Message du Ministre Lambert Mende de la Communication et Médias à l’occasion de la célébration de la Journée Mondiale de la liberté de la presse.
Le 03 mai de chaque année a été décrété depuis 1993, Journée Mondiale de la liberté de la presse.
En règle générale, la célébration et la commémoration d’une date ou d’un événement sont l’occasion de faire le point, de jeter un regard rétrospectif sur le chemin parcouru afin de dégager, après évaluation, les éléments nécessaires pour consolider les acquis, améliorer les faiblesses constatées et dessiner de nouvelles perspectives.
Cette année, au-delà du travail d’évaluation nécessaire, je salue la pertinence de la thématique choisie à savoir : « Des esprits critiques pour des temps critiques : Le rôle des médias dans la promotion des sociétés pacifiques, justes et inclusives ». Cette thématique est de notre point de vue en parfaite adéquation avec l’impérieuse nécessité d’inviter les médias à plus de responsabilité et à une remise en question aussi bien de certaines de leurs pratiques que de la nature objective de l’information qu’ils véhiculent dans l’objectif de la paix et du développement.
En effet, en raison de la situation singulière que traverse bon nombre de pays à travers la planète et dans le contexte de ce nouveau monde où nos concitoyens sont de plus en plus victimes des ravages causés par des rumeurs et des « fake News » véhiculés de manière irresponsable tant sur les réseaux sociaux que par certains médias globaux qui résistent de moins en moins à la tentation du recours au sensationnalisme d’une part, et lorsqu’on sait d’autre part que la pauvreté, l’exclusion, les injustices, les émotions sélectives, les frustrations engendrent des violences qui viennent déchirer la paix, il est indispensable, essentiellement dans les moments critiques, que la légèreté et la complaisance cèdent la place à la rigueur et à la responsabilité au sein de ce qu’il est convenu d’appeler le 4eme pouvoir. Et ceci n’est possible de la part des médias que grâce à l’esprit critique et à la possibilité offerte d’assurer l’accès tant individuel que collectif à une information juste, utile et responsable.
En RDC notre pays qui a opté pour le moins mauvais de tous les régimes politiques imparfaits à savoir la démocratie, il sied de rappeler, et cela est de notoriété publique, qu’après la longue parenthèse caractérisée par la fermeture de l’espace démocratique et durant laquelle à défaut de bâillonnement l’information n’était que monolithique tout comme le paysage médiatique, l’on a assisté depuis à un défoulement collectif qui a été accompagné par une véritable implosion médiatique. A ce jour, la République Démocratique du Congo compte 1.122 entreprises privées de presse dont 467 radios, 210 télévisions et 445 titres de journaux de la presse écrite.
Cette libération soudaine de la parole et l’implosion du monopole médiatique peuvent s’interpréter comme la traduction de ce besoin de la liberté d’expression et d’accès à l’information.
Aujourd’hui, même si tout n’est pas parfait, loin s’en faut, au regard de ce nombre impressionnant d’entreprises de presse et de la vivacité des débats dans différents médias, force est de reconnaître que la liberté de la presse et la liberté d’expression sont une réalité incontournable en plus d’être garanties dans notre pays. La censure, les restrictions, la détention des journalistes sont parfois signalées mais il s’agit de faits rares sinon exceptionnels. Certes l’on déplore encore quelques cas de journalistes assassinés, mais cela relève plus des considérations autres que celles liées nécessairement à l’exercice de leur profession ou du fait des pouvoirs publics.
Consacrer un droit et Célébrer une journée, est une chose. Réfléchir de façon approfondie aux modalités et à la manière idoine d’exercer un droit et de le faire jouir à tous nos compatriotes en est une autre. C’est pourquoi j’encourage les débats autour des thématiques relatives à la justice pour tous, à la promotion des médias comme catalyseurs du développement durable et de l’inclusivité des sociétés.
On ne le répétera jamais assez : la liberté d’expression et de la presse sont un droit garanti par notre Constitution certes, mais sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public, des bonnes mœurs et des droits d’autrui.
En plus d’être une nécessité, l’information est une garantie de l’épanouissement individuel et du développement collectif car il existe bien un lien direct entre information et connaissance. L’information est de ce point de vue un véritable viatique à la lutte contre l’ignorance et l’obscurantisme qui est à son tour une clé pour la jouissance des autres droits et in fine pour le développement.
Je forme, au nom du Gouvernement, l’espoir que des solutions ouvertes seront initiées pour l’amélioration des connaissances, le renforcement des capacités et la mise en œuvre des normes éthiques et juridiques pour une utilisation optimale de la liberté de la presse de même qu’un ajustement des pratiques en la matière en vue de la production d’une information objective, responsable et socialement utile.
Je voudrais terminer mon propos en invitant les représentants des pouvoirs publics et les partenaires du secteur à prendre davantage conscience de la nécessité pour notre pays de disposer d’une presse de qualité tant dans son fonctionnement que dans ses pratiques quotidiennes, à encourager les détenteurs de l’information à la partager dans la sérénité. De cette manière et de cette manière seulement, les débats dans l’espace socio-économique et dans les interactions citoyennes seront propices et à impulser le développement collectif et l’intérêt général pour des sociétés de paix, plus justes et plus inclusives.
Je vous remercie.
