Dans un entretien à bâtons rompus, le Président du CNSA, Joseph Olenghankoy, réaffirme sa détermination à mouiller sa chemise pour obtenir la mise en oeuvre intégrale de l’Accord du 31 décembre 2016. Le patron du Conseil national de suivi et d’évaluation de l’accord de la Saint-Sylvestre est convaincu, un peu comme l’ONU, que ce deal politique constitue la planche de salut pour la RD Congo. Et donc ne pas l’appliquer à la lettre exposerait le pays au chaos, selon Olenghankoy. Quand on écoute en privé l’homme, ses frustrations sont perceptibles. Forum des As publie ci-dessous de larges extraits de cet entretien.

Le pays est sous les feux de l’actualité en ce moment. Comment expliquer votre silence ?
Les hommes n’entendent pas la voix de Dieu, et pourtant il agit. Je pense que le silence est un allié, même si parfois, il peut trahir. La réalité est qu’on ne peut pas être au chevet du malade pour faire des bruits. La conséquence peut être grave. Le CNSA existe à la suite d’un accord parce que le pays fait face à des problèmes. Le sens d’État, c’est aussi parler mais seulement quand c’est utile.

Vous met-on les bâtons dans les roues avec le CNSA qui n’existe même pas encore juridiquement ?
Il faut faire la part de choses. Olenghankoy, jeune turc, bouillant, c’est sous la casquette d’homme politique. Et c’est différent d’Olenghankoy homme d’État comme président du CNSA. L’Accord ne contraint pas le CNSA à attendre la loi organique pour fonctionner. C’est un accord politique. Ça prendra le temps que ça prendra, mais entretemps, le CNSA va fonctionner. Et déjà ses membres sont issus de plusieurs composantes. Ils forment aujourd’hui un seul corps. La preuve, nous avons apporté des solutions à plusieurs questions…
Est-ce qu’on ne vous coïnce pas parce que vous n’êtes pas signataire de la Charte du FCC ?
Je suis au CNSA sur base d’un accord. Je me fais le gardien dudit accord. Je ne peux pas quitter le Rassemblement de peur de tuer l’accord. La politique c’est comme le mariage. Ce n’est pas l’anneau au doigt qui explique l’amour, c’est plutôt le cœur. On ne peut pas interdire aux gens de se regrouper dans une organisation… On ne peut pas non plus les obliger à adhérer.

L’essentiel des préalables de l’opposition sont des questions sur lesquelles le CNSA avait déjà tablé. Comme entrevoyez-vous la suite ?
La mission du CNSA c’est de toujours dialoguer. Le processus réunit des acteurs de plusieurs horizons politiques. Ce n’est quand même pas évident que tous regardent automatiquement vers la même direction. Le CNSA fait son travail et continue de le faire. Et parmi ses recommandations, il y a celles qui sont déjà appliquées. Cependant, il y a encore à faire, notamment avec la question de la décrispation politique. On va s’impliquer jusqu’au bout pour que cela soit appliqué. C’est l’accord. Déjà que le président Joseph Kabila ne soit pas candidat, c’est un premier acte de décrispation. Ce geste est d’une grande dignité. En politique, même s’il reste quelques secondes, il y a des solutions qui peuvent toujours arriver. Rien n’est impossible en politique. Des prisonniers, des exilés, nous allons nous battre pour leur liberté. La frustration amène toujours à la révolte. C’est ce que nous devons éviter. Le CNSA va présenter la carte de la paix dans tous les camps : Pouvoir et Opposition. C’est cela notre rôle.

Maintenir le dialogue oui, mais comment ? De votre initiative de rencontrer certaines personnalités, il n’y a que Léon Kengo qui aurait vite réagi ? Qu’en est-il ?
Le président du Sénat est un grand homme d’État. Notre rôle sera d’inclure tout le monde dans la démarche. Je maintiendrai ce dialogue parce que le problème d’État ne se gère pas avec des humeurs. On n’a pas intérêt à mettre de l’huile sur le feu. Le plus important c’est l’avenir du Congo.

Plus le temps passe, plus le blocage persiste, votre silence ne sera plus compris. En êtes-vous conscient ?
Je suis dans les obligations d’État. Le Congo, la paix, la concorde nationale, l’unité, me préoccupent.
Entretemps, c’est le discours souverainiste qui domine la scène pour les élections.
Le Congo ne saura pas faire cavalier seul. L’Accord n’exclut pas l’apport de la communauté internationale pour notre processus. Je reste esclave de cet Accord. Et c’est clair. Je crois en l’accord et je continuerai à me battre pour qu’il soit respecté intégralement. Je vais pleinement jouer mon rôle et en toute transparence.
Propos décryptés par Didier KEBONGO
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