La présence de Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi chez nous ne va pas aider les relations avec Kinshasa.

Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, deux des principaux opposants au régime du président congolais – hors mandat – Joseph Kabila sont dorénavant les bienvenus en Belgique. Pas de quoi réchauffer les relations déjà particulièrement tiédies entre Bruxelles et Kinshasa.

A Kinshasa, le pouvoir en place n’apprécie que très très moyennement ce sens de l’accueil belge. “La Belgique joue un jeu dangereux. Elle a clairement choisi son camp”, explique un ex-ministre de la kabilie, toujours très proche du premier cercle du pouvoir. “Elle sait pertinemment qui sont Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi. En les accueillant, elle envoie un signal très fort en notre direction. Il ne faudra pas s’étonner si les relations entre les deux pays se détériorent”, nous expliquait-on le vendredi 12 juin. Deux jours plus tard, le ministre des Affaires étrangères Léonard She Okitundu ne cachait pas ce ressentiment lors de son interview sur RFI et TV5 Monde.

Demande de la CPI

Côté belge, le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, qui a annoncé jeudi soir que son pays acceptait de recevoir Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président congolais acquitté par la Cour pénale internationale après avoir passé 10 ans en détention pour crime de guerre et crime contre l’humanité, s’est montré très prudent, expliquant dans son communiqué : “Les autorités belges ont répondu favorablement à la demande de la Cour pénale internationale de permettre le séjour de Monsieur Bemba en Belgique.”

Le message est clair, pas question de surjouer. La Belgique ne se pose pas en tête de peloton et se “contente” de répondre positivement à une demande de la CPI.

Une prudence de sioux qui n’atténue en rien la colère congolaise. Il faut dire que depuis un an, le torchon brûle entre nos deux pays. Mais force est de constater que c’est le pouvoir en place en République démocratique du Congo qui a interrompu sa coopération militaire en 2017 avant de fermer son consulat à Anvers, réduire les vols de Brussels Airlines de et vers Kinshasa et fermer la Maison Schengen à Kinshasa, où les diplomates belges étaient chargés de la délivrance des visas pour la plupart des pays d’Europe… sans oublier que la RDC n’a pas accordé sa voix à notre pays lors du vote aux Nations unies pour le siège de membre non permanent du Conseil de sécurité.

“Sans Bruxelles, pas de sanctions”

A Kinshasa, pour l’ancien ministre, il s’agit simplement de répondre à “l’attitude hautaine de Bruxelles”. Il insiste sur le fait que selon Kinshasa notre pays mène la danse au sein des institutions européennes pour appliquer des sanctions contre les membres influents du régime. “Sans Bruxelles, il n’y aurait pas ces sanctions. Il ne faut pas croire que parce que nous sommes loin des institutions européennes, nous ne savons pas ce qu’il s’y passe. Le ministre Reynders et ses diplomates multiplient les critiques contre notre Président et poussent aux sanctions. Nous le savons pertinemment bien.”

Une manière pour Kinshasa d’accorder à notre pays une puissance diplomatique que peu d’Etats peuvent revendiquer, sachant que des sanctions similaires ont également été votées aux Etats-Unis et même en Suisse.

La Belgique, de tout temps, a été une terre d’accueil pour les réfugiés politiques d’où qu’ils viennent et quelques ministres actuels de la kabilie ont bénéficié de cet accueil. Certains mobutistes, comme Lambert Mende, devenu l’inamovible porte-parole du gouvernement de… Joseph Kabila, a ainsi bénéficié de l’asile belge après avoir quitté le Zaïre…

afrique.lalibre.be
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