La Commission électorale (CENI) a annoncé qu’elle reportait l’annonce des résultats de la présidentielle, prévue ce dimanche. La CENI semble hésiter entre livrer la « vérité des urnes », comme lui demande l’Eglise catholique, ou faire passer en force le candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary. En attendant, les Congolais devront patienter .

La CENI osera-t-elle annoncer le vrai vainqueur de la présidentielle du 30 décembre en République démocratique du Congo (RDC) ? C’est peu probable. Et pour l’instant, la Commission électorale joue sont meilleur atout : gagner du temps, en renonçant d’annoncer les résultats provisoires du scrutin ce dimanche. «  On est encore autour de 53 %  » de bulletins de vote compilés, a tenté de se justifier le président de la CENI, Corneille Nangaa. Aucune nouvelle date n’a été fixée pour l’annonce des résultats… c’est dire si l’attente risque d’être longue.

L’embarrasdelaCENI

Mais derrière ce nouveau « glissement » du calendrier de la CENI, après trois reports du scrutin depuis 2016, se cache l’embarras de la Commission pour annoncer des résultats qui risquent de ne pas convenir au pouvoir en place, qui a tout misé sur le « dauphin » de Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary. Car depuis le scrutin chaotique du 30 décembre, c’est la Conférence épiscopale congolaise (CENCO) qui mène la danse et met la CENI sous pression. Avec ses 40.000 observateurs électoraux, la CENCO constitue l’institution indépendante la mieux organisée pour surveiller le scrutin.
La CENCO a été la première à dégainer, en indiquant avoir assez d’éléments pour affirmer détenir le nom du nouveau président congolais – voir notre article. Sans donner d’indications précises sur l’identité du successeur de Joseph Kabila, tout le monde comprend qu’il s’agit d’un candidat de l’opposition qui est arrivé en tête du scrutin : Martin Fayulu ou Félix Tshisekedi. Les évêques ont d’ailleurs prévenu les diplomates présents à Kinshasa, mais aussi président Kabila, du nom de l’heureux élu.

Négociationsenvue

Mais si un opposant à remporté les élections, les observateurs avertis de la politique congolaise imaginent très difficilement la Commission électorale proclamer la victoire d’un candidat d’opposition. Et les mouvements de la société civile craignent surtout que ce report des résultats soit mis à profit par la CENI pour « trafiquer » le vote en faveur d’Emmanuel Ramazani Shadary. Certains, comme la Lucha, redoutent également des tractations en coulisse entre la majorité et des opposants. Car une des portes de sortie pour le pouvoir réside sans doute dans une négociation avec certaines figures de l’opposition pour mieux faire accepter la « victoire » de Shadary, en échange d’un poste de Premier ministre et de plusieurs maroquins.
Le très sérieux News York Times, dans son édition du 4 janvier 2019, laisse entendre que des sources diplomatiques auraient laissé fuité le nom de Martin Fayulu comme possible vainqueur de la présidentielle selon la CENCO. Il paraît pourtant peu probable que la majorité tente de négocier quoi que ce soit avec Martin Fayulu, un candidat soutenu par deux puissants opposants que Joseph Kabila ne souhaite pas voir revenir dans le jeu politique, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba.

LesCongolaisattendront

Les regards se tournent alors vers Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, le ticket de « Cap pour le changement » (CACH). Si rien n’indique que des tractions sont en cours avec le pouvoir, elles ont déjà eu lieu dans un passé pas si lointain : à Venise et Ibiza pour Tshisekedi et lors du dialogue de l’Union africaine pour Vital Kamerhe. Certains remarquent d’ailleurs que Tryphon Kin-Kiey Mulumba, l’architecte du mouvement « Kabila Désir », fait désormais partie de la coalition CACH et pourrait servir de go-between avec la kabilie.
Face à cette équation des plus délicates à résoudre pour la majorité présidentielle, les Congolais risquent d’attendre très longtemps les résultats de la présidentielle du 30 décembre… aussi longtemps que le camp Kabila ne trouve la porte de sortie pour conserver le pouvoir. Deux écoles s’affrontent autour du président congolais : les conciliateurs qui pensent qu’il faut négocier pour éviter l’embrasement, et les faucons qui prônent le passage en force et la déclaration d’Emmanuel Ramazani Shadary comme vainqueur de la présidentielle. Tant que ce dilemme ne sera pas résolu, les Congolais attendront. Ils en ont malheureusement l’habitude !
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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