Dans les rangs de la majorité, les faucons, ceux qui prônent le maintien au pouvoir coûte que coûte de Joseph Kabila, semblent avoir gagné. Pour nos différents interlocuteurs, depuis le début du week-end dernier, il ne fait plus aucune doute, Kabila sera candidat à sa succession.

Les pressions régionales, les déclarations internationales ne devraient pas avoir de prise sur le président hors mandat de la République démocratique du Congo. Selon diverses sources au sein de la majorité présidentielle, Kabila va se représenter.

« On y a cru. On a pensé qu’il pouvait peut-être faire un pas de côté pour éviter un embrasement du pays, mais il n’en sera rien », nous explique un parlementaire congolais ce lundi 25 juin 2018.

Et il n’est pas le seul, un autre élu de la MP, nous décrit le même scénario. « La FCC est en pleine concertation avec sa base venue expressément de l’intérieur pour arrêter des stratégies électorales », nous explique-t-il .

Mais, comme deux autres membres membres du PPRD, il est certain que la candidature de Kabila sera déposée dans les délais et « il va tout faire pour empêcher son principal, Moïse Katumbi, d’être sur la ligne de départ ».


Le cas Bemba ? « Personne ne croit sérieusement qu’il pourra être candidat. Il n’a plus de machine politique derrière lui. C’est pour cette raison qu’il va obtenir aussi facilement son permis de rentrer au pays. Les Kabilistes essaient de brosser son électorat dans le sens du poil. Ils essaient de montrer qu’ils peuvent être ouverts à son égard, ils oublient un peu vite tout le monde se souvient que si Bemba a passé dix ans derrière les barreaux, c’est à cause de Kabila et de ses lieutenants de l’époque. Tout le dossier à charge a été nourri par les Kabilistes pour éloigner Bemba. »


La candidature de Kabila ? « C’est cousu de fil blanc, il va déposer sa candidature, la CENI va jouer le jeu, va transmettre le dossier à la Cour constitutionnelle qui, composée par Kabila lui-même, concèdera qu’il peut être candidat. Vous l’avez écrit, il va justifier cette candidature par le passage de la présidentielle de deux tours en 2006 à un seul tour en 2011 », nous confie un membre du PPRD qui ne cache pas sa crainte d’une flambée de violence.


« Personne n’a oublié les événements de janvier 2015, quand on a voulu changer la constitution. Personne ne peut prédire comment la population va réagir. Jusqu’ici, on a pu contenir le mécontentement grâce à la répression. On verra ce qui se passera ».

La pression internationale ? Pour nos quatre interlocuteurs, elle a peu d’effet. « La pression régionale a semé le doute. Les déclarations de Macron sur le plan régional ont énervé, semé un peu de panique chez ceux qui doutent du plan mis en place par les durs de la Kabilie. Mais pour ces derniers, ceux qui parlent à l’oreille de Kabila, ces pressions n’ont rien changé. Ils sont convaincus que ces déclarations n’aboutiront à rien. Vous pensez que l’Angola ou le Rwanda va traverser la frontière pour faire tomber le régime ? Ils savent que leur stratégie ne plaît à personne, mais ils sont certains que personne ne viendra les empêcher de mettre en branle leur plan ».


Pour un membre de la MP, non membre du PPRD, « il est évident que le PPRD sent que le vent tourne et il cherche des soutiens à l’étranger. La Russie et la Chine, où une mission est en cours, sont des ingrédients essentiels du projet. En fait, le parti essaie de diviser la communauté internationale en bradant les avoirs de l’Etat à ceux qui voudront bien lui accorder de prolonger son séjour à la tête du pays. »


« Regardez ce qui se passe avec la machine à voter. Personne ne croit un instant les arguments de Nangaa (le patron de la CENI) sur les bienfaits de cette machine. Elle est essentielle et même vitale pour la majorité présidentielle. Sans elle, il n’y a pas la moindre chance pour le PPRD de gagner cette élection. La tricherie sera bien pire qu’en 2011 si on veut faire croire que Kabila peut gagner ce scrutin. Tout le monde peut battre Kabila sans cette machine », explique un député de la MP, non PPRD. « Ceux qui vont se présenter sous les couleurs du PPRD ont intérêt à ce que cette machine fonctionne bien, sans elle, ils n’ont aucune chance de passer. C’est aussi un des motifs du voyage actuel en Chine. La délégation travaille sur la manière de conditionner les réseaux sociaux ».

La réaction internationale ? « On ne craint pas grand-chose en externe », explique un de nos interlocuteurs du PPRD. « Les Occidentaux ne vont pas intervenir. Ils vont tous, ou presque, retourner à leur calculette et voir ce qu’ils peuvent retirer de ce maintien au pouvoir. Le danger vient peut-être des voisins. Ils sont allés loin dans leurs déclarations contre la candidature de Kabila. Ils n’interviendront pas directement mais je ne pense pas que Lourenço ou Kagame vont faire marche arrière comme si de rien n’était. Eux, s’ils avaient voulu négocier quelque chose avec Kabila, ils l’auraient fait et ils auraient pu en tirer de solides bénéfices. Ils ne l’ont pas fait. Le fait que Kabila tente de se maintenir est un affront pour eux. Dans les rangs du PPRD et de la majorité, ils sont quand même nombreux à se poser de solides questions sur leur avenir. On parle beaucoup des faucons qui sont derrière Kabila mais ils ne sont qu’une dizaine, les autres sont nettement moins déterminés. L’ambiance est pesante à Kinshasa. Tout le monde se méfie de tout le monde. Le premier coup contre Kabila viendra peut-être de son entourage, soutenu, disons, par des amis extérieurs. C’est en tout cas un scénarion qui circule dans certains milieux à Kinshasa.

afrique.lalibre.be
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