En début de cette semaine, une rumeur faisant état des contacts entre les proches du Président Joseph Kabila et Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, s’est répandue dans la ville entière. Ce que la 11ème rue Limete a démenti mardi dernier. Cependant, dans les rues de Kinshasa, les friands de l’électrochoc refusent de lâcher prise. Chacun y va de son commentaire, selon qu’il soit du camp du pouvoir ou de l’Opposition.

Au demeurant, une question de bon sens s’invite dans cette valse de supputations. La problématique consiste à savoir si toutes les rencontres entre le pouvoir et l’Opposition doivent avoir lieu sous l’œil parfois gênant des caméras. Autrement dit, y a-t-il d’inconvénients à ce que deux protagonistes d’une crise politique, puissent se parler en privé, soit directement, soit par le biais de leurs émissaires respectifs ? Quel sage reprocherait donc pareille initiative si, in fine, l’objectif serait de décrisper une situation d’impasse latente ou réelle ?

UNE VIEILLE RECETTE PLUSIEURS FOIS EXPERIMENTEE
En politique, les choses sérieuses ne se traitent pas toujours en plein jour, au vu et au su de tout le monde. Il Ici comme ailleurs, il existe des rencontres " occultes " entre ceux qui détiennent l’impérium du pouvoir et le camp de la contestation.
Sur ce point précis, des vérités historiques renseignent que, sous le régime de feu le maréchal Mobutu, le pouvoir d’alors entretenait des contacts " souterrains " avec l’Opposition ; En l’occurrence l’Udps de feu Etienne Tshisekedi, en tant que principal parti de l’Opposition au régime de l’homme du 24 novembre 1965.
Quand bien même que dans l’opinion, le contact au grand jour entre le Président Mobutu et Etienne Tshisekedi ressemblait à un totem, les Zaïrois d’alors savent que les deux acteurs se parlaient hors micro. Le moins que l’on puisse savoir, c’est que de temps en temps, des messagers du pouvoir allaient vers le sphinx de Limete. Loin d’être une révélation, il s’agit plutôt ici, d’une vérité archi connue. Et donc, d’un secret de polichinelle.
Par ailleurs, la même recette a été expérimentée sous le régime de feu M’Zee Laurent-Désiré Kabila, tombeur du maréchal Mobutu. Quand il prend le pouvoir en mai 1997, l’homme fort de l’Alliance des Forces démocratiques pour la libération au Congo (AFDL), ne trouve pas devant lui, une classe politique totalement acquise à sa cause.

LA STRATEGIE DES KABILA
L’opposant armé au régime de Mobutu avait, lui aussi, ses opposants tapis à Kinshasa. Par conséquent, le nouveau Chef de l’Etat s’était vu dans l’obligation de deviser avec les principaux acteurs politiques de l’Opposition. C’est ce qui explique, entre autres, la rencontre de Kimbembe, dans l’ex-Katanga, avec des envoyés de ladite Opposition Tshisekediste, dont feu Christian Badibangi.
Toujours dans ce même registre, les annales de l’histoire politique de la RD Congo renseignent que, sous l’actuel Président Joseph Kabila, des rencontres du genre avaient également eu lieu. Les plus emblématiques sont celles d’Ibiza, en Espagne, et de Venise, en Italie. Sans doute, on devra ajouter à ces deux, la rencontre de Paris, entre les délégués du pouvoir de Kinshasa et Etienne Tshisekedi, avant même l’ouverture officielle des travaux du Dialogue de la Cité de l’ex-OUA en octobre 2016 à Kinshasa.

A QUELQUE HUIT MOIS DES ELECTIONS…
Selon Edem Kodjo qui l’avait dévoilée, cette rencontre s’était inscrite dans le cadre de recherche d’une issue concertée à l’impasse politique survenue en RD Congo, au terme du second mandat constitutionnel du Président Joseph Kabila.
Hier comme aujourd’hui, le contexte semble être le même. Et, face à ce balbutiement de l’histoire politique de la RD Congo, le dialogue passe pour l’arme efficace.
Avril va bientôt finir sa carrière. Plus exactement dans onze jours. Conformément au calendrier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui prévoit la tenue des élections le 23 décembre prochain, les Congolais sont théoriquement à huit mois du scrutin.
Sur base de cette donnée arithmétique, y aurait-il de mal à voir le camp du pouvoir se parler avec l’Opposition ? Quelle est la conséquence fâcheuse qui résulterait d’une telle rencontre ? A priori, aucune. Bien au contraire. Dès lors que dans les différents discours politiques tenus sur la place publique, les variables "élections apaisées " tiennent lieu de constance, alors qu’ on devrait être conséquent.

NECESSITE DE DIALOGUER
On ne peut pas, au jour d’aujourd’hui, parler d’un processus électoral dépouillé de toute tension, et en même temps, ne pas voir les deux principaux camps dialoguer en toute sincérité. Un contact comme celui-là, une fois effectif, aurait le mérite de permettre aux deux parties d’évacuer certaines hypothèques liées à la tenue des élections. En l’occurrence la polémique ambiante sur la machine à voter.
Pas seulement. On ne peut pas non plus réclamer matin, midi et soir, l’application intégrale de l’Accord politique global et non exclusif du 31 décembre 2016, sans que les parties prenantes ne puissent se parler.
Quoique l’on dise, la CENI reste et demeure un organe technique. Sa mission est bien comprise : l’organisation matérielle des élections. S’il faut emprunter du lexique du sport, la Centrale électorale joue le rôle d’arbitre.
En tout cas, ce n’est pas la Ceni qui ira devant les urnes. Plutôt, les Congolais appartenant soit à la mouvance présidentielle, soit à l’Opposition dans son ensemble. Dans cette métaphore, on ne saurait avoir un arbitre sans parties adverses. Pour le coup, le pouvoir et l’Opposition, considérés comme les joueurs des deux équipes.

BRISER LE MUTISME
De l’avis de nombreux analystes, si la RD Congo est aujourd’hui l’otage des agendas de certains lobbies étrangers, c’est parce que ces puissances ont la parfaite maitrise de la situation en interne. Elles savent pertinemment bien qu’en situation de crise, les différents protagonistes locaux ont du mal à se parler suffisamment. Souvent, chacun s’arc-boute sur la position. Et, les mêmes puissances surfent sur ce mutisme chronique, conséquence d’une politique qui s’est quelque peu muée en une inimitié primaire entre ceux qui dirigent le pays et les opposants.
En d’autres termes, si les acteurs politiques avaient une culture de dialogue permanent pour résoudre des problèmes majeurs qui se posent au pays, l’étranger ne trouverait plus de prétexte pour s’ingérer dans les affaires internes du pays.
Pour toutes les raisons avancées ci-dessus, une rencontre entre le Pouvoir et L’Opposition s’avère indispensable. Ne serait-ce que pour lever une option sur certains sujets qui fâchent. Ainsi, on épargnerait le pays des velléités d’une guerre civile post-électorales, comme ce fut le cas en 2006 et, dans une moindre mesure, en 2017.
Laurel KANKOLE
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top