Depuis la création en juin dernier du Front commun pour le Congo (FCC) dont le président Kabila est l’initiateur et autorité morale, en passant par la désignation, le 8 août, d’Emmanuel Ramazani
Shadary comme candidat du FCC à la présidentielle du 23 décembre prochain, Félix Kabange Numbi prêche Joseph Kabila. Et appelle à soutenir massivement son dauphin, continuateur demain de la vision du fils de M’Zee Laurent-Désiré Kabila. Aux yeux du ministre de l’Aménagement du territoire et Rénovation de la ville, membre du Comité de stratégie du FCC, ce geste fait du chef de l’Etat congolais « le modèle du nouveau leadership africain » et « le père de la démocratie rd-congolaise ». Dans une interview à la presse du Haut-Katanga où il a séjourné plus d’une semaine, Félix Kabange explique aux « siens » que le président de la République mérite un hommage appuyé pour son respect de la Constitution, pour sa constance. Sans détours, il déclare que Joseph Kabila avait la possibilité de rester au pouvoir s’il le voulait. A l’instar de ses pairs de la sous-région, qui sont coutumiers du fait. « Nous avions l’impérium du pouvoir, on pouvait changer la constitution, aller au référendum sans chercher de midi à 14 heures, changer la Constitution ou commencer carrément un nouveau régime... Mais il a voulu privilégier la démocratie plutôt que de vouloir l’enfreindre avec des stratagèmes qui sont constitutionnels mais qui pouvaient diviser le peuple congolais », dit-il.








Forum des As publie ici de larges extraits de cet entretien sans langue de bois de Félix Kabange Numbi avec les médias du Haut-Katanga.

Vous avez été ministre de la Santé publique où vous aviez fait des prouesses. Vous sentez-vous à l’aise au ministère de l’Aménagement du territoire et Rénovation de la ville ?
Je pense qu’en tant que politique, on est à l’aise partout où la nation nous envoie pour la servir. Du ministère de la Santé à l’Aménagement du territoire en passant par les Affaires foncières j’ai beaucoup appris. A la Santé, j’étais dans ma spécialité. Aux Affaires foncières j’avais appris le droit. Sachez que c’est allé très vite car lorsqu’on est très bien entouré, l’apprentissage se passe très vite.
Aujourd’hui c’est à l’Aménagement du territoire. J’apprends également sur la gestion spatiale, l’affectation des terres, sur l’aménagement même du territoire c’est-à-dire la répartition des espaces et leur gestion. Je me sens très à l’aise. Mais c’est parmi les fonctions qui sont plus techniques que politiques.

Lors de votre séjour vous avez rencontré presque toutes les couches de la population katangaise et échangé sur un certain nombre de sujets. Mais vous dites : « nous sommes venus par devoir de redevabilité ». Pourquoi ?
Je me sens redevable parce que j’ai fait mes premiers pas au Katanga. C’est aussi là que j’ai commencé ma carrière politique. Quand j’ai quitté cette province, j’étais ministre provincial et je suis allé pour être ministre national puis membre du Bureau politique de la MP, et aujourd’hui membre du Comité stratégique du FCC.
Mais j’ai constaté une chose, dans les provinces, il y a manque d’informations. J’ai presqu’envie de dire qu’il y a désinformation. Le flux d’informations que nous recevons au niveau institutionnel et même au niveau politique à Kinshasa est tellement important qu’à un certain moment il faut que tout le monde soit au même diapason.
Malheureusement nous constatons que même les chefs des partis politiques, qu’il s’agisse des chefs des regroupements ou d’autres organes politiques, il y a très peu de communication entre le sommet et le niveau intermédiaire qu’est la province. Et je l’ai constaté en arrivant ici que même dans les débats télévisés, les gens ont cette volonté mais sont en manque d’informations. Sur les médias, il y a ce qu’on appelle la propagation des rumeurs. Voilà pourquoi, je me suis dit vu que depuis le mois de juin il s’est passé énormément de choses sur la scène politique nationale, il était de mon devoir de rentrer chez moi et partager avec mes frères. A un certain moment il y avait même des réactions contre nature tout simplement parce que les gens étaient en manque de la vraie information. Il fallait donc leur apporter la bonne information.

Au Katanga vous dites que vous vous sentiez redevable. Et si votre mission vous conduisait au Bandundu, vous sentiriez-vous également redevable ?
Pour la nation oui. Je pense qu’en tant que nationaliste je pense que nous avons l’obligation de pouvoir nous rendre partout où le devoir nous appelle. Je vais vous donner un exemple, le 20 août 2017 nous sommes à Kingakati, le président de la République nous dit qu’il y aura élection dans ce pays, vous devez vous préparer. Il a automatiquement lancé l’opération « Cap sur les élections » et deux jours après moi aussi j’ai lancé cette même opération non pas à Kolwezi, non plus à Kamina mais plutôt à Kwamouth dans le Bandundu. Ce qui m’a coûté l’accident que j’ai connu le 22 août 2017. Ça veut dire que je me rends partout où le devoir m’appelle. Le devoir de redevabilité dans le cas de la démocratie c’est d’abord un devoir vis-à-vis des citoyens car tous les citoyens sont égaux devant la loi.
Fallait-il votre présence dans le Haut-Katanga pour qu’on sente une adhésion massive au choix du chef de l’Etat en rapport avec son dauphin ou c’est juste une flatterie ?
Ce n’est pas vrai. Il ne fallait pas nécessairement ma présence pour qu’on sente ce mouvement. Au gouvernorat, le gouverneur a parlé. Nous sommes juste venus accompagner ce qui était déjà en train d’être fait. Je voudrais dire, parce que tout à l’heure on parlait de hiatus, que c’est dans la façon de communiquer devant les médias.
Les médias de L’shi sont chers, très chers même si bien que ceux qui voudraient bien communiquer ne parviennent pas à le faire faute de moyens. Mais ceux qui sont boostés par une certaine opinion, une certaine force politique le font. Ça c’est un. Deuxième chose, je pense qu’il y a eu une erreur dans la communication et dans l’interprétation de la communication au niveau international. Peut-être qu’il y a eu des jeunes comme ceux de « JK » par exemple avec qui j’ai passé deux ou trois heures à échanger sur plusieurs sujets de divergence. Mais sinon, chez les autres, je n’ai pas trouvé ces divergences.
Ceci étant, nous avons eu un sérieux problème dans l’opinion. Lorsque quelqu’un parle, c’est toujours au nom du Katanga. Tout le monde parle au nom du Katanga. Lorsque quelqu’un prend son téléphone portable, il se filme lui-même et fait une déclaration qu’on récupère dans les réseaux sociaux, les médias en ligne, les chaines internationales, etc… on dit que c’est l’opinion du Katanga. Or, ce n’est pas vrai. Lorsque le Katanga s’exprime, c’est par milliers...
Le choix de Ramazani Shadary, certains pensent que c’est un arbre qui cache la forêt
Je ne sais pas c’est quoi la forêt dans ce cadre-là. Moi je peux répondre en fonction de ce qui s’est passé. Nous avons créé le FCC, nous avons sorti la charte au niveau du Comité stratégique et l’avions adopté le 9 juin à Kingakati et le 1er juillet on a ouvert la charte à la signature. Cette charte dit, nous allons soutenir un seul candidat aux élections. Le chef de l’Etat a consulté toutes les forces politiques et sociales du FCC et à chaque force, il a demandé de proposer quatre noms mais, le président a donné un critérium de onze noms. Mais après analyse, nous avons dit qu’il y avait un critère qui manquait. C’est celui de la loyauté.
Nous avions besoin de quelqu’un qui soit non seulement loyal au chef de l’Etat mais aussi à sa famille politique. Le président n’a pas régné seul. Et s’il faudra rendre compte, nous le ferons tous. Il y a eu le dépouillement qui nous avait donné le nom d’Emmanuel Shadary. Et quand je vois Shadary, je suis très à l’aise.
Lorsqu’on a demandé au chef de l’Etat s’il avait tenu compte du critère de loyauté, il avait dit non. Lui a dit qu’il pensait plutôt que ce critère pouvait englober tous les autres critères. Et Shadary est loyal, il est nationaliste, il est patriote, disponible, il a le sens de la gestion de la chose publique. Il a commencé par le territoire et il est passé par la province et est devenu Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité avant de passer également par le Secrétariat général ou le Secrétariat Permanent du PPRD ce qui lui a permis de connaître tout le pays et tous les rouages du pouvoir.
Vous connaissez bien Ramazani Shadary. Pensez-vous qu’il a les nerfs aussi solides que Joseph Kabila ? Car on connait Shadary comme l’homme du tic au tac, « Coup sur coup ».
C’est un homme très serein et qui sait s’adapter. Coup sur coup, c’était par rapport à la situation dans laquelle nous nous trouvions. Il faut placer l’homme par rapport au contexte. Ramazani Shadary a été ministre de l’Intérieur et Sécurité. A ce titre, il a sa tête sur ses épaules quand il y avait des situations très graves dans le pays.

Pourquoi soutenez-vous Ramazani Shadary et non Théodore Ngoy ? Votre démarche n’est pas une trahison aux yeux des Katangais ?
Je ne suis pas venu prêcher Ramazani Shadary. Je suis venu parler de Joseph Kabila Kabange, c’est très important. Il ne faudrait pas occulter ce qui vient de se passer. D’abord, après les 23 ans de règne de Léopold II, les 52 ans de règne du Congo-Belge, les 32 ans de règne de Mobutu, les années de M’Zee, et les premières années du président Joseph Kabila, il a fallu attendre 2006 et 2011 pour que le souverain primaire exprime son droit de vote. Première chose. Voilà pourquoi je dis que Kabila est le père de la démocratie congolaise. Deuxièmement, Il vient de poser un acte légendaire, exceptionnel en respectant la Constitution. Alors que tous ses pairs dans la sous-région ne l’ont pas fait, et tous plus âgés que lui. Je suis venu dire à mes frères Katangais d’abord que l’acte que le président de la République vient de poser ne peut pas être mis en lumière par les autres, nous ne devons pas le passer sous silence. Et puis le choix de Shadary, c’est le choix de la famille FCC. Troisièmement, pourquoi je ne parle pas de Théodore Ngoy mais je parle Ramazany Shary.
Je pense que nous avons deux postulats en politique. Il y a le postulat sociologique. Je suis Katangais, je suis venu parler avec mes frères. Le postulat politique voudrait qu’aujourd’hui nous avons une grande coalition politique qui s’appelle le FCC qui a un candidat. Je ne vais pas aller vers mon frère parce qu’il est mon frère, je vais vers celui que nous tous avons choisi comme candidat. La loyauté c’est ça. Deuxième chose, le pasteur Théodore Ngoy n’est pas de ma famille politique.
Nous sommes dans une famille politique avec 26 provinces. J’ai dit à mes frères du Katanga, si nous voulons être grands, rester présents et être représentés, nous devons être ouverts envers les autres, disciplinés et déterminés, nous devons fédérer les autres autour de nous. Mais nous devons également savoir faire des concessions.Toutes ces provinces ne sont pas venues au sein du FCC contempler le Katanga gérer. Mais il est important aujourd’hui, nous avons un candidat président, qui sera chef de l’Etat demain et qui n’est pas du Katanga. Nous devons nous battre à ses côtés afin que nous puissions le faire gagner chez nous, afin que nous soyons présents et représentés au sein de toutes les institutions après la mise en place après les élections.
Vous tous qui entourez Joseph Kabila voudriez qu’il se représente parce que pour vous la constitution lui donnait une possibilité. Et après qu’il ait désigné un dauphin, vous dites que c’est un homme de parole, il a respecté la constitution...
Nous sommes en politique et je préfère vous dire, nous sommes dans l’art de conquérir le pouvoir. Et une fois que vous l’avez conquis, vous devez le conservez le plus longtemps possible. Je dois vous dire, l’homme qui symbolise notre régime aujourd’hui, et je n’ai pas honte de le dire, il s’appelle Joseph Kabila Kabange. Nous devons savoir assumer. La Constitution que nous avons, même quand vous interrogez des constitutionnalistes, présente des failles qui pouvaient permettre au président de la République de se représenter. Ca c’est la première hypothèse. Deuxième hypothèse, le forcing est aussi une hypothèse, le référendum est aussi une hypothèse par ce que c’est constitutionnel.
Je peux vous dire, que depuis 2013, nous avions la possibilité d’aller au référendum. Si nous ne l’avons pas fait, c’est parce que l’homme savait qu’il allait respecter cette constitution et qu’il ne voulait pas que nous allions au référendum. Nous avons fait la campagne pour qu’il y ait référendum, nous avons mené des réflexions pour qu’il y ait référendum. Pourquoi cela n’a-t-il pas eu lieu ? Parce que Joseph Kabila savait qu’il avait donné sa parole au peuple congolais qu’il respecterait la Constitution.

Est-ce à cause de la pression extérieure ?
Aucune pression. Il l’avait dit à Jeune Afrique, en 2006 ou 2007, parce qu’on lui avait posé la question, à savoir qu’en 2016, il n’aura que 45 ans. Ne pense-t-il pas se représenter ? Il a dit très clairement : « Je ne me représenterai pas, je respecterai la Constitution ». On lui a dit, vos pairs dans la sous-région ont dit la même chose, ils ont fini par changer. Il a dit « Joseph Kabila Kabange n’est pas les autres, je vous donne ma parole d’officier, je respecterai la Constitution ». Nous avons oublié ses paroles mais lui n’a jamais oublié les paroles qu’il a prononcées lui-même. Voilà pourquoi il a dit, il a fait. Il a respecté cette Constitution. Un peu de respect vis-à-vis de cet homme qui est hors pair. Cet homme qui, si jeune, n’a pas voulu faire du forcing alors que vous avez des chefs d’Etat à 80 voire 94 ans et qui vont encore se représenter. Donc il en avait la possibilité s’il voulait rester, nous avions l’impérium du pouvoir, on pouvait aller au référendum sans chercher de midi à 14 heures et on pouvait changer la Constitution ou commencer carrément un nouveau régime mais il a voulu privilégier la démocratie que de vouloir enfreindre avec des stratagèmes qui sont constitutionnels d’ailleurs mais qui pouvaient diviser le peuple congolais.

Pour les élections du 23 décembre, le FCC compte-t-il sur le profil de Ramazani Shadary ou sur sa taille ? Ou alors avez-vous une formule magique ?
Il n’y a pas de formule magique. Nous sommes dans un monde moderne, un monde où la politique a ses stratégies. Je suis membre du Comité de stratégie du FCC. Lorsqu’on fait une campagne présidentielle, on ne le fait pas au hasard. On tient compte de tous les paramètres, et nous avons ces paramètres. Faites très attention, il ne faut pas sous-estimer le peuple congolais. Nous devons faire comprendre au peuple congolais qu’un président de la République est élu sur base d’un programme cohérent et non sur une base tribale. Le FCC est une force nationale, représentée dans presque tous les villages allais-je dire. Il n’y a aucune autre force qui peut se comparer à nous. La plupart de toutes ces forces dont on parle, sont soit provinciales soit sous-régionales, soit centrées sur la capitale Kinshasa. Mais nous nous sommes très à l’aise parce que nous conjuguerons le FCC au présent géographiquement et dans le lexique français, nous sommes présents partout. Et nous allons faire campagne quand le moment viendra, et je préfère vous dire que nous sommes sûrs de nos armes, de nos atouts et de nos stratégies.

Vous avez dit hier la MP, aujourd’hui le FCC, qu’est-ce à dire ?
Oui. Hier nous gouvernions comme Majorité, nous étions partis aux élections de 2011 comme Majorité présidentielle. Aujourd’hui nous allons aux élections comme FCC. Et au sein du FCC vous avez cinq composantes dont chacune garde son identité. Il ne faut pas dire que Tshibala n’est plus opposant, il n’est pas membre de la MP laquelle garde son identité. Tshibala garde son statut d’opposant, de même que Makila, Ruberwa... Chacun garde son identité mais dans la discipline et le respect des textes. Que disent les textes ? Chaque regroupement qui fait partie d’une composante présente ses candidats à tous les échelons : municipales, provinciales et aux législatives, à part la présidentielle où nous soutenons un seul candidat. Ils seront élus députés nationaux et provinciaux, chaque regroupement apportera ses élus dans la gibecière. Il y aura des critères qui vont prévaloir. Le premier c’est celui de poids politique. C’est ici le lieu de dire que la Majorité présidentielle n’a pas disparu, elle continue à exister et à s’organiser stratégiquement comme Majorité, les autres regroupements en font de même parce qu’il y a des élections à gagner avec cette méga plateforme. Après il y a la facette de solidarité. Parce qu’au sein du FCC, nous avons décidé d’être solidaires, avant, pendant et après les élections. Donc quand il s’agira de la répartition des postes, nous n’allons pas considérer seulement que la Majorité a eu le plus de voix, nous allons considérer ceux qui, alors que les gens ne croyaient pas aux élections, avaient de doute, ils ont accepté en âme et conscience d’adhérer à la charte du FCC, et la politique de mouiller le maillot. Nous voulons rassurer toutes les composantes qu’après, non seulement il y aura le poids politique mais il y aura aussi la solidarité qui va régner. Ca veut dire que nous sommes ensemble, le Congo d’abord. La passion pour le Congo nous a emmené au FCC et nous allons tout faire pour que tout le monde se sente à l’aise au sein du FCC.

Ne craignez-vous pas de défections voire de trahison au fur et à mesure que vous évoluez ?
La trahison est dans l’homme congolais. Mais ce n’est pas parce qu’une personne va trahir qu’il ne faut pas avancer avec le FCC. Le G7 a quitté le bateau nous avons continué...
N’y a-t-il pas déjà fissure au sein du FCC avec la déclaration de Kengo wa Dondo qui est pour le retour de Moïse Katumbi pour qu’il participe aux élections...
J’ai suivi le président du Sénat, je ne sais pas si à un moment donné il a demandé à son regroupement politique, les Républicains indépendants, de pouvoir voter pour un candidat autre que Ramazani Shadary. Propos décryptés par Didier KEBONGO
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