Avec la rentrée parlementaire, la bataille pour la nomination d’un Premier ministre est lancée. Mais, pour y arriver, une majorité à l’Assemblée nationale doit préalablement être identifiée pour éclairer le président de la République. Dans les rangs du FCC, présenté virtuellement majoritaire à la Chambre basse du Parlement, des voix discordantes se font déjà signaler, prémonitoires à de chaudes empoignades à l’Hémicycle. C’est le cas de l’AFDC-A de Modeste Bahati Lukwebo qui n’exclut pas une reconfiguration de l’Assemblée nationale au vu de la dynamique politique. Du coup, la recomposition de la majorité parait inévitable.

Par Le Potentiel

La nouvelle Assemblée nationale issue des élections du 30 décembre 2018 est là. Le bureau provisoire conduit par le doyen d’âge des députés nationaux,

Gabriel Kyungu wa Kumwanza, s’attèle maintenant aux travaux préliminaires, avant l’installation du bureau définitif de la Chambre basse du Parlement.
Cette session extraordinaire de l’Assemblée nationale est éminemment politique. C’est à l’issue de cette session que le nouveau chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, se décidera sur la nomination d’un Premier ministre. Une nomination qui passe, au regard de la Constitution, par l’identification d’une majorité à l’Assemblée nationale d’où sera issu le prochain Premier ministre. Ce qui témoigne de toute la complexité de la session en cours.

Avec quelle majorité à l’Assemblée nationale le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, va-t-il gouverner ? La question alimente la chronique. Comme relevé récemment dans nos colonnes, la procédure prévue dans la nomination du prochain Premier ministre a créé de fortes dissensions entre CACH, la coalition présidentielle, et le FCC (Front commun pour le Congo). A première vue, le FCC réclame une majorité virtuelle à l’Assemblée nationale, au regard des sièges récoltés par ses différents regroupements politiques à l’issue des scrutins du 30 novembre 2018.

Ce qui n’est pas de l’avis de CACH qui tient à appliquer à la lettre la procédure prévue à l’article 78 de la Constitution qui dispose dans des termes clairs que : « Le Président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire, après consultation de celle-ci. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. Si une telle majorité n’existe pas, le président de la République confie une mission d’information à une personnalité en vue d’identifier une coalition… ».

Entre les deux camps, on n’est pas loin d’un langage des sourds

Alors que la confusion semble s’élargir de part et d’autre, c’est le moment qu’a choisi Modeste Bahati Lukwebo, autorité morale de l’AFDC-A, regroupement membre du FCC, pour faire prévaloir sa position. Première force politique de la RDC, en termes des sièges aussi bien à l’Assemblée nationale qu’aux Assemblées provinciales, l’AFDC-A a donc apporté de la voix au débat qui précède la nomination du prochain Premier ministre.

Dans une correspondance datée du 28 janvier 2019 adressée au coordonnateur du FCC, Modeste Bahati fait part de la « nécessité de cohésion sur fond de justice, équité et solidarité » dans la procédure devant mener à la composition du prochain gouvernement.

Il soumet, à cet effet, à l’autorité morale du FCC, qui n’est autre que le chef de l’Etat sortant, Joseph Kabila, et aux chefs de regroupements membres du FCC, une série de propositions se rapportant à la gestion d’ambitions au sein du gouvernement et de différents exécutifs provinciaux.

D’emblée, l’autorité morale de l’ADFC-A rappelle, se basant sans doute sur l’expérience du passé, les faits qui ont longtemps fragilisé l’ancienne majorité au pouvoir. « Il est vrai que le FCC connait un malaise à la suite de l’égoïsme et du non respect du principe élémentaire du poids proportionnel national de chaque regroupement, mais aussi du calcul individuel des décideurs ». Il indique à ce propos que « la cohésion ne peut se bâtir que sur une bonne répartition des responsabilités à tous les niveaux ».

Se considérant déjà comme majoritaire à la nouvelle Assemblée nationale, Modeste Bahati s’exerce à une clé de répartition entre membres du FCC dans le prochain gouvernement, suivant le poids politique de chaque regroupement membre.

Pour le futur gouvernement, tout en excluant de son schéma « les ministères de souveraineté », Modeste Bahati estime que le FCC devrait se retrouver avec « 36 ministres plus 6 vice-ministres », suivant, précise-t-il, « la règle proportionnelle : 11 députés pour un ministre ».

Avec son poids politique de 335 députés nationaux à l’Assemblée nationale, l’autorité morale de l’AFDC-A pense donc que le FCC est assuré de la majorité à la nouvelle Assemblée nationale.

Mais, dans un autre registre, la certitude du FCC est loin de convaincre. C’est, notamment dans la coalition présidentielle, CACH, qui estime que rien ne peut être acté en termes de majorité à l’Assemblée nationale tant que l’informateur nommé par le chef de l’Etat ne lui aura pas fait rapport.

Des sources indiquent qu’au CACH, les assurances du FCC commencent déjà à déranger. Et dans l’entourage du chef de l’Etat, on ne s’en cache plus.

Nomination d’un informateur : un impératif constitutionnel

Dans tous les cas, à la présidence de la République, on promet de se conformer scrupuleusement à la Constitution qui prévaut la nomination d’un informateur pour identifier la majorité à l’Assemblée nationale. « C’est un impératif constitutionnel que sur lequel le chef de l’Etat ne peut pas transiger », commente-t-on dans l’entourage du chef de l’Etat.

Au FCC, on préfère plutôt emprunter le raccourci en constatant juste le raz-de-marée électoral de ses regroupements aux dernières législatives nationales.
On est donc parti pour de longues semaines de tractations politiques. A première vue, la recomposition de la majorité à l’Assemblée nationale parait d’ores et déjà inévitable. Scenario redouté par le FCC.

Pendant ce temps, dans différents états-majors politiques, des lignes commencent déjà à bouger. Au sein de Lamuka, la coalition qui a soutenu la candidature de Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle, certains regroupements se disent prêts à s’associer à la nouvelle coalition gouvernementale autour du président Félix Tshisekedi. En lui apportant son soutien, l’Alternance pour la République que coordonne Delly Sessanga s’inscrit déjà dans ce schéma. D’autres regroupements de Lamuka devraient lui emboiter le pas.

Autant dire que le décor se plante pour une redéfinition de la majorité à l’Assemblée nationale. Entre FCC et CACH, d’autres forces politiques sont annoncées pour accompagner le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. C’est d’ailleurs le souci qu’avait émis Joseph Kabila, autorité morale du FCC, dans son discours d’adieu, prononcé la veille de prestation de serment du président élu. Ce dernier avait lancé un vibrant appel dans le sens de formation d’une « coalition des forces progressistes ».

Autrement dit, une nouvelle majorité pour accompagner le nouveau président de la République. Tendrait-on déjà vers cette hypothèse ?

En tout cas, tous les ingrédients politiques corroborent cette thèse. Quoi qu’opposé à cette hypothèse, on voit mal comment le FCC pourrait contraindre le président de la République à ne pas emprunter cette voie.

Dans son discours d’investiture, Félix Tshisekedi a lancé le même appel. Un discours rassembleur qui n’est pas passé inaperçu. Prélude à la recomposition de la majorité à la Chambre basse du Parlement.
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