La constitution, dans son article 70, limite le mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une fois. Le président Kabila ayant été élu en 2006 et réélu en 2011, avait donc épuisé ses deux mandats en 2016 et devrait organiser les élections et passer le pouvoir démocratiquement au nouveau président élu. Cependant depuis janvier 2015 le président Kabila tenta par tous les moyens, en complicité avec la majorité parlementaire, de modifier la constitution afin d’obtenir un troisième mandat de manière anticonstitutionnelle. Heureusement le régime croisa sur son chemin un peuple déterminé pour l’alternance, qui lui barra ainsi la route et mit fin au projet macabre.


En effet rattrapé par le temps, Kabila se sentit impuissant face au calendrier électoral qui prévoyait, du 01 au 08 août 2018, le dépôt des candidatures, pour les élections présidentielles au bureau de la Ceni. Pendant ce temps, pour les politiciens congolais, les huit jours furent les plus longs, et le chemin de la Ceni fut parsemé d’embûches.
L’histoire retiendra trois évènements marquants durant les huit jours du dépôt des candidatures à la présidentielle :


– Le 01/08/2018, Jean Pierre Bemba Gombo arriva à kinshasa après dix ans de prison à la Cour Pénale Internationale, et fut accueilli chaleureusement par la population kinoise. Curieusement le gouvernement l’interdit de passer nuit dans sa résidence familiale car celle-ci serait dans la zone présidentielle. De ce fait il passa nuit au bureau de sa sœur dans le complexe commercial GB, et le lendemain il déposa sa candidature pour les élections présidentielles au bureau de la Ceni.


– Le 03/08/2018, Moise Katumbi se décida, après le refus du gouvernement d’autoriser l’atterrissage de son jet privé à l’aéroport de Luano, d’atterrir en Zambie et prit la route jusqu’à la frontière de Kasumbalesa. Malheureusement il ne put traverser la frontière car, premièrement, le service de migration, DGM en sigle, suspendit le travail et, deuxièmement, les forces de l’ordre bouclèrent toute la ville de Lubumbashi jusqu’ à la frontière de Kasumbalesa. Il passa nuit sur le sol Zambien et se pointa le lendemain à la frontière alors que le gouvernement congolais avait déjà instruit à la Zambie de ne pas le laisser passer. C’est ainsi que Katumbi ne traversera plus et ne déposera plus sa candidature dans le délai.
– Huit jours durant, la majorité présidentielle fit le va-et-vient, de réunion à réunion, sans que le président Kabila ne leur révèle le nom de son dauphin. C’est dans les après-midi du 08/08/2018, quelques heures avant la fermeture du bureau de la Ceni que le nom du dauphin fut révélé, monsieur Emmanuel Ramazari Shadary, secrétaire général du PPRD parti dont l’autorité morale est le chef de l’Etat. Ce fut une surprise car le nom de ce dernier ne figurait sur aucune liste des supposés dauphins de Kabila. Tout de suite la nouvelle se rependit de partout, les membres de la majorité présidentielle se précipitèrent de remercier le président de la République. Certains y iront jusqu’à nommer Kabila « héros national et père de la démocratie » oubliant que c’était un évènement normal car le pouvoir s’use, et surtout que son dernier mandant avait pris fin depuis décembre 2016. Il est évident que Mr Shardary n’aurait pas été le choix commun de la plateforme électorale Front Commun Congolais, FCC en sigle, si et seulement si celle-ci avait été appelée à choisir un candidat commun. Voilà pourquoi le président kabila attendit le dernier jour du dépôt afin d’imposer son choix, une façon de mettre tout le monde devant un fait accompli. Cette nomination aurait été le résultat d’un pushing, sur lui, tant sur le plan national qu’international quant à la tenue des élections, sans Kabila, d’ici 23 décembre 2018.
Par ailleurs, il y a lieu de se poser la question de savoir pourquoi le président Kabila a porté son choix sur Mr Shadary, alors que ce dernier s’avère impopulaire mais est aussi sous le coup des sanctions internationales? De cette question découle deux hypothèses:
– La première hypothèse suppose que Kabila envisage un autre dialogue, auquel la communauté internationale et le SADC prendront part afin de fixer les préalables qui garantiront sa sécurité après le pouvoir, et en contrepartie le peuple congolais obtiendra une transition citoyenne sans Kabila. L’on se souviendra de son dernier discours au sommet des chefs d’Etat de la communauté de développement de l’Afrique Australe(SADC) du 17 août 2018 à Windhoek/Namibie, je cite : « je ne vous dis pas au revoir mais je vous dis à bientôt ». Ce dialogue aura comme effets d’entrainement l’organisation des élections crédibles, indépendantes et inclusives; le rejet de la machine à voter; le changement de l’actuelle équipe de la CENI (Nanga et alliés); le nettoyable du fichier électoral dont le retrait de 16% d’électeurs fictifs; la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés politiques.
– La deuxième hypothèse est celle d’organiser effectivement les élections dans les conditions définies par lui-même (Kabila), et donc sans assainir le climat politique. De ce fait, les élections seront catastrophiques, elles se dérouleront avec la machine à voter, même si elle n’est pas prévue dans la loi électorale, et son utilisation reste contestée. L’imposition de ladite machine prouve en suffisance qu’elle demeure l’outil par excellence qui favorisera la tricherie en faveur du camp Kabila afin de faire de monsieur Shadary le prochain président de la République, malgré son impopularité et les sanctions internationales. En analysant ce que sera le prochain régime Shadary, l’on peut vite comprendre qu’il s’agira d’un régime de réplique du Kabilisme, loin d’instaurer un « Etat des droits ». il est évident qu’il actera comme « un Kabila bis », le président entrant ayant la mission de protéger son prédécesseur contre toute tentative d’arrestation et vice versa. Monsieur Shadari restera éternellement reconnaissant au président sortant Kabila pour avoir fait de lui un président de la république. En outre le président sortant Kabila, Sénateur à vie et autorité morale du FCC, restera homme fort, qui aura défié la communauté internationale, et gardera toujours son influence sur les généraux récemment décorés et affectés dans les postes stratégiques, malgré le coup de sanctions internationales sur nombreux d’entre eux, à la suite des multiples violations des droits de l’homme. En Bref, il sera question d’une alternance de façade, l’après Kabila restera égal au temps de Kabila.

Egée Mapathi
Citoyenne congolaise

©Beni-Lubero Online.

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