*"Le Royaume est un pays musulman, mais où chrétiens, juifs et autres cohabitent pacifiquement. C’est un bel exemple et c’est ce qu’enseigne l’Islam", fait observer le Grand Mufti congolais.

La section RDC de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains a organisé, samedi 21 avril à Kinshasa, sa toute première conférence-débat. Quatre érudits venus du Maroc, avec à leur tête Dr Hassan Azzouzi, avaient effectué le déplacement pour la capitale congolaise pour partager leurs connaissances de l’Islam. Une religion portée par des valeurs de paix, de stabilité et d’oeuvres utiles. Pour autant que sa pratique soit prémunie de l’ignorance, de la déviation et de l’extrémisme. Dans une interview accordée à Forum des As, le Grand Mufti Cheikh Abdallah Mangala, l’unique congolais retenu parmi les érudits de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, revient sur ce moment de partage et de communion. Larges extraits.

Le Grand Mufti Imam Cheikh Abdallah Mangala peut-il nous donner l’économie de sa communication centrée sur l’Islam en RDC ?
Nous devons pratiquer l’islam tel que Dieu l’a révélé au Prophète. Voilà les enjeux actuels, nous devons lutter contre le terrorisme, l’agressivité, la barbarie, au nom de l’islam. Parce que l’Islam c’est la paix, la quiétude, la tranquillité, la soumission. Donc, il n’y a pas de raison de voir un musulman s’adonner à des actes qui contredisent l’étymologie même de sa foi. J’ai essayé de sensibiliser les musulmans congolais, mais aussi ceux d’ailleurs, notamment africains.

Quels sont les enseignements de cette conférence qui s’est déroulée à Kinshasa ?

Les quatre experts marocains qui étaient avec nous, dont le chef de la délégation, Dr Hassan Azzouzi, et les trois autres sont venus nous aider à changer le visage de notre islam. Sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Commandeur des croyants, le champ religieux a entamé au Maroc une démarche innovante et conciliante pour un Islam moderne, tolérant, et de paix. Le modèle marocain séduit et il nous faut son accompagnement. Un modèle à dupliquer en Afrique. Ces érudits étaient là pour partager avec nous des connaissances...

Pourquoi avoir tenu cette conférence en RDC ?
Cette conférence ne s’était pas seulement tenue en RDC. Nous sommes arrivés à une période où on devrait conjuguer le même verbe au même moment. Les 32 pays africains membres de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains, avaient cette conférence à leur agenda, mais avec des sujets différents. Chaque pays a choisi le sien. Celui du Congo était axé sur les quatre écoles juridiques sunnites. Parce que quand on parle de Sunnite, les gens pensent qu’on a exclu d’autres écoles, non. L’islam en soi n’avait pas plusieurs écoles. Même les quatre écoles que nous avons ne se contredisent pas, elles viennent avec des Imams différents, chaque Imam a son époque, mais donne les mêmes enseignements nobles. Ils ne se contredisaient pas. La divergence dépend du contexte. Il n’y a pas de contradiction dans les sources, mais dans les idées. A un certain moment, si on se trouve dans un milieu où il fait très chaud, là le contexte diffère de celui où il fait très froid. Mais là c’est le juriste qui apprécie comment orienter les fidèles musulmans. C’est le rôle des Imams. On devrait dire aux gens que vous ne pouvez pas aller traduire quelque chose ou prétendre que vous êtes musulman de telle obédience si vous n’avez pas un maître qui vous a initié dans ce sens. Pour chaque chose il faut apprendre, il faut être recommandé. Vous êtes Imam ou musulman, vous êtes d’abord converti dans les mains de qui et comment il vous a enseigné l’islam ? Il y a des malins qui arrivent et disent qu’ils sont soi-disant musulmans et convertissent les gens. Et ces messieurs cachent autre chose derrière ce qu’ils font. C’est là que nous devons faire attention. Nous musulmans ça nous fait mal d’apprendre qu’au nom de Dieu les gens sont morts, au nom de Dieu il y a des bombes, au nom de Dieu il y a des tueries, la barbarie...

Alors que l’islam a plusieurs points d’ancrage au monde, pourquoi le Maroc ?

Il y a des particularités qu’on peut trouver au Royaume du Maroc. D’abord son autorité, le Souverain Chérifien n’est pas n’importe quelle personnalité. Il est issu d’une famille noble. De notre Prophète, c’est lui qui a eu le privilège d’être l’Envoyé de l’Islam. S’il accomplit aussi la tâche de ses aïeux, je pense qu’il est dans la lignée. Ensuite sur le plan politique, au Maroc, il y a des Arabes. C’est un pays qui a beaucoup d’expérience. On y trouve beaucoup de races, de langues mais aussi de croyances. Il n’y a pas seulement l’islam mais il y a eu des tentatives d’autres religions comme chez nous. Mais le Maroc a, par la sagesse politique, maîtrisé le sentiment de chaque groupe. Il y a des chrétiens au Maroc, mais on n’a jamais entendu qu’il y a guerre entre musulmans et chrétiens ; il y a des juifs au Maroc qui vivent sans difficulté aucune. Et pourtant le Maroc constitutionnellement est un pays islamique, mais où chrétiens, juifs, ou autres cohabitent pacifiquement. C’est un bon exemple et c’est ce que dit l’islam. Enfin le Maroc est stable sur le plan politique, économique et social. Au regard de tous les faits que j’ai mentionnés ci-haut, si le Maroc prend une initiative, on peut espérer que ça va continuer, ça va durer parce que le pays est stable.

Que peuvent attendre les musulmans congolais de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains, section RDC ?
C’est une grande opportunité. Cette fondation qui porte le nom de Sa Majesté Mohammed VI va apporter aux musulmans ce que nous avons manqué pendant des siècles. Notamment la formation. Sur le plan africain, je n’ai pas vu un seul pays bien organisé dans l’enseignement de la religion comme le Maroc. Il y a même un Institut de formation des Imams et des prédicateurs (hommes et femmes). Et cette initiative, c’est depuis des années que ça existe. C’est ce qui explique qu’en arrivant au Maroc, vous remarquerez que ce n’est pas n’importe qui peut faire la fatwa, l’avis juridique. C’est uniquement réservé à ceux qui détiennent la connaissance. Des connaissances approuvées par des experts. Au Maroc, il n’y a pas de désordre. Les Congolais peuvent ainsi avoir la possibilité de pénétrer cet espace bien organisé dans l’enseignement de leur religion. Pas seulement. Il y a aussi les sciences modernes. Au Maroc, on ne forme pas que des Imams théologiens, mais également des Imams qui possèdent des connaissances dans d’autres matières. Les musulmans de la RD Congo en ont bien besoin. Le Maroc est un pays avancé dans beaucoup de domaines qui a des capitaux, il peut aussi pour d’autres choses, les transférer en RDC. Entre autres les écoles, dans les lieux où il y a un grand nombre de musulmans pour que ces musulmans étudient correctement les enseignements vrais de l’islam, plutôt que d’avoir des Imams dans les années qui viennent qui soient incapables d’encadrer les gens. Il y a beaucoup de choses sur le plan moral, sur le social et économique... Propos recueillis par Didier KEBONGO
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