’évaluation de l’Accord de Lusaka du 10 juillet 1999 et passer en revue le Sofa (Accord de siège entre la RDC et l’Onu), le premier cité étant le produit du second. 
Si le Sofa est presque muet sur les raisons du déploiement de la Mission onusienne, l’Accord, quant à lui, est assez clair à son Chapitre 8 qui comprend 3 points essentiels. Dont, le 8.2.2. relatif au «Rétablissement de la paix». La Mission est chargée de : «a) traquer et désarmer les groupes armés» ; «b) identifier les auteurs des massacres, les auteurs des crimes contre l’humanité et les autres criminels de guerre »; «c) traduire les génocidaires devant le Tribunal International Pénal» ; «d) rapatriement» et « e) élaborer toutes les mesures (persuasives ou coercitives) jugées appropriées pour atteindre les objectifs de désarmement de rassemblement, de rapatriement et de réintégration dans la société des membres des groupes armés».
 Les groupes armés visés sont les ex-Far, l’Adf, le Lra, l’Unrf II, les milices Interahamwe, le Funa, le Fdd, le Wnbf, le Nalu et l’Unita. Les ex-Far et les milices Interahamwe forment la base des Fdlr, l’Unita est devenue un parti politique normal…
 

Très actifs et extrêmement nocifs…
 

Il est intéressant de noter qu’en 2017, dans son premier rapport sur la RDC en tant que secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres confirme le bilan mitigé de la Monusco.
 Au point 10, il en ressort, en effet, que «Les civils continuent d’être gravement touchés par les activités que ne cessent de mener des groupes armés dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, l’Ituri et le Haut-Uélé, ce qui se traduit par la poursuite des opérations des forces armées congolaises et de la MONUSCO. Malgré la pression militaire, les Forces démocratiques alliées (ADF), les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et la Force de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) ont réussi à conserver la capacité de mener des activités déstabilisatrices».
 Même constat au point 16 où le lecteur apprend que : «Dans le Sud-Kivu, des mouvements de groupes armés ont été signalés, en particulier dans les territoires de Fizi, de Shabunda et d’Uvira. D’importants mouvements des FDLR ont également été signalés dans le territoire de Mwenga. Dans les plaines de Ruzizi, les FARDC ont bloqué des mouvements transfrontaliers d’éléments armés burundais qui tentaient de pénétrer dans le territoire d’Uvira; des éléments des Forces nationales de libération (FNL) ont été tués au cours d’une opération. La MONUSCO a également mené des opérations avec les FARDC, ciblant les camps des FNL situés autour de Sange, dans le territoire d’Uvira, afin de restreindre leur liberté de mouvement et leur accès aux ressources».
 Au point 17 : «Dans le Haut-Uélé, l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a continué d’attaquer des civils dans le nord-ouest du territoire de Dungu et le long de l’axe Bangadi-Niangara, pillant des vivres et enlevant des civils. En outre, les mouvements transfrontières par des éléments armés du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS dans l’opposition) et de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) se sont poursuivis».
 La sélection montre que les groupes armés étrangers Fdlr, Adf-Nalu, Fnl et Lra sont toujours opérationnels en territoire congolais. Restent en lice l’Unrf II, le Funa, le Fdd et le Wnbf dont l’activisme, d’ailleurs, a toujours été de moindre intensité. Par contre, les premiers cités sont très actifs et extrêmement nocifs, avec comme cible non pas les populations rwandaises, ougandaises et burundaises, mais les populations congolaises. 
 

L’argument de la protection des populations
 
 
La tradition qui s’installe depuis un certain temps est, pour la Monusco, de rappeler dans chacune de ses communications la responsabilité première du Gouvernement dans la sécurisation des personnes et de leurs biens. C’est qui est vrai, en fait. Mais, c’est aussi vrai qu’à chacune des tentatives du Gouvernement de mener en solo une action militaire d’envergure contre les groupes armés (peu importe qu’ils soient étrangers ou nationaux), la Mission onusienne exige son interposition « salutaire » sous prétexte d’accompagnement logistique, de respect du droit humanitaire, etc ! Et au terme d’opérations conjointes de de traque, le statu parfait demeure : la survie de ces groupes armés étrangers. 
La Monusco avance régulièrement l’argument de la protection des populations civiles, accusant ainsi invariablement les forces gouvernementales de violation délibérée des droits de l’homme.
Il s’en suit que ces groupes peuvent tuer et piller à volonté, mener une guerre asymétrique contre les forces régulières, et que la Monusco n’intervienne que pour évaluer la proportionnalité de la réaction. Comme si, par réaction proportionnelle, elle attend voir l’armée ne tuer qu’un assaillant pour chaque militaire tué, ou la police ne blesser qu’un assaillant pour chaque policier blessé. Pire, elle inocule dans l’esprit des populations congolaises l’idée que leur protection est mieux assurée par elle que le Gouvernement qui, paradoxalement, se charge de la protéger, elle !

Les Congolais tombent dans le piège
 

La Monusco sait bien qu’à la signature de l’Accord de Lusaka en 1999, c’est à elle (et non à l’armée et à la police nationale) que revenait la charge d’éliminer du territoire congolais la gangrène que sont les groupes armés ougandais, rwandais et burundais.
Elle sait aussi que c’est à cause de la capacité de survie de ces groupes étrangers que des groupes nationaux développent la même capacité de survie, et en viennent, hélas !, à se méfier des Fardc.
Elle sait au moins que les Congolais ont la capacité de lire les signes des temps : à l’approche de chaque session de l’Onu consacrée au renouvellement de son mandat ou à l’approche de toute échéance électorale en RDC, la situation sécuritaire s’aggrave au travers le regain de l’activisme des groupes armés. Au final, l’insécurité récurrente en RD Congo profite à la vingtaine de milliers d’éléments onusiens en villégiature sur le territoire de ce pays-continent. En même temps que l’opinion avertie se rend compte du fait que jamais une mission onusienne n’a jamais été aussi peu efficace dans l’accomplissement de son objectif premier (neutralisation des groupes armés étrangers). Et qu’elle s’épuise entièrement dans l’observation de prétendues violations des Droits de l’homme via le BCNUDH, hyper-efficace dans le soutien du processus électoral.

Ainsi, du postulat selon lequel de la sécurité (lisez la paix) dépendent le respect des Droits de l’Homme et la tenue des élections démocratiques, on passe maintenant au postulat contraire selon lequel la sécurité (lisez la paix) est dépendante du respect des Droits de l’Homme et de la tenue des élections, démocratiques.
A l’évidence, les Congolais tombent dans le piège, faute de réaliser comment des pays africains présentés comme modèles de démocratie peinent à se développer. 
Ils ne leur reste que l’alternative de s’inspirer de schémas de soulèvements populaires dont la finalité, on s’en doute, est de faire proroger le mandat de la Monusco !
 

Au-delà de tout ce qu’il est permis de penser autour de l’ONU-Business de la Monusco qui fait les beaux jours des fonctionnaires internationaux sur le dos d’une instabilité savamment entretenue, la plus grande mission de maintien de la paix, à travers ses manœuvres d’éternisation, semble poursuivre un objectif encore plus sibyllin auquel les congolais se doivent d’ores et déjà de se montrer allergiques : la mise sous tutelle d’un pays dont un certain establishment néolibéral souhaiterait qu’il se limitât à jouer le rôle lui conféré en 1885 à la fameuse conférence de Berlin.
Dans une de ses récentes éditions, « Le Maximum », un tabloid publié à Kinshasa, a épluché les propos d’un certain Herman Cohen qui considère que tous les ingrédients sont réunis pour que cette mise sous tutelle qui semble avoir été méditée de longue date soit enfin décrétée. Même si on peut mettre l’indiscrétion de cet octogénaire retraité sur le compte d’une débilité sénile, il n’en demeure pas moins qu’elle sonne comme un avertissement pour tous ceux qui souhaitent encore léguer à la postérité une RDC indépendante et souveraine, surtout lorsque des politiciens insouciants à la recherche des postes passent par là…
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum
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