On est de plein pied dans la phase d’analyse des relevés téléphoniques, dans l’affaire Ministère public - présumés miliciens du mouvement terroriste Kamwina Nsapu aile Kinshasa. Les experts de la compagnie de téléphonie mobile Vodacom Congo ont, à l’audience d’hier mardi 3 juillet, commencé à démystifier des termes techniques contenus dans ces rapports à l’intention des parties au procès.

Sur demande de la Défense, le tribunal militaire de garnison Kinshasa Gombe a fait venir, à l’audience d’hier, les experts de quatre entreprises de téléphonie œuvrant en RDC, à savoir Vodacom, Airtel, Orange et Africell. Ces derniers ont pour tâche de donner les clefs d’analyse des relevés d’appels, réquisitionnés au bénéfice de toutes les parties.
Roger Musepu et Guylain Kisonia, responsables « Corporate security » chez Vodacom Congo ont, tour à tour, donné l’éclairage sur les mots clés et les outils d’analyse de leurs documents. Ils ont donné des indications précises quant à la signification de chacune des lignes et colonnes, structurant les tableaux contenus dans les rapports de leur entreprise.

UTILISATION DES RELEVÉS D’APPELS
Ils ont expliqué, noir sur blanc, comment faire le lien entre, non seulement les numéros émetteurs et récepteurs, mais aussi entre ceux-ci et les antennes de prise en charge, ainsi qu’avec les heures de transaction des appels et des sms échangés par les correspondants. Répondant à une question de la Défense, ces experts affirment que leur entreprise ne peut pas fournir les contenus des échanges téléphoniques de ses clients au tribunal.
Leur court exposé a fait débouché sur un jeu de questions-réponses avec les parties au procès. Se disant dubitatifs quant à la crédibilité desdits relevés téléphoniques, les avocats de la défense promettent une plaidoirie torrentielle. La partie civile RDC, elle, salue la pertinence et la cohérence des données fournies par la compagnie Vodacom.
« Nous sommes suffisamment éclairés par les informations fournies par les experts. Nous pouvons à présent faire bon usage de ces relevés d’appels. Si nous ne pouvons pas être renseignés sur le contenu des communications effectuées entre prévenus, au moins ces données nous permettront de savoir quand ’ils ont été en communication et où ils se situaient au moment de leur communication. Ce qui mettra à nu leur stratégie de négation », s’est réjoui le bâtonnier national, Matadi Wamba.

INTENSE BATAILLE JUDICIAIRE
« Nous sommes d’accord avec le bâtonnier national. Qu’à cela ne tienne. Le moment venu, nous critiquerons la fiabilité de ces relevés téléphoniques. Car, si ces données établissent que tel individu était en communication avec tel autre, ce n’est pas pour autant que ce fut pour planifier des actions criminelles. Ce sont là des questions de droit que nous allons relever », a réagi Me Kabengela Ilunga, avocat de la défense.
L’audience d’hier a démarré avec la confrontation du prévenu Mpoy Mukendi au rapport médical rendu par un médecin soignant du centre hospitalier du camp militaire Kokolo. Contrairement à ses déclarations faites devant la barre, ce rapport confirme que Mpoy Mukendi et son co-prévenu Kabasele Kaluila auraient bénéficié de soins, pendant cinq jours, au sein de cet établissement hospitalier. Ce, après avoir été touchés par balle, le 17 mai 2017 dans les environs de la prison de Makala.
Dans sa réplique, le Conseil de Mpoy a demandé au tribunal de rejeter ce rapport médical pour non-respect d’un certain nombre de prescrits de sa réquisition. « Comment voulez-vous que l’on fasse confiance à un document signé par un médecin qui ne décline pas sa spécialité ? Encore qu’il ne s’agit pas d’un médecin légiste. Le document ne renseigne pas non plus sur la provenance des malades que l’hôpital du camp Kokolo aurait reçus », a fait remarquer Me Richard Ngoy.
Le Ministère public qualifie ces propos de pures échappatoires. Il confirme que le médecin a fourni toutes les informations sollicitées par le tribunal et a décliné tous les éléments de son identité, tout en mentionnant la provenance des malades reçus.
L’audience du jeudi 5 juillet prochain sera consacrée à l’explication, par les experts de trois autres entreprises de téléphonie restantes, de la structure de leurs relevés téléphoniques et de tous les autres outils de lecture dont les parties ont besoin afin de bien exploiter les données le moment indiqué. Orly-Darel NGIAMBUKULU
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